Statu quo sur le statut des ours polaires dans l’Arctique canadien
Bien que plusieurs chercheurs notent un déclin de la population d’ours polaires dans l’Arctique canadien, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada recommande que ces mammifères conservent leur statut d’« espèces préoccupantes », qu’il leur a attribué en 2008.
Le comité indépendant chargé de conseiller le gouvernement fédéral sur les espèces en péril au pays s’est réuni du 25 au 30 novembre, à Ottawa, pour examiner et mettre à jour le statut de certains animaux. Parmi les espèces ciblées lors de cette rencontre bisannuelle figuraient le saumon chinook et le frêne noir, auquel le comité recommande d’accorder une attention particulière.
En 2011, le gouvernement fédéral avait d’ailleurs désigné officiellement l’ours blanc comme une « espèce préoccupante » au titre de la Loi sur les espèces en péril, qui assure la conservation et la protection des espèces sauvages au Canada.
Le statu quo pour les ours polaires
Graham Forbes est le coprésident du sous-comité qui a examiné la situation des ours blancs dans l’Arctique canadien durant les deux dernières années.
« Il va y avoir beaucoup moins, voire plus du tout, de glace des mers dans l’Arctique durant l’été, prévoit-il. Dans certaines régions, la glace pourrait ne durer qu’un an à la fois. » Cette prévision risque entre autres de complexifier la chasse aux phoques pour les ours polaires.
Selon l’expert en biodiversité et professeur à l’Université du Nouveau-Brunswick, située dans l’est du pays, il existe toujours de nombreuses incertitudes concernant l’impact de la fonte glaciaire sur la population d’ours polaires. « Quelle sera la proportion d’ours polaires s’ils doivent compter exclusivement sur une alimentation terrestre? », s’interroge Graham Forbes.
Le chercheur attribue ces « incertitudes » pour l’avenir à un manque de statistiques sur la question. Il ajoute qu’il s’agit de l’une des principales raisons pour lesquelles ces mammifères conservent le même statut qu’en 2008.
« Certaines [études] ont été faites, mais n’ont pas été publiées, d’autres n’ont pas été mises à jour depuis plusieurs années et d’autres encore ont été effectuées, mais les méthodes de travail ont changé depuis », indique-t-il.
Le statut d’« espèces préoccupantes », dont le niveau d’urgence est le plus bas, est employé pour désigner les espèces sauvages qui sont particulièrement sensibles aux activités humaines et aux catastrophes naturelles, mais qui ne sont pas considérées comme étant menacées ou en voie de disparition. « La préoccupation est qu’elles pourraient être menacées si la situation ne s’améliorait pas », précise le chercheur.
« Cette catégorie est utilisée lorsque nous sommes suffisamment convaincus qu’il y a un problème et qu’il faut le surveiller, mais que nous n’avons pas été en mesure de quantifier le niveau où nous estimons que [l’espèce] sera menacée ou en danger », ajoute-t-il.
La contribution du savoir autochtone
La perspective inuite a aussi orienté l’analyse du groupe d’experts et a contribué, d’une certaine manière, à ce que ces mammifères conservent le même statut.
« Le savoir traditionnel autochtone suggère que la population d’ours polaires est stable, voire en augmentation, mentionne Graham Forbes. Et nous avons pris cela en considération. »
Récemment, plusieurs communautés inuites du territoire nordique du Nunavut se sont inquiétées du nombre élevé d’attaques commises par des ours polaires, qu’ils ont attribuées à une surpopulation de ces mammifères.
La communauté scientifique a tendance à rester sur ses gardes lorsqu’il est question de prendre en compte le savoir autochtone dans ses analyses. Pourtant, le gouvernement fédéral fait valoir depuis plusieurs mois l’importance de cette approche.
Au mois de février, il a d’ailleurs déposé le projet de loi C-69 pour réviser la manière dont sont validés les projets énergétiques et permettre aux Autochtones, entre autres, d’être impliqués dans les processus d’évaluation environnementale.
La prochaine rencontre du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada doit avoir lieu à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, en avril 2019.
Le sous-comité chargé d’examiner la situation des ours blancs devra pour sa part émettre de nouvelles recommandations en 2028. D’ici là, Graham Forbes espère qu’il disposera de nouvelles informations qui pourront mieux orienter les conclusions du groupe d’experts.
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