L’intégralité des oiseaux de l’Arctique serait menacée par le réchauffement climatique

L’harfang des neiges fait partie des espèces pouvant disparaître dans le pire des scénarios envisagées par l’étude (Deborah Johnston/Audubon Photography Awards).
Si rien n’est fait pour inverser le réchauffement climatique, toutes les espèces d’oiseaux vivant dans l’Arctique nord-américain pourraient disparaître selon une étude de la National Audubon Society.

L’étude prédit notamment que deux tiers des oiseaux nord-américains, soit des centaines d’espèces, pourraient être en voie de disparition si les températures globales continuent d’augmenter.

«Plus vous allez vers le nord, plus la proportion d’oiseaux touchés est importante», explique Jeff Wells, vice-président du service de protection de la forêt boréale de la National Audubon Society. «Et avec l’Arctique, c’est essentiellement 100 % des espèces que nous avons examinées qui seraient touchées.»

Comme le montrent de nombreuses études et observations, le Grand Nord est le plus affecté par le réchauffement climatique avec les plus fortes hausses de températures notamment. En particulier l’Arctique canadien qui se réchauffe environ trois fois plus vite que le reste du monde, selon le dernier rapport sur le climat changeant du Canada.

Le lagopède alpin fait partie des espèces pouvant être menacée par la hausse globale des températures (Courtoisie de Jeff Wells).

Les impacts sur les populations aviaires sont déjà visibles aujourd’hui avec des sécheresses, des incendies ou encore un gel tardif. À cela, s’ajoute le fait que «bien que bon nombre des oiseaux du Sud, pressé par les changements climatiques, serait poussé vers le nord, dans des territoires comme la forêt boréale et éventuellement l’Arctique, les oiseaux de l’Arctique, eux, n’auront plus vraiment d’endroits où aller,» explique Wells.

La forêt boréale a une capacité d’expansion vers le nord limitée. Elle est supplantée par des feuillus adaptés aux températures plus chaudes au sud, et la région est plus rocheuse au nord.

Cela signifie que certains territoires pourraient perdre jusqu’à une centaine d’espèces qui y nichent actuellement, selon le rapport. D’autres oiseaux de l’Arctique, comme le lagopède alpin et le grand éperon de Laponie, ainsi que des espèces boréales comme la mésange des bois, la sittelle à poitrine rousse et le bruant à gorge blanche seraient particulièrement touchés.

La tendance peut être inversée

Pour donner ces prédictions, l’étude a envisagé trois scénarios durant lesquels la température globale augmenterait de 1,5 C, de 2,0 C ou de 3,0 C.

Les prédictions énoncées plus tôt se réfèrent au pire cas de figure dans lequel la température globale aurait augmenté de 3 C.

La National Audubon Society a d’ailleurs mis un outil à disposition afin de visualiser comment la hausse de la température globale rendrait plus d’espèces vulnérables dans des régions données.

Graphique représentant la vulnérabilité des espèces d’oiseaux vivant en Arctique si la température augmente de 3 C durant l’été. (Capture d’écran de Audubon.org)

Toutefois, «on peut faire quelque chose et ça, c’est la bonne nouvelle,» indique Jeff Wells.

La meilleure alternative est de «protéger de vastes habitats riches en carbone et nous savons que les régions boréales et arctiques sont particulièrement riches en carbone emprisonné depuis des milliers d’années.»

Un oiseau nicheur de l’Arctique pris en compte dans l’étude. (Courtoisie de Jeff Wells)

Protéger ces territoires sans en extraire le carbone permettrait aux oiseaux de prospérer au cœur d’un nouvel écosystème. Diverses zones pourraient ainsi apparaître, offrant aux oiseaux de quoi survivre face aux dérèglements climatiques et se déplacer.

Wells rappelle cependant qu’un des leviers principaux reste de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre en soutenant les divers acteurs environnementaux qu’ils soient locaux, nationaux ou internationaux.

Une base de données collaborative

Afin d’obtenir ces résultats, les chercheurs se sont basés sur diverses banques de données collaboratives provenant de projets scientifiques, de spécialistes ou de simples observateurs.

Ainsi, 140 millions d’enregistrements provenant de 70 sources de données ont été recueillis en utilisant le Recensement des Oiseaux Nicheurs (Breeding Bird Survey) et l’application collaborative eBird. Un nombre important d’enregistrement provient de recherches canadiennes, précise Wells.

Ces données ont, par la suite, été utilisées dans les modèles climatiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) afin de prédire comment ces habitats naturels évolueraient en fonction de différents scénarios de réchauffement.

Jeff Wells est néanmoins conscient que ses prédictions constituent une vision d’ensemble de la situation. Il est très difficile de prévoir la capacité d’adaptation des différents oiseaux par exemple.

Il conclut toutefois en rappelant que «garder toutes ces zones aussi intactes que possible et aider ces animaux aujourd’hui, permettra de faire une différence pour leur avenir.

Mathiew Leiser, Regard sur l'Arctique

Né dans le sud de la France d'une mère anglaise et d'un père français, Mathiew Leiser a parcouru le monde dès son plus jeune âge. Après des études de journalisme international à Londres, il a rapidement acquis différentes compétences journalistiques en travaillant comme journaliste indépendant dans divers médias. De la BBC à l'Agence France Presse en passant par l'agence d'UGC Newsflare, Mathiew a acquis de l'expérience dans différents domaines du journalisme. En 2019, il décide de s'installer à Montréal pour affronter les hivers rigoureux et profiter des beaux étés mais surtout développer son journalisme. Il a rapidement intégré Radio Canada International où il s'efforce de donner le meilleur de lui-même au sein des différentes équipes.

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