La pierre de soleil des Vikings dévoile ses secrets pour naviguer en Arctique

Le spath d’Islande est une variété transparente de calcite. (iStock)
Longtemps considérée comme un mythe, la « pierre de soleil » utilisée par les Vikings pour se guider en haute mer serait non seulement réelle, mais essentielle au succès des voyages de ces navigateurs exceptionnels, montrent des simulations effectuées par des chercheurs hongrois.

Les Vikings se sont taillé une place de choix dans l’histoire européenne.

De 900 à 1200, ces peuples scandinaves étaient les rois incontestés des mers en Europe. Ils organisaient des raids un peu partout sur les côtes du continent et descendaient parfois jusqu’en Espagne pour effectuer leurs pillages. D’autres se sont même rendus aussi loin que Terre-Neuve, au Canada.

Cependant, malgré ces multiples déplacements, l’origine des talents de navigateurs des Vikings est toujours restée mystérieuse. Il faut rappeler que ces derniers s’aventuraient en mer à une époque où il n’y avait ni boussole ni outil de navigation précis.

Même s’ils longeaient souvent les côtes, ils devaient souvent s’aventurer en haute mer sans repères visuels. Bien que leurs bateaux étaient très efficaces pour l’époque, s’ils se perdaient par une journée nuageuse ou dans le brouillard, c’était la mort assurée.

Les seuls indices de leur expertise se trouvent dans les légendes populaires. On y parle entre autres d’un outil appelé « pierre de soleil » qui leur permettait de repérer l’astre du jour entre l’aube et le crépuscule.

Faire briller le soleil à travers les nuages

La meilleure indication de ce qu’est une pierre de soleil nous vient d’une découverte faite dans une épave britannique du 16e siècle. Un cristal de calcite a été repêché parmi les outils de navigation retrouvés à bord.

Ce minerai transparent est assez commun, mais il possède aussi une propriété optique particulière appelée la biréfringence. Toute la lumière qui passe au travers est divisée en deux, un peu à la manière des prismes qui décomposent la couleur.

Parmi les deux rayons, un est plus faible et l’autre est plus fort. Toutefois, au moment où l’observateur aligne le cristal directement avec la source lumineuse, les deux rayons ont exactement la même force. Cette propriété est basée sur la polarisation de la lumière, un principe très utile en optique et en photographie.

Avec un peu de pratique, il est possible de savoir où se trouve le soleil à quelques degrés près, même par temps nuageux.

Naviguer dans un univers virtuel
Illustration d’un drakkar viking. (iStock)

Bien que les propriétés optiques de cette pierre soient intéressantes, il est difficile de vérifier en personne son utilité dans le domaine de la navigation. Se servir du cristal lors d’un voyage en mer n’aurait aucune valeur statistique. Il faudrait effectuer des centaines d’essais pour en tirer des conclusions importantes.

Les chercheurs ont donc testé l’efficacité du minerai par simulation informatique, où les algorithmes mathématiques jouaient le rôle des bateaux vikings. Ils les ont fait naviguer des milliers fois entre la Norvège et le Groenland. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans la revue Royal Society.

Les simulations effectuées avaient trois grandes variables : le couvert nuageux, le type de minerai utilisé comme pierre de soleil et le nombre de fois par jour où le navigateur virtuel avait droit de vérifier sa trajectoire avec celui-ci.

Les chercheurs ont constaté qu’en utilisant la pierre de soleil toutes les trois heures, l’équipage arrivait à la terre ferme entre 92 % et 100 % du temps. Baisser l’utilisation de la pierre solaire à une fois toutes les quatre heures faisait chuter le taux de succès des expéditions entre 32 % et 59 %. En bas de cela, l’équipage se perdait en mer lors des simulations.

Bien que ces travaux ne confirment pas que ces pierres aient bel et bien été utilisées par les Vikings, ils montrent qu’une telle méthode aurait au moins été possible et utile.

En attendant de trouver un véritable dépôt de ces artefacts lors de fouilles archéologiques dans un ancien camp viking, l’étude permet, au moins, de continuer d’imaginer leur courage et leur ingéniosité légendaires.

 

Renaud Manuguerra-Gagné, Radio-Canada

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