La réalité des Autochtones toujours incomprise au Canada, d’après un sondage

Que ce soit en Colombie-Britannique ou ailleurs au Canada, peu comprennent la réalité des Premières Nations, des Inuit et des Métis, selon un sondage qui analyse les relations entre Autochtones, mais aussi avec les autres Canadiens.
Ils ont été 5732, dont 645 Autochtones, des quatre coins du pays à participer au sondage réalisé par l’Institut Environics en partenariat avec cinq autres groupes de recherche. Les auteurs ont sondé, en ligne et par téléphone, les répondants sur l’identité canadienne, autochtone y compris.
Informer sur la réconciliation
Mais quand on évoque cette identité, les questions portent naturellement aussi sur la réconciliation. « Est-ce qu’on s’implique là-dedans? Est-ce qu’on soutient les politiques qui pourraient faire avancer la réconciliation? Connaît-on le contexte historique? » Autant d’interrogations soulevées dans cette étude pancanadienne intitulée Vers la réconciliation : Perspectives autochtones et non-autochtones.
D’ailleurs, l’objectif premier de l’étude, croit le directeur général de l’institut Environics, Andrew Parkin, est sans doute de « mesurer les progrès qu’on a faits vers la réconciliation, ce qui reste à accomplir et ce qu’on comprend mieux ou moins ».
Fait important, la plupart des Canadiens reconnaissent aujourd’hui qu’ils ont tous, comme individu, un rôle à jouer pour que le processus de réconciliation avance. Cette responsabilité n’incombe donc plus uniquement aux hommes et femmes politiques de ce pays.
Par ailleurs, cette question ne crée pas « un clivage » entre les sondés autochtones et non autochtones, se réjouit Andrew Parkin. Si on n’est pas d’accord avec une telle politique, relève-t-il, c’est parce qu’une partie de la population s’estime incertaine et préfère ne pas prendre position et être mieux informée.
Les Autochtones lésés?
Les Canadiens sont par contre partagés quant à la définition des peuples autochtones. Certains les définissent comme « un groupe avec des droits distincts et des lois uniques alors que 48 % les voient comme un groupe parmi tant d’autres dans notre société multiculturelle ».
Si la plupart des Canadiens veulent faire partie de la solution pour une réconciliation, affirme le coauteur de l’étude, cela ne veut pas pour autant dire qu’ils en acceptent toute la responsabilité. À la question de l’inégalité qui existe entre eux et les Autochtones, ils n’ont pas une réponse tranchée et remettent cette responsabilité sur le dos de tout le monde. « Une réponse facile », estime Andrew Parkin.
Mais, une affirmation qui peut paraître « plus choquante », selon lui, est que pour un tiers des répondants, les Autochtones ne peuvent s’en vouloir qu’à eux-mêmes s’ils ne sont pas considérés comme égaux au reste des Canadiens.
Bien que tout ne soit pas positif, il « préfère voir le verre à moitié rempli qu’à moitié vide ».
Il souligne également « qu’une très grande majorité des Canadiens comprennent qu’il y a un grand écart dans le standard de vie des communautés autochtones par rapport aux autres Canadiens et soutiennent des politiques qui pourraient réduire cet écart ». Cela passe notamment par investir dans l’éducation, dans le logement et dans l’accès à l’eau potable, encore problématique dans plusieurs communautés des Premières Nations, déplore M. Parkin.

Une identité canadienne?
Le rapport met en évidence les différences et les similitudes identitaires des peuples autochtones et non autochtones. Trois autochtones sur quatre se sentent aussi bien Canadiens.
Andrew Parkin explique que, d’un côté, « la forte identité des Autochtones les rend différents parce que ces peuples trouvent que leur communauté ou leur nation autochtone est un aspect très important de leur identité personnelle ». Mais, de l’autre côté, ajoute-t-il, cette appartenance, multiple, est similaire à celle des non-Autochtones, car ces derniers possèdent plusieurs identités, en raison de leur langue et de leur ethnicité par exemple.
Les ressources naturelles, sujet polarisant
Pour le directeur général de l’Institut Environics, les conflits apparaissent souvent lorsque la question du développement des ressources naturelles est abordée. C’est d’ailleurs ce sujet qui polarise davantage les Canadiens.
Il observe que la santé économique d’une province ou d’un territoire facilite les relations avec les Autochtones, par exemple au Québec. Il note que ces rapports sont plus « tendus » en Alberta et en Saskatchewan où il y a crise économique. De plus, le Québec est plus enclin au partage des ressources et des terres, car la province a signé des ententes avec les peuples autochtones, en particulier avec les Cris.
Les conclusions de cette étude se veulent encourageantes. Andrew Parkin affirme que des progrès ont été faits par rapport il y a une vingtaine d’années. Toutefois, plusieurs faits marquants, dont la question des droits des peuples autochtones, donnent une indication de là où il faut redoubler d’efforts pour une meilleure compréhension de leur réalité.