Déclin du caribou : le gouvernement fédéral rencontre des Autochtones

Ottawa rencontre les Innus à Uashat, sur la Côte-Nord, pour discuter du déclin du caribou dans le Nord québécois et au Labrador. (JellisV/iStock)
Le gouvernement fédéral tient une consultation à Uashat au sujet de l’état des troupeaux de caribous migrateurs. La question au cœur des discussions est de savoir si l’espèce, qui connaît un important déclin de population, devrait être placée sur la liste des espèces en péril.

La rencontre, qui se tenait au musée Shaputuan de Uashat, fait partie d’une série de consultations que le gouvernement tient dans chacune des communautés innues du Québec. Avant de se rendre à Uashat, les représentants d’Environnement et Changement climatique Canada ont organisé, avec l’aide de leaders innus, des réunions dans les communautés de la Basse-Côte-Nord. Ils se rendront ensuite à Pessamit, Essipit ainsi qu’à Mashteuiatsh et à Matimekush.

L’enjeu central de ces rencontres est la possibilité que le gouvernement fédéral ajoute le caribou migrateur du Québec et du Labrador sur sa liste des espèces en péril.

Deux grands troupeaux de caribous migrateurs existent au Québec et au Labrador.

La population du troupeau de la rivière George a connu un déclin de plus de 99 % depuis son apogée en 1993. (Gouvernement du Québec/Radio-Canada)

À l’est, sur un territoire à cheval entre le Québec et le Labrador, le troupeau de la rivière George est celui qui connaît la situation la plus grave. Sa population est de seulement 5500 individus. Une baisse de plus de 99 % depuis son apogée au début des années 90.

Plus à l’ouest, le troupeau de la rivière aux Feuilles compte pour sa part un peu moins de 200 000 individus. Cette population représente cependant moins d’un tiers de ce qu’elle a déjà été, et des spécialistes croient qu’elle pourrait connaître un déclin aussi important que le troupeau de la rivière George.

Il ne faut pas confondre les caribous migrateurs avec les caribous forestiers, qui vivent plus au sud et qui sont déjà sur la liste des espèces en péril.

De nombreux leaders innus sont satisfaits de voir le gouvernement fédéral vouloir protéger cette espèce intimement reliée à leur culture.

Responsabilité provinciale

Il faut toutefois comprendre que la gestion des troupeaux de caribous est avant tout une responsabilité du gouvernement provincial.

« La juridiction de la faune appartient aux provinces », explique Réal McKenzie, ancien chef de Matimekush très impliqué dans le dossier du caribou. « Ça appartient au Québec d’arrêter les Innus de chasser si une interdiction est déclarée », ajoute-t-il.

Un message que M. McKenzie et les représentants du fédéral veulent faire comprendre aux chasseurs inquiets des mesures que pourrait décréter Ottawa. « Il y a beaucoup de frustration parce qu’il y a une confusion dans la juridiction », explique l’ancien chef.

Réal McKenzie (à droite) se veut rassurant pour les chasseurs innus. (Marc-Antoine Mageau/Radio-Canada)

L’ajout du caribou sur la liste fédérale des espèces en péril n’est toutefois pas sans conséquence.

Si ce statut est accordé aux caribous migrateurs, un plan de rétablissement devra être établi. Celui-ci détaillerait notamment les objectifs de rétablissement, les menaces aux troupeaux ainsi que l’habitat essentiel à protéger pour permettre le succès des efforts de conservation.

« Si le gouvernement fédéral décide d’ajouter le caribou migrateur sur la liste des espèces en péril, il commence alors à s’impliquer , explique Mark Mills, un spécialiste de liaison autochtone pour Environnement et Changement climatique Canada qui représentait le fédéral à la consultation.

« Évidemment, le plan de rétablissement inclut beaucoup les provinces, puisque ce sont elles qui ont les informations et la responsabilité primaire pour la gestion de l’espèce », précise-t-il.

Mark Mills, spécialiste de liaison autochtone pour Environnement et Changement climatique Canada. (Marc-Antoine Mageau/Radio-Canada)

Les Innus doivent également être consultés puisque, comme l’explique M. Mills, « c’est un peuple qui est fortement relié au caribou et dont les droits ancestraux risquent d’être affectés par l’implication du gouvernement fédéral. »

« On a un devoir légal de consulter les Innus. »

Mark Mills, spécialiste de liaison autochtone pour Environnement et Changement climatique Canada

Mark Mills explique qu’Environnement et Changement climatique Canada n’a pas encore pris sa décision et doit auparavant avoir consulté tous les groupes autochtones concernés ainsi que le gouvernement provincial.

Djavan Habel-Thurton, Radio-Canada

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