Au Canada, l’immigration souffre du manque de bureau fédéral dans les territoires nordiques
Les immigrants de la région du Grand Nord sont en reste lorsqu’ils doivent avoir accès aux services d’immigration alors qu’il n’y a aucun bureau du ministère auquel frapper.
Que ce soit à Whitehorse, au Yukon, ou à Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest, le constat est le même : le fait qu’il n’y ait pas de services à l’immigration offerts par le gouvernement fédéral pénalise les immigrants. Ces derniers sont pris en charge par les différents organismes communautaires voire par certains représentants parlementaires.
Un député au chevet des immigrants
À Whitehorse, le député fédéral Larry Bagnell se bat depuis des années pour qu’Ottawa rouvre dans la capitale yukonnaise le bureau d’immigration fermé en 2012. « Un membre de mon personnel travaille pratiquement à plein temps sur l’immigration », explique-t-il. « C’est une fonction ministérielle que mon bureau ne devrait pas avoir à faire, souligne le député libéral. »
En 2018, son équipe a traité 986 cas relatifs à l’immigration. Un an plus tard, ce chiffre est monté à 1016. Malgré la pandémie, le député Bagnell croit que, cette année, les demandes dépasseront celles de 2019.
Radio-Canada a contacté Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, mais le ministère n’a pas donné suite à la demande d’entrevue.
Une « situation injuste »
Les Territoires du Nord-Ouest n’ont jamais eu de bureau d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Cependant, la capitale du territoire, Yellowknife, a toujours reçu le soutien d’IRCC qui collabore avec Services Canada, précise François Afane, le directeur général du Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest (CDETNO).
Mais, depuis que la crise du coronavirus a frappé, Services Canada a cessé son appui en matière d’immigration à Yellowknife, affirme-t-il. De manière générale, M. Afane déplore que les T.N.-O. n’aient jamais eu des ressources sur place pour répondre aux besoins des immigrants.
Radio-Canada a contacté Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, mais le ministère n’a pas donné suite à la demande d’entrevue.
Les organismes prennent la relève
« Beaucoup de gens ici ont pris l’habitude de se déplacer vers les grands centres [tels que] Vancouver, Edmonton surtout. […] Mais là, on est en train de se battre pour que la situation change », soutient François Afane.
Les organismes francophones et d’autres se retroussent les manches pour que les T.N.-O. offrent ces mêmes services aux nouveaux arrivants.
François Afane affirme que le CDETNO fait « autant que faire se peut, de la représentation, exposer la situation aux instances sociales et politiques à tous les niveaux, aussi bien territorial que fédéral. Il faut attirer l’attention des preneurs de décisions sur cette réalité. »
« Ce manque de services d’immigration impacte la population ténoise en général », souligne le directeur général du CDETNO. C’est pourquoi les différents organismes, francophones et anglophones, travaillent de concert pour y remédier.
Une situation coûteuse à différentes échelles
François Afane relève « les conséquences financières énormes » pour les immigrants, avec des déplacements coûteux vers d’autres villes pour passer les examens médicaux et les tests linguistiques requis pour la résidence permanente.
Il évoque aussi des « coûts émotifs avec le stress et la pression » de réussir les tests pour éviter un autre voyage. En troisième lieu, le directeur du Centre de développement économique des Territoires du Nord-Ouest déclare que cette « situation injuste » a un impact sur la démographie du territoire.
Cet exode a, indéniablement, une incidence sur les caisses du territoire, juge François Afane.
Lueur d’espoir pour l’avenir
Afane reconnaît toutefois que les autorités commencent à y prêter attention. Il explique que « l’organisme chargé de la santé publique à Yellowknife a mis en place un processus de contact [et] d’information » pour assister les nouveaux arrivants qui doivent être examinés médicalement. Ce processus évite ainsi les voyages vers les grands centres urbains.
En plus de cela, confie-t-il, des négociations sont en cours pour que le Collège nordique francophone abrite un centre de tests de langue afin que ces examens se tiennent de manière permanente. D’autres solutions sont aussi envisagées, avoue François Afane, bien qu’il reste encore « beaucoup de travail à faire ».