Un programme-cadre pour guider l’enseignement des langues autochtones dans un territoire du Nord canadien
Près de 150 enseignants des Territoires du Nord-Ouest, dans le Nord canadien, étaient réunis pendant trois jours la semaine dernière, à Yellowknife, pour être outillés dans leur manière d’enseigner les langues autochtones.
Enseigner les langues autochtones à leurs élèves, les professeurs présents à la session du ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation le faisaient déjà. Mais avec un guide tel que le curriculum des langues autochtones, ils possèdent maintenant une panoplie de « ressources et d’outils d’évaluation » pour un enseignement structuré, affirme Mindy Willett, l’une des coordinatrices du programme-cadre des langues autochtones.
Un projet pilote à l’échelle territoriale
Pour la deuxième année consécutive, le gouvernement ténois fait l’exercice de réunir les enseignants des langues autochtones des 49 écoles que compte le territoire pour les former. Après deux décennies de travail de longue haleine, le curriculum sur les langues autochtones est enfin prêt et le projet pilote veut offrir autant de formations que possible et diversifiées aux enseignants de ces langues.
Ce programme-cadre est une initiative des Territoires du Nord-Ouest. Cependant, Angela James, la directrice du département des langues autochtones au sein du ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, espère qu’il inspirera d’autres provinces et territoires du pays.
L’autre coordinatrice du programme des langues, Gayle Strikes With A Gun , insiste sur le fait que certes « le processus a pris du temps, mais les régions ont également fourni des informations sur la rédaction du programme d’études et [ont] apporté une connaissance des aspects traditionnels des communautés des territoires. »
Une équipe fière du travail accompli
Pour la directrice du département des langues autochtones au sein du gouvernement ténois, bien que novateur, ce curriculum constitue un élément du « rattrapage » que le Canada doit faire par rapport à son « passé sombre » avec le sort qui a été réservé aux peuples autochtones. Angela James, comme ses pairs, est cependant « fière » de la mouture de ce programme-cadre. Elle maintient par ailleurs que « la pédagogie n’est pas nouvelle », mais qu’il s’agit d’une « formule empruntée au modèle du français intensif ».
« Les enseignants doivent apprendre la nouvelle pédagogie et apprendre à utiliser les ressources, les livres, les jeux, la musique et tous ces aspects qui en font l’apprentissage », explique la directrice du département des langues autochtones.
Au-delà de la didactique et de la théorie, le programme met l’accent sur l’amusement, le jeu ou encore le rire. Et cet apprentissage doit sortir de la salle de classe et se faire partout au sein de l’école, maintient Angela James.
L’héritage culturel
Pour Gladys Alexie qui enseigne les langues autochtones depuis 18 ans, ce curriculum est un guide qui était nécessaire.
De plus, elle se réjouit que le document leur fournisse les clés pour « évaluer les élèves, ce qui permettra à ces derniers de voir leur évolution ».
L’apprentissage des langues autochtones est ouvert à tous les élèves, qu’ils soient issus des Premières Nations ou pas. Un autre point positif, relève Gladys Alexie, car cela ouvrira « la culture autochtone à la génération future qui saura d’où elle vient ».
Enseignante à Hay River, Shirley La Malice ne doute pas que ce programme éducatif rentre dans le processus de réconciliation. « Enseigner notre langue et notre culture Dené […] qui nous ont été dérobées, c’est comme si la boucle est bouclée », affirme-t-elle.
Mindy Willet affirme que ce curriculum « apporte principalement de la légitimité ».
Elle estime par ailleurs « avoir un rôle à jouer en tant que personne non autochtone ».
Ce programme d’étude des langues autochtones vise à modifier l’approche d’enseignement et d’apprentissage afin que « les enfants se sentent à l’aise et puissent tenir des conversations et partager leur vision du monde dans leur langue », souligne Mindy Willett.
Pour elle, « il n’est pas seulement question d’être capable de communiquer », mais pour « les enfants comme leurs parents, d’être fiers de qui ils sont ».