Une entrepreneure autochtone et le café de ses rêves à Yellowknife
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***Cet article a été produit dans le cadre de la série Rêver, oser, construire d’Espaces Autochtones, qui présente des leaders autochtones de 30 ans et moins de partout au Canada.
En plein hiver, dans le froid de Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord-Ouest, une odeur bien chaude de café émane de Birchwood Coffee Kǫ̀, au centre-ville. Ce café c’est le rêve de sa propriétaire, la jeune Tlicho de 26 ans Jawah Bercier.
Aux heures de pointe, il faut souvent faire la file pour commander son cappuccino ou ses deux oeufs sur pain bannique au Birchwood Coffee Kǫ̀.
Dans la file : plusieurs clients réguliers, des Yellowknifois en pause café et quelques touristes emmitouflés de la tête aux pieds. Tous ici rassemblés par leur amour pour le café.
À la caisse : Jawah Bercier, une jeune femme au sourire franc. Elle aussi y est pour son amour du café.
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Prénom : Jawah
Âge : 26 ans
Profession : propriétaire d’un café
Nation : Tlicho
Lieu de résidence : Yellowknife
Le plus grand rêve : Il y a trois ans elle rêvait d’avoir son café, aujourd’hui elle rêve de l’améliorer.
Le principal enjeu pour l’avenir des autochtones : « Revendiquer notre propre histoire et notre propre identité. »
Née d’une mère Tlicho de Behchoko, aux Territoires du Nord-Ouest, et d’un père de l’Ontario, Jawah Bercier se dit le mélange des deux cultures, même si elle s’identifie surtout comme une fière Tlicho.
« Étant née à Yellowknife, j’ai grandi avec ce fort lien à nos traditions et à la terre », explique la jeune femme avec passion. « Ma famille et mon grand-père, Joe Mackenzie, étaient très impliqués dans la communauté. »
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Jawah Bercier a ouvert le Birchwood Coffee Kǫ̀ avec l’aide de son père et copropriétaire, Patrick Scott, en 2016, à l’âge de 23 ans.
Une opportunité s’est pointée et ils n’ont pas pu refuser, explique celle qui travaille dans différents cafés de Yellowknife et de Vancouver (côte ouest canadienne) depuis l’âge de 14 ans.
Kǫ̀ = maison
Jawah s’est assurée que sa culture soit bien présente dans son établissement. Le nom même du café représente tout ce qu’elle veut qu’il soit.
Le « Kǫ̀ » dans Birchwood Coffee Kǫ̀ n’est pas une façon originale d’écrire Co (pour compagnie), c’est plutôt le mot Tlicho qui signifie « maison ». C’est cet aspect familier d’une maison qu’elle voulait donner à son commerce.
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« Avec le café, nous voulions avoir une atmosphère chaleureuse afin de rencontrer nos clients et de comprendre qui ils sont et ce qu’ils veulent, dit-elle. Ça fait une grande différence d’avoir cette relation personnelle avec nos clients. »
« Nous voulions aussi mettre au menu de petites choses du Nord comme notre pain bannique, notre « bush pudding » et notre poisson, et espérer que les gens les aiment » rajoute-t-elle.
La stratégie semble porter ses fruits puisque les affaires ne font que s’améliorer, remarque-t-elle en discutant de sa clientèle régulière qui ne fait que grandir.
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Même si les grains de café qu’elle sert proviennent de Vancouver et n’ont rien de déné (Autochtone), le café fait partie intégrante de sa culture croit-elle.
« Dans nos cérémonies pour nourrir le feu, tu dois avoir au moins quatre choses : du tabac, du thé, du sucre et du café », explique Jawah Bercier. « J’aime penser que mon café emporte l’idée au niveau supérieur. »
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Avec 7 frères et soeur aînés, Jawah Bercier n’a pas à aller bien loin pour s’inspirer d’un modèle. L’une de ses soeurs fait des conférences auprès de différents groupes autochtones dans le monde, une autre a mis en place une campagne de revitalisation de la langue tlicho et les autres contribuent tous différemment à l’épanouissement de la culture.
« Moi avec mon café… c’est très petit comparativement à ce qu’ils font, estime la propriétaire. Mais c’est ce que je fais bien tout en continuant à tisser des liens avec la communauté, à ma propre façon. »
Malgré tous ses modèles, elle dit réaliser qu’il peut être difficile pour de jeunes Autochtones comme elle de s’approprier sa culture et son histoire dans un monde de plus en plus multiculturel.