Fin du service d’autocar dans le territoire nordique du Yukon
L’ère du service d’autocar pour se rendre au Yukon ou en repartir est terminée. Après près de 50 ans de service, le dernier autocar Greyhound a quitté mercredi soir la capitale yukonnaise vers le nord de la Colombie-Britannique.
Le transporteur justifie sa décision par une baisse importante du nombre de passagers. Depuis 2010, la moyenne a diminué de plus de 50 %, selon le vice-président de la région de l’ouest du Canada chez Greyhound, Peter Hamel.
« En 2017, notre moyenne de passagers en partance du Yukon était de trois personnes. Le nombre n’était pas différent même en tenant compte des passagers au départ de Fort Nelson, la moyenne était de 3,6 personnes. Il n’y avait aucun problème pour le trajet […] mais en termes de profits, ce nombre de passagers est moins du cinquième des coûts d’exploitation. »
Écoutez le reportage de Claudiane Samson, qui a assisté au dernier départ de Greyhound depuis Whitehorse, la capitale du Yukon :
« J’ai adoré mon travail »
Pour bien des gens, la fin du service d’autocar est un pincement au coeur, notamment pour le chauffeur Brent Church, qui fait ce périple de 1000 km entre Whitehorse et Fort Nelson. « C’est 2000 km en deux jours et demi. Le plus long trajet pour un chauffeur d’autocar. »
Depuis six ans, son travail l’a amené à rencontrer de nombreux visiteurs, petit nombre de passagers oblige. « J’ai toujours contact avec certains d’entre eux, notamment un de l’Angleterre que je peux aller visiter n’importe quand! »
Après toutes ces années passées sur la route de l’Alaska, Brent Church a accepté un emploi comme chauffeur d’autobus pour la Ville de Whitehorse, emploi qu’il commence dès son retour de ce dernier voyage.
Brent Church s’inquiète toutefois des répercussions qu’aura la fin du service pour certains résidents des villages desservis jusqu’ici uniquement par autocar. « Que feront-ils? Les auberges qui ont besoin de travailleurs l’été? Les gens de Watson Lake qui doivent se rendre à des rendez-vous médicaux, que feront-ils? »
Inquiétudes pour les passagers
Certains des sept derniers passagers ont profité du dernier voyage pour le plaisir et la commémoration de la fin du service, mais pour d’autres, comme Peter Schneeberger, il lui faudra désormais trouver une autre solution, comme l’avion, beaucoup plus dispendieux.
« [L’autocar] est une façon économique d’aller visiter mon père qui habite seul à Watson Lake. C’est triste. C’est un moyen de transport que ma mère appréciait beaucoup quand elle était de ce monde. »
Le directeur du village de Watson Lake, Cam Lockwood, considère la situation préoccupante. « Ç’aura un grand impact sur les membres de la communauté qui pour des rendez-vous médicaux ou d’autres rendez-vous n’ont pas d’autres moyens de se rendre à Whitehorse ou ailleurs au sud. »
Le transport de marchandises sera toutefois toujours possible à travers une entente avec d’autres entreprises de transport.