Que faire du site de ce pensionnat autochtone du nord-ouest du Canada?

Les anciens élèves du pensionnat autochtone Chooutla, à Carcross, tentent de trouver le meilleur moyen de fermer un chapitre douloureux de leur enfance.
L’édifice a accueilli ses premiers pensionnaires en 1911 et a été utilisé jusqu’en 1969. Chaque année, de 40 à 60 enfants y étaient placés de force.
Le rassemblement, lundi, au tout nouveau centre d’apprentissage de la Première Nation Carcross/Tagish a pour but de consulter les anciens pensionnaires pour voir ce qu’ils souhaiteraient qu’on fasse du site.

Johnny Johns fils garde de très mauvais souvenirs de son passage, sur près d’une décennie, au pensionnat où, dit-il, il ne mangeait pas à sa faim. « Il nous faut fermer [cette époque]. C’est la pire prison dans laquelle je me suis retrouvé au Yukon. »
L’ancien chef du conseil de la Première Nation Champagne et Aishihik, James Allen, propose d’y placer un fumoir traditionnel, comme à l’époque où on visitait les fumoirs de chacun.
D’autres suggèrent d’y placer une plaque ou un mur avec les noms traditionnels de chacun des enfants qui y sont passés. Les idées vont aussi du côté de jardins ou de serres avec des plantes traditionnelles.
Dans la salle, plusieurs sont déterminés à ne plus voir aucun vestige de l’édifice, même s’il ne s’agit que d’un morceau de la fondation. D’autres vont jusqu’à demander que le sol soit retiré et remplacé par de la terre provenant d’un autre endroit.

La rencontre a d’abord donné lieu à de nombreuses retrouvailles. Certains ne s’étaient pas revus depuis leurs années d’école. Les enfants arrivaient au pensionnat Chooutla en provenance d’autres régions du Yukon.
James Allen affirme que ce moment est lourd d’émotions pour beaucoup, mais permet également un échange sur le plan social.

« Socialement, c’est bien, c’est un bon rassemblement. J’aime pouvoir parler à tous ces gens que je n’ai pas vus depuis des années. Il y a aussi des histoires difficiles qui ressortent. »
La Première Nation a pris possession du site en 2006 et a, depuis, démoli l’édifice et retiré les déchets. « [Il y avait] 39 bennes à déchets complètes », dit Johnny Johns, qui fait partie de l’équipe de nettoyage. « À l’époque, nous étions prisonniers. Plus maintenant. »

Avec les informations de CBC/Mike Rudyk