Un pas de plus vers l’autodétermination des Inuit d’une région du Canada atlantique

Un protocole d’entente signé jeudi entre le gouvernement canadien et le Conseil communautaire de NunatuKavut (CCN) ouvre officiellement la voie à des négociations sur l’autodétermination des Inuit du Labrador, dans l’est du pays, avant la signature d’une entente définitive. (Conseil communautaire de NunatuKavut)
Le gouvernement canadien et le Conseil communautaire de NunatuKavut (CCN), qui représente les Inuit du sud du Labrador, dans le Canada atlantique, ont signé un protocole d’entente en matière d’autodétermination.

« C’est le premier accord officiel qui découle de ce processus de réconciliation dans lequel nous nous sommes engagés avec le Canada, affirme le président du CCN, Todd Russell, en entrevue téléphonique depuis Happy Valley-Goose Bay, au Labrador.

La ministre fédérale des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, et le président du CCN étaient réunis jeudi à Toronto, en Ontario, pour signer le document qui établit le cours des négociations en vue de signer une entente définitive. « [La date] dépendra des discussions à venir […] mais j’ai espoir que ça ne prendra pas des années », croit le président du CCN.

« C’est un accord positif et affirmatif qui nous permet maintenant de nous asseoir ensemble pour discuter des problématiques et des priorités de nos communautés », mentionne-t-il, au lendemain d’une journée qu’il qualifie de « haute en émotions ».

Selon Todd Russell, le protocole d’entente marque une étape importante pour atteindre la reconnaissance des droits des Inuit et leur autodétermination. L’éducation, les soins de santé, la chasse et la pêche sont différents enjeux que le CCN hissera au sommet de ses priorités durant les pourparlers.

« C’est un document crucial qui jette les bases des prochains pourparlers », affirme le président du CCN, Todd Russell. (Bailey White/CBC)

« Nous avons hâte de cheminer ensemble vers la réconciliation et de mieux comprendre les besoins et les aspirations de la communauté de NunatuKavut », a mentionné la ministre fédérale Carolyn Bennett, par voie de communiqué.

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Dwight Ball, a réagi favorablement à l’annonce. « Le gouvernement provincial est encouragé par le fait que les parties passent à la prochaine étape pour renforcer leurs relations de manière coopérative, collaborative et consensuelle afin d’obtenir des résultats bénéfiques pour le NunatuKavut et ses membres », a-t-il indiqué dans un communiqué de presse.

« Une étape cruciale pour les Inuit »

Le protocole d’entente fait suite à des négociations amorcées en juillet 2018 entre Ottawa et le CCN sur le rôle du NunatuKavut dans la gestion de ses terres et de ses ressources. Mais ces revendications remontent à 1991, année où le CCN – auparavant désigné sous le nom de Nation Métis du Labrador – a déposé une demande de revendications territoriales au gouvernement fédéral.

Le NunatuKavut, qui signifie « notre terre ancestrale » en inuttitut, un dialecte inuit, est le territoire d’environ 6000 Inuit vivant dans le sud et dans le centre du Labrador.

« C’est une étape cruciale pour les Inuit de ce pays. »

Todd Russell, président du Conseil communautaire de NunatuKavut

Les Inuit du NunatuKavut ne sont pas les seuls à réclamer l’autodétermination et la reconnaissance de leurs droits ancestraux. Le 15 août, l’organisme inuit Nunavut Tunngavik a signé une entente de principe avec les gouvernements du Canada et du Nunavut sur le transfert de responsabilités au territoire concernant la gestion de ses terres et de ses ressources.

« La réconciliation est importante pour notre gouvernement, de même que l’inclusion de tous les peuples autochtones », a de son côté mentionné la députée fédérale du Labrador, Yvonne Jones.

Un document contesté

Les négociations vers la reconnaissance officielle du NunatuKavut ne font pas l’unanimité chez les quelque 2200 Innus de Sheshatshiu et de Natuashish, au Labrador. Dans une publication sur Twitter, l’Innu Nation, qui représente les Innus (Premières Nations) de la région, a affirmé que le droit du CCN de parvenir à un accord de revendication territoriale n’avait jamais été reconnu par les gouvernements du Canada et de Terre-Neuve-et-Labrador.

L’Innu Nation revendique depuis plusieurs décennies une partie du territoire touché par les négociations. En novembre 2011, les représentants de la nation innue du Labrador ont signé l’accord Tshash Petapen (« Aube nouvelle ») avec les gouvernements fédéral et provincial, qui prévoyait notamment une entente de revendications territoriales et le développement de projets hydroélectriques.

Regard sur l’Arctique n’a pas pu joindre l’Innu Nation avant la publication de cet article.

Correction
Une erreur de révision indiquait que le NunatuKavut signifiait « notre terre ancestrale » en inuktitut, plutôt qu’en inuttitut, le dialecte parlé par les Inuit du Labrador. Cette précédente version du texte a été modifiée.

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