Une ville russe déclare l’état d’urgence après une invasion d’ours polaires
La ville de Belushya Guba, dans l’est de l’Arctique russe, tente de mettre en place un plan d’urgence après l’invasion de dizaines d’ours polaires sur son territoire.
Dans une communauté militaire de l’extrême-nord de la Russie, qui compte près de 2500 habitants, les gens sont avisés de demeurer à l’intérieur de leur maison. Gigansha Mosin, un fonctionnaire du gouvernement local, a déclaré à la télévision publique russe que la communauté avait déclaré l’état d’urgence.
« Nous érigeons des barrières supplémentaires près de la garderie à la demande des parents. Nous avons organisé des bus pour les enfants », indique-t-il.
La raison? Les autorités affirment avoir dénombré 52 ours sur le territoire. Il s’agit d’animaux adultes, accompagnés de nombreux oursons.
Bien que les ours polaires soient souvent observés dans l’Extrême-Arctique russe, leur audace a pris beaucoup de gens par surprise.
Une vidéo prise près du dépotoir de la ville montre jusqu’à 30 ours qui grognent et se gavent de nourriture. Les caméras de sécurité ont également capté des images silencieuses d’ours adultes entrant dans les bâtiments et regardant par les fenêtres des maisons.
« Ils se promènent dans tout le village, a déclaré M. Mosin. Nous tentons de les faire fuir en utilisant des tracteurs. »
De plus en plus d’interactions
Dans une déclaration, la branche russe du Fonds mondial pour la nature (WWF) a attribué cette visite surprise au réchauffement climatique, qui a entraîné une fonte de la banquise, ce qui a forcé les ours à chercher de la nourriture ailleurs.
« La venue massive d’ours est un cas unique pour la Nouvelle-Zemble [l’archipel russe] », note l’organisation non gouvernementale.
« Cela ne fait que confirmer la tendance : les humains et les prédateurs de l’Arctique se rencontrent de plus en plus », ajoute-t-elle.
L’accès à Belushya Guba, qui se trouve à environ 1800 kilomètres au nord de Moscou, est contrôlé par l’armée russe.
Les premières observations de cet hiver ont eu lieu dès le mois d’octobre, mais la WWF s’inquiète des interactions entre les ours et les humains dans la région depuis plusieurs années.
En 2016, l’organisation a mis au point un plan pour tenter de réduire les interactions problématiques, comprenant des règles de base telles que ne pas avoir de déchets ouverts et ne pas nourrir les animaux, mais l’organisation note que les règles n’ont jamais été appliquées par les militaires.
En entrevue à CBC News, Mikhaïl Stishov, gestionnaire de projet pour la biodiversité de l’Arctique au WWF, estime que la situation dans l’archipel a été aggravée par un manque de sensibilisation dans la communauté.
« [Les gens] ont laissé des poubelles ouvertes, [soit] quelque chose de très attrayant pour les ours polaires », souligne-t-il.
Les autorités comptent nettoyer et se débarrasser de ce qui a pu attirer les ours dans le dépotoir, mais l’on craint que les ours tardent à partir.
Et il sera difficile de déplacer de force un si grand nombre d’animaux. « Ça ne marche pas [de les déplacer] de 20 ou 30 kilomètres, estime M. Stishov. Ils reviennent. »
Le gouvernement russe a dépêché une équipe d’experts en ours polaires, dont des membres du Fonds mondial pour la nature et du parc national arctique russe, qui viendront évaluer la situation mardi.
Le Fonds mondial pour la nature estime que la population totale d’ours polaires de la planète se situe entre 22 000 et 31 000, dont environ les deux tiers se trouvent au Canada.
D’après les informations de Chris Brown
Avec les informations de CBC