Traverser le passage du Nord-Ouest grâce à l’énergie solaire, le défi solo d’une navigatrice

La navigatrice française Anne Quéméré a pris la route, destination Hay River (Territoires du Nord-Ouest), avant de rejoindre Tuktoyaktuk (au bord de la mer de Beaufort) et de commencer son défi de parcourir 3500 kilomètres dans l’Arctique en bateau à propulsion solaire (de Tuktoyaktuk aux T.N.-O. à Pond Inlet, au Nunavut). (Nelly Albérola/Radio-Canada)
La navigatrice française Anne Quéméré se lance, fin juin, dans sa nouvelle aventure : franchir le passage mythique du Nord-Ouest à bord d’un bateau à propulsion solaire. Elle devra réaliser un périple de 3500 kilomètres au milieu des glaciers, et ce, avant la nuit polaire de septembre. Une première mondiale.

Anne Quéméré est impatiente d’être seule dans le Grand Nord, d’être de nouveau sur les eaux, mais elle a surtout hâte de retrouver Icade, son solar boat.

Arrivé mardi à Calgary en provenance de la Bretagne, le binôme navigatrice-bateau a été séparé à la douane. Anne n’a, en ce mercredi matin, qu’une seule idée en tête : vérifier l’état de son compagnon de voyage après le trajet en avion. « C’est la première fois que je le fais voler », remarque-t-elle.

Comment passer le temps?

L’aventurière va passer deux mois, peut-être trois, selon les conditions météorologiques, sur ce studio flottant de 6 mètres de long sur 2 mètres de large. L’embarcation a un intérieur sommaire : une couchette et un emplacement pour cuisiner, parfait pour la navigatrice. « Je ne prends que l’essentiel, nécessaire à ce voyage », dit-elle. À savoir, de la nourriture, de l’eau, des vêtements adaptés à l’environnement, des cartes maritimes, ses appareils photo et électroniques… et sa liseuse.

« Je ne peux pas me passer de la lecture! »

Anne Quéméré, navigatrice française

« Avant, je prenais facilement une dizaine d’ouvrages qui me pesaient et prenaient de la place, mais aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, je peux en stocker jusqu’à 400 de manière électronique », ajoute-t-elle.

Des panneaux solaires innovants

Sa nouvelle demeure estivale est à la pointe de la technologie. Conçue par le Centre suisse d’électronique et de microtechnique (CSEM), elle répond aux exigences de la navigatrice.

« Je voulais des panneaux solaires résistants à l’eau saline, suffisamment costauds pour que je puisse marcher dessus, mais légers pour ne pas trop alourdir le bateau. »

« Les ingénieurs m’ont appelée un jour pour me dire : non seulement on a fait au mieux, mais en plus, on a fait un truc incroyable! »

Anne Quéméré, navigatrice française

Des prototypes de panneaux solaires ont été répartis sur toute la surface du bateau. Si, devant, ils sont intégrés à la structure, derrière, ils sont inclinables selon les rayons du soleil d’été en Arctique.

« Ils sont séparables de façon à ce que si l’un d’eux ne fonctionne plus, les autres continuent de fournir de l’électricité. »

L’énergie ainsi récoltée est alors stockée dans quatre batteries de 24 kg chacune, permettant jusqu’à 48 heures d’autonomie. Le tout alimente ainsi un moteur électrique dernière génération.

Longs préparatifs

La Bretonne aura mis trois ans pour préparer cette expédition, de sa décision de tenter l’aventure à la solarisation de son bateau, en passant par une étape parmi les plus importantes : la recherche de commanditaires.

C’est finalement un promoteur immobilier français, Icade, qui viendra vers elle pour lui proposer de financer son projet. D’où le même nom donné à son embarcation en signe de remerciement.

L’un de ses amis suisses, Alain Blanc, est venu à Calgary pour l’aider dans ses dernières préparations. « C’est son rêve, elle l’a poussé au bout. Elle a raison, elle a tout compris. »

« Ça donne des envies! »

Alain Blanc, ami de la navigatrice

Après 10 heures d’attente dans le stationnement d’un des services de cargo à l’aéroport de Calgary, Anne part enfin pour le Nord.

Par la route, elle transporte son embarcation jusqu’à Hay River, sur les rives de la mer de Beaufort, dans les Territoires du Nord-Ouest, où une barge l’attend pour la mener jusqu’au port de Tuktoyaktuk, son point de départ. Là-bas, elle attendra l’ouverture de la voie maritime pour pouvoir se lancer, espérant rejoindre Pond Inlet, et pourquoi pas, le Groenland.

Une vie de navigatrice

Anne n’en est pas à sa première aventure en mer en solo. En 2002, la navigatrice a traversé une première fois l’Atlantique. Un voyage qu’elle a fait sans assistance, à la rame, et en seulement 56 jours.

Deux ans plus tard, elle a réalisé un nouveau record du monde en parcourant 6450 kilomètres de l’Atlantique Nord en aviron, toujours sans assistance, et ce, en 87 jours.

Elle utilise ensuite la force du vent pour relever de nouveaux défis, en traversant l’Atlantique en seulement 55 jours, grâce à un petit bateau aérotracté (tracté par une aile de kite). C’est alors une première mondiale.

Après le vent, l’aventurière se tourne aujourd’hui vers le soleil.

Des défis personnels, toujours dans une démarche environnementale et profondément humaine. « J’ai eu l’occasion de rencontrer les gens du Nord dans une précédente expédition, et j’ai été fascinée, dit-elle. Ils sont tellement généreux et incroyables. J’ai hâte de les retrouver. »

Anne Quéméré prévoit de commencer son expédition après le solstice d’été, le 21 juin.

Nelly Albérola, Radio-Canada

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