Réunion d’urgence en cours dans la région inuite du Nord québécois pour parler de suicide

La capitale administrative du Nunavik, Kuujjuaq, est l’hôte depuis lundi d’une réunion d’urgence pour réfléchir aux solutions qui permettront de stopper la vague de suicides touchant particulièrement les jeunes.
Deux autres personnes se sont enlevé la vie à Kuujjuaq la semaine dernière, ce qui porte le nombre de morts par suicide à 15 depuis le début de l’année à l’échelle du Nunavik. En 2017, 22 décès ont été signalés par le bureau du coroner du Québec.
Dans la seule communauté de Puvirnituq, dans la baie d’Hudson, 11 personnes se sont enlevé la vie depuis 10 mois, la plus jeune n’avait que 12 ans.
« Nous en perdons tellement chaque semaine [par suicide] que nous avons normalisé cette réalité », se désole Robert Watt, le chef du Conseil des commissaires de Kativik.
Avant d’être complètement « engourdi » par cette triste réalité, Robert Watt a convoqué cette réunion d’urgence en partenariat avec la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik. Des représentants du gouvernement du Québec ont aussi confirmé leur présence.
À l’ordre du jour, une approche différente des réunions précédentes portant sur la prévention du suicide. Un discours de motivation doit être prononcé, des discussions portant sur le sens de la vie et sur la manière de susciter un changement positif auront lieu.
« Nous voulons que les gens commencent à voir la vie d’une manière différente, à regarder les aspects positifs de la vie », dit Robert Watt.
Des ateliers sont également prévus pour identifier, d’une part, les services et les ressources déjà disponibles dans les 14 communautés du Nunavik et, d’autre part, présenter une nouvelle stratégie de prévention du suicide axée sur l’engagement et la coopération de toutes les organisations régionales.

Une réalité qui concerne tout le monde
Au bureau du Conseil jeunesse Qarjuit, la présidente Ellasie Annanack rappelle que tout le monde est touché par ces tragédies, que ce soit les deux nouveaux suicides à Kuujjuaq ou tous les autres ailleurs sur le vaste territoire. « Cela désole vraiment tout le monde dans la communauté et la région elle-même. C’est vraiment triste », dit-elle en spécifiant que les jeunes représentent 65 % de la population du Nunavik.
Son organisme participe à la réunion d’urgence en tant que groupe cible et principal intervenant.
« Les jeunes n’ont pas l’habitude de participer à ce genre de conversation portant sur le suicide », précise Mme Annanack tout en tenant à souligner le travail de certains d’entre eux « qui essaient de trouver une solution à ce problème ».
Dès que la réunion d’urgence a été convoquée, Robert Watt dit avoir reçu plusieurs offres d’aide, dont une provenant de Services aux Autochtones Canada (SAC).
« Ils sont là, prêts à aider, et pourtant des personnes se suicident encore. Nous devons faire savoir aux gens de notre région que de l’aide leur est offerte », a précisé le chef du Conseil des commissaires de Kativik, Robert Watt, ajoutant que le défi consiste à trouver une solution qui fonctionnera pour la communauté inuite.
D’après un texte d’Elias Abboud de CBC