Ottawa investit 117 millions pour relancer le chemin de fer vers la communauté nordique de Churchill
Le gouvernement canadien versera 117 millions de dollars à l’entreprise Arctic Gateway Group pour la relance du chemin de fer Hudson Bay Railway Company, de la société portuaire Hudson Bay Port Company et du parc de stockage Churchill Marine Tank Farm.
Selon le gouvernement, l’Arctic Gateway Group a présenté un plan d’affaires viable visant à élargir la portée du Canada vers les marchés internationaux.
« La ligne ferroviaire de la baie d’Hudson n’est pas seulement une connexion terrestre essentielle pour la ville de Churchill et les collectivités environnantes, elle représente un important moyen de transport et un pivot commercial pour la prospérité économique dans la région », soutient le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains.
Selon lui, cet investissement permettra la création d’emplois et la croissance dans l’Ouest canadien.
Le ministre de la Diversification du commerce international, Jim Carr, parle d’un réseau de transport qui soutient la moitié de la province du Manitoba.
« Avec cette annonce, nous apportons les certitudes nécessaires pour faire croître économiquement cette région », affirme-t-il en parlant de l’importance du port pour l’économie et la population du Manitoba.
Paul Rivet, le président de Fairfax Financial Holding, une des entreprises partenaires d’Arctic Gateway, dit que le port de Churchill représente un avantage stratégique pour le marché canadien.
Murad Al-Katib, président-directeur général de l’entreprise AGT Food, de Regina, une autre entreprise partenaire dans Arctic Gateway, souligne quant à lui l’aspect humain de cette transaction économique.
« Quand nous étions en visite, la semaine dernière, une femme de Churchill est venue me dire merci parce que, grâce au chemin de fer, elle pourra revoir ses petits-enfants, raconte-t-il, pris par l’émotion. C’est quelque chose que je n’oublierai jamais. »
« Il s’agit d’ouvrir de nouveaux marchés pour nous, ajoute-t-il. Il s’agit d’un élément important de notre stratégie de croissance, mais il faut commencer par la première étape, c’est-à-dire réparer le chemin de fer. »
« Les équipes travaillent sept jours sur sept, du lever jusqu’au coucher du soleil, pour rétablir le service avant le gel hivernal », soutient Jim Carr.
Le prix de la vente inconnu
La part du gouvernement dans cette transaction se chiffre à 117 millions de dollars. Cependant, le montant qu’Arctic Gateway a payé à OmniTrax n’est pas connu.
D’abord, 74 millions seront destinés à l’acquisition et la réparation de la voie ferrée de la baie d’Hudson et des biens du terminal portuaire et 43 millions pour l’opération et l’amélioration de la viabilité commerciale de la voie de la baie d’Hudson, des biens du terminal portuaire et du parc de stockage.
Murad Al-Katib refuse de dire à combien se chiffre la part d’Arctic Group Gateway dans ce partenariat entre le public et le privé.
Il explique que cet argent permettra de créer de la stabilité et d’avoir un fonds de roulement pour commencer les opérations. « C’est la diversification et le trafic sur la ligne ferroviaire qui permettra d’apporter l’argent nécessaire pour réinvestir », affirme-t-il.
« AGT ne sera pas le seul expéditeur de grains. Nous voulons qu’il y ait plusieurs entreprises qui utilisent notre chemin de fer », ajoute-t-il. Les cargaisons en vrac solide seront les premiers produits expédiés, et du gaz naturel ou du pétrole pourrait aussi être acheminé par le rail.
Un aspect de réconciliation
Le ministre Jim Carr a rappelé que ce partenariat représente un modèle dans le chemin vers la réconciliation avec les peuples autochtones. « Leur succès bénéficiera à tous les Canadiens », a ajouté le ministre.
Selon le grand chef de l’Assemblée des chefs du Manitoba, Arlen Dumas, les jours où les Autochtones recevaient des objets de pacotille en échange de leurs biens sont chose du passé.
« J’ai hâte de voir les résultats à long terme de cette entente », dit-il.
Selon Paul Rivet, sans le travail des peuples autochtones qui n’ont jamais abandonné, cette entente n’aurait jamais vu le jour.