La pandémie freine les recherches de la NASA au Nunavut pour étudier la vie sur Mars

Chaque année depuis 1996, des scientifiques du Centre de recherche Ames de la NASA se rendent sur l’île Devon, au Nunavut, pour tester de l’équipement qui pourrait servir à une future mission sur Mars. (Nasa/Projet Haughton-Mars)
Cet été, en raison de la crise sanitaire, des chercheurs de la NASA n’ont pas pu se rendre sur l’île Devon, au Nunavut, comme ils le font chaque année depuis 24 ans pour y tester de l’équipement en prévision d’une future mission sur Mars.

Chaque année, les chercheurs ont l’habitude de mettre le cap vers le cratère de Haughton, formé il y a environ 23 millions d’années lors de la chute d’un météorite.

Pascal Lee, le scientifique de la NASA responsable du projet, a dû faire son deuil lorsqu’il a appris qu’il ne pourrait pas se rendre dans ce qu’il qualifie de trésor du Nunavut pour l’humanité. Il espère encore y retourner l’été prochain pour y tester une combinaison spatiale.

La NASA considère ce cratère au diamètre d’environ 20 kilomètres comme étant « exceptionnellement bien conservé » en raison des températures froides et du climat sec de la région.

Selon Pascal Lee, l’environnement autour du cratère s’apparente le plus à celui de la planète rouge, puisqu’il renferme un véritable désert polaire.

Même si toute forme de vie y semble inapparente, les roches regorgent d’une multitude de cyanobactéries.

« Chaque roche prélevée sur l’île Devon est un habitat complexe pour ce type de microbes », explique-t-il.

« Cela nous montre qu’il faut faire attention quant au lieu et à la manière dont nous recherchons la vie sur Mars. Nous devons peut-être creuser un peu plus loin. »Pascal Lee, scientifique à NASA

Cela nous montre qu’il faut faire attention quant au lieu et à la manière dont nous recherchons la vie sur Mars. Nous devons peut-être creuser un peu plus loin.

Des scientifiques de la NASA testent un véhicule pressurisé lors de recherches géologiques entreprises dans le cratère de Haughton, sur l’île Devon, au Nunavut. (Nasa/Projet Haughton-Mars)

En 2019, les experts du Centre de recherche Ames, de la NASA, ont notamment testé un drone qui peut être actionné grâce à des capteurs placés dans les gants d’une combinaison spatiale.

Ce type de technologie aurait pour avantage de faire gagner du temps aux astronautes, notamment lorsqu’ils collectent des échantillons.

« C’est un peu comme un enfant qui imite le mouvement d’un avion avec sa main en sortant sa main par la fenêtre d’un véhicule. »Pascal Lee, scientifique à NASA
Contribution des Inuit

Au cours des dernières années, l’équipe du Centre de recherche Ames de la NASA a collaboré avec des résidents de Grise Fjord et de Resolute Bay, les deux communautés situées à proximité du cratère.

Selon Pascal Lee, les scientifiques auraient avantage à s’appuyer sur le savoir traditionnel inuit dans leurs recherches.

« Nous avons encore beaucoup à apprendre des Inuit, qui vivent dans le Nord depuis des générations et font parfois face à des hivers difficiles. Seulement, voilà, ils survivent très bien à ces hivers, ils se tiennent occupés et ils savent très bien faire face à ce type de stress environnemental. »Pascal Lee, scientifique à NASA

La NASA s’intéresse d’ailleurs aux conséquences psychologiques de longues missions spatiales sur les astronautes.

Pascal Lee affirme que les Inuit disposent de connaissances uniques de leur environnement qui pourraient approfondir leurs recherches. (Nasa/Projet Haughton-Mars)

Durant l’hiver, les Inuit connaissent des journées de clarté restreintes. Comme un voyage vers Mars prendrait entre six à neuf mois, Pascal Lee croit que les scientifiques pourraient, entre autres, se tourner vers eux pour mieux comprendre la façon de créer un état physique s’apparentant à l’hibernation.

Le peuple de Thulé, dont les Inuit sont des descendants, disposait de connaissances en la matière, indique-t-il.

« [C’est] un état qui se situe entre le sommeil et le réveil profonds », dit-il, en précisant que, tout comme lorsqu’il s’agit d’un animal, cet état diminue les besoins énergétiques des humains.

À plus long terme, Pascal Lee croit que les astronautes de la NASA pourraient s’entraîner au Nunavut avant de partir en mission sur Mars, mais que cela impliquerait le respect des Inuit, de leur environnement ainsi qu’une embauche locale.

Avec les informations de Thomas Rohner

Radio-Canada

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