Un partenariat entre une université canadienne et une école de langue inuit du Nunavut
Un partenariat conclu entre une université canadienne et le Centre Pirurvik, dans le territoire nordique du Nunavut, permettra à des Inuit d’Iqaluit d’obtenir des formations universitaires en langue inuit.
« Ce genre d’entente est vraiment un grand pas pour nous », affirme la présidente du Centre Pirurvik, Leena Evic. Créé en 2003, l’établissement offre des formations culturelles et linguistiques à des Inuit du Nunavut.
À partir du mois de janvier, l’établissement offrira trois formations à temps plein à des Inuit qui souhaitent renforcer leur niveau d’inuktitut ou l’enseigner.
Cette initiative fait suite à une entente conclue au mois de novembre avec l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, et permettra aux étudiants de décrocher un certificat en langues autochtones une fois leur formation achevée.
L’inuktitut – un dialecte de la langue inuit – compte environ 39 770 locuteurs au Canada, dont 65 % habitent dans le territoire du Nunavut, selon le Recensement de 2016.
Plusieurs linguistes et experts inuit s’inquiètent de la survie de la langue inuit, qui perd graduellement du terrain au profit de l’anglais. En 2016, elle était la langue maternelle de 65 % des Inuit du Nunavut, alors qu’elle était près de 72 % en 2001, selon Statistique Canada.
« Bon nombre des aînés qui maîtrisaient parfaitement la langue […] ne sont plus parmi nous aujourd’hui, souligne Leena Evic. Et de plus en plus d’enfants grandissent en ne parlant que l’anglais à la maison. »
« On ressent de plus en plus l’urgence d’agir », complète à son tour le directeur du Centre Pirurvik, Gavin Nesbitt.
Des formations conçues pour les Inuit
Les nouveaux programmes à temps plein s’adresseront autant à des Inuit souhaitant améliorer leur niveau d’inuktitut pour l’utiliser dans le cadre de leur profession qu’à ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de parler le dialecte fluidement.
« Certains Inuit ont honte de ne pas parler l’inuktitut, affirme Gavin Nesbitt. Mais même si plusieurs ne parlent pas l’inuktitut, ils ont été exposés à la culture [inuit] toute leur vie. »
Deux des trois programmes sont déjà offerts à temps partiel, mais l’établissement souhaite désormais les offrir sur une base régulière, de sorte à les condenser sur une période de quatre à six mois. « C’était vraiment la suite logique pour nous », soutient-il.
« Nous allons ajouter des évaluations plus rigoureuses et des nouveaux cours d’écriture […] pour vraiment pousser et développer les compétences des étudiants », explique Gavin Nesbitt.
Il ajoute que tous les cours offerts au Centre Pirurvik continueront d’incorporer des notions liées à la culture inuit. « Je pense qu’il est impossible de séparer la culture de la langue inuit », affirme-t-il.
Une troisième formation sera aussi offerte à des Inuit qui souhaitent enseigner l’inuktitut au Nunavut. Le programme sera crédité par l’Université de Victoria sous la forme d’un Baccalauréat en éducation spécialisé en revitalisation des langues autochtones.
La présidente du centre s’attend déjà à ce que leurs formations connaissent une popularité fulgurante. « Après avoir affiché nos programmes, la semaine dernière, nous avons reçu un nombre impressionnant de candidatures de personnes vivant au Nunavut, mais aussi dans d’autres régions inuit du Canada », lance Leena Evic.
Les cours seront donnés à Iqaluit, mais Leena Evic n’écarte pas la possibilité de les offrir par visioconférence, pour les participants qui résident ailleurs au pays.
Pour mettre en branle ses trois programmes à temps plein, le Centre Pirurvik a reçu un financement de 5,4 millions de dollars sur trois ans de la Makigiaqta Inuit Training Corporation, une société nunavutoise qui finance des projets visant l’amélioration des compétences professionnelles et la formation des Inuit.