« Il faut mieux soutenir les aînés », affirme le médecin hygiéniste en chef d’un territoire du Nord canadien
Le gouvernement du Yukon, dans le nord-ouest du Canada, devra redoubler d’efforts pour faire face au vieillissement croissant de sa population, soutient le médecin hygiéniste en chef du territoire.
« Nous devons nous demander : comment pouvons-nous promouvoir une société où les aînés se sentent soutenus et sont épanouis? », s’interroge Brendan Hanley, en entrevue téléphonique avec Regard sur l’Arctique. Le médecin hygiéniste en chef du territoire croit que le Yukon devra revoir ses priorités pour soutenir davantage les aînés.
Son nouveau rapport triennal sur l’état de santé des Yukonnais fait le point sur les défis auxquels se mesure cette frange vulnérable de la population.
Pour dresser le portrait de l’état de santé de la population, Brendan Hanley s’est appuyé sur les données de Statistique Canada, de l’Institut canadien d’information sur la santé, du Bureau de la statistique du Yukon et du ministère territorial de la Santé et des Services sociaux.
Selon le rapport rendu public jeudi, les Yukonnais de 65 ans et plus représentaient environ 13 % de la population en juin 2018, soit presque deux fois plus qu’en 2008. Cette proportion passera à 15 % pour les 66 ans et plus d’ici 2030, projette le médecin hygiéniste en chef.
Dans son document de 128 pages, le médecin insiste sur les questions de mobilité, d’autonomie et de logements qui touchent les aînés.
Il recommande notamment de favoriser l’accès des aînés aux logements abordables, de former davantage de professionnels de la santé en gériatrie et gérontologie, d’augmenter la mobilité des services à domicile et de centraliser davantage de services dans des communautés spécifiques du territoire. « La communauté de Dawson pourrait devenir une plaque tournante pour les communautés nordiques, par exemple », mentionne-t-il.
Même si le rapport révèle qu’environ le tiers des aînés réside dans la région de Whitehorse, la capitale territoriale, Brendan Hanley rappelle qu’il faut renforcer le soutien offert ailleurs sur le territoire. « Nous devons voir comment nous pouvons améliorer le soutien en milieu rural offert aux différentes Premières Nations », ajoute-t-il.
Miser sur des initiatives locales
Le rapport souligne que le territoire est à la traîne au pays en ce qui a trait aux initiatives destinées à toutes les tranches de la population à l’échelle des communautés.
« À l’heure actuelle, dix provinces font la promotion d’initiatives inclusives à l’égard des aînés, mais le Yukon n’en fait pas partie », écrit-il dans son rapport. Il cite, à titre d’exemple, les bénéfices que peuvent tirer les personnes âgées qui souffrent d’isolement lorsqu’elles sont jumelées à un jeune étudiant en échange d’un loyer abordable. Plusieurs programmes à travers le pays, dont le projet pilote Toronto HomeShare, se basent déjà sur ce modèle.
D’autres initiatives similaires misent sur les échanges intergénérationnels. C’est le cas du programme des « Grands-parents bénévoles » en Colombie-Britannique, qui permet à des personnes âgées d’être mises en contact avec des familles dont les jeunes enfants voient peu fréquemment leurs grands-parents.
Dans ses précédentes études, parues respectivement en 2012 et en 2015, le médecin hygiéniste en chef s’est aussi penché sur le bien-être des familles et sur l’usage de substances.