Dans le Grand Nord canadien, des programmes d’aide au Nunavut « à la merci » de financements

La recherche de financement est un éternel recommencement pour des organismes à but non lucratif comme le Conseil d’alphabétisation du Nunavut, qui déplore un manque de constance dans sa programmation. (Marie-Laure Josselin/Radio-Canada)
L’incertitude plane sur le renouvellement d’un programme pilote du Conseil d’alphabétisation du Nunavut qui s’adresse à de jeunes filles de Rankin Inlet. Ses coordonnatrices qualifient le programme de grande réussite, mais elles ignorent si l’organisme recevra le financement nécessaire pour le renouveler.

« Nous sommes constamment à la recherche de financement et de partenaires », décrit la directrice des programmes dans la région de Kivalliq, Kelly Lindell.

Comme le Conseil d’alphabétisation du Nunavut est un organisme à but non lucratif, elle explique que ses programmes « sont à la merci » des contributions financières des gouvernements territorial et fédéral ainsi que de fondations caritatives nationales.

« L’incertitude [autour du financement] n’aide pas à maintenir une stabilité dans la programmation tout au long de l’année. Cela rend difficile la planification de notre année à l’avance. »Kelly Lindell, directrice des programmes dans la région de Kivalliq

Elle affirme que cette situation rend parfois regrettables les décisions que doit prendre l’organisme, particulièrement lorsque des programmes qui ont suscité un grand intérêt ne peuvent être renouvelés, faute de financement.

Depuis la dernière année, le Conseil d’alphabétisation du Nunavut a mis en branle quelque 80 programmes – toutes durées confondues – partout sur le territoire, dont une quarantaine dans la région de Kivalliq, selon Kelly Lindell. (Panikuluk Kusugak)

C’est d’ailleurs le cas du programme pilote Akpaliapik, à Rankin Inlet, qui prenait fin mercredi.

« J’espère que nous recevrons le financement pour le poursuivre », soutient l’une des coordonnatrices, Panikuluk Kusugak.

Destiné exclusivement aux filles, le projet comprenait des ateliers divers allant de la couture à la cuisine en passant par l’artisanat et le conditionnement physique.

« J’ai tendance à le décrire comme un programme d’émancipation des femmes », résume Panikuluk Kusugak.

L’organisme a notamment fait appel à des enseignantes, à des travailleuses sociales et à des sages-femmes pour piloter les ateliers. « Nous avons essayé d’inclure le plus de femmes possible », raconte-t-elle.

Elle explique que les activités étaient surtout un prétexte pour aborder des sujets plus délicats, comme l’identité, les changements hormonaux, l’importance d’avoir des relations saines et d’apprendre à mettre ses limites, etc.

« L’idée est de parler de sujets qui sont difficiles à aborder pour des parents. »Kelly Lindell, directrice des programmes dans la région de Kivalliq

Victime de son succès

Une première mouture a eu lieu au cours de l’été 2020 avec des jeunes filles de 10 à 12 ans environ. Kelly Lindell assure que l’engouement pour le projet a été fulgurant. « Nous avons reçu tellement de candidatures », se souvient-elle.

Une quarantaine d’adolescentes de Rankin Inlet souhaitaient y participer, mais seule une dizaine ont été retenues. « J’aurais aimé qu’on soit capables d’accepter tout le monde, mais sur le plan logistique, ça ne pouvait pas fonctionner », dit-elle.

Des participantes du programme pilote à l’été 2020. De gauche à droite : Lily Alooq, Leslie Alooq, Felicia Naukatsik. (Kelly Lindell)

Kelly Lindell explique que les limites des rassemblements intérieurs imposées par la pandémie, de même que le financement obtenu, ne permettaient pas d’accepter un plus grand nombre de personnes.

« Ça nous a placées dans une position très inconfortable où nous avons dû nous demander comment nous allions sélectionner les participantes », affirme la coordonnatrice Panikuluk Kusugak. « Le dernier jour, toutes les filles étaient tellement déçues que ce soit terminé. »

Elle assure que ce type de projet répond à un réel besoin dans la communauté, principalement parce qu’il est l’un des rares s’adressant exclusivement à de jeunes filles.

« Quand le programme a pris fin, nous sentions que notre travail avait été significatif, décrit-elle. C’est un sentiment indescriptible; nous voulons vraiment que ça continue. »

Panikuluk Kusugak espère que d’autres adolescentes auront un jour la chance d’y participer à leur tour.

Si financement il y a.

Matisse Harvey, Radio-Canada

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