En retirant une zone d’aire marine protégée, le Québec met en danger le Béluga

Le béluga du Saint-Laurent se retrouve fragilisé par le gouvernement du Québec depuis que les autorités ont annoncé le retrait d’une aire marine protégée (AMP) dans l’estuaire du fleuve. Une décision qui pourrait mettre à mal la survie des cétacés déjà considérés comme une espèce menacée.
Le secteur visé se situe en amont du fjord du Saguenay connu pour son importance écologique puisque c’est là qu’on retrouve le lieu de reproduction du capelan et de l’éperlan arc-en-ciel, des poissons-proies dont se nourrit le béluga. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) rappelle que la région couvre également la zone portuaire où a été proposé un nouveau terminal maritime pour l’exportation de gaz naturel liquéfié.
Pour Sophie Paradis, cheffe de la conservation au Québec pour le WWF, retirer une portion d’un projet d’aire marine protégée crée un dangereux précédent pour les espèces marines.
« Cette décision ne met pas seulement en danger l’habitat des poissons-proies dont se nourrit le béluga, mais elle démontre également que les protections marines peuvent être annulées si de nouvelles occasions de développement se dessinent. »
La cheffe de la conservation au Québec ajoute que le rapport Planète vivante Canada – publié par le WWF – indique que les populations d’espèces en péril du Québec ont décliné de près de 60 % au cours des 50 dernières années. « Et ce sont précisément des décisions comme celle-ci qui expliquent que ces déclins dévastateurs se poursuivent », a-t-elle dit.
Selon les experts du rapport, les aires marines protégées demeurent le meilleur outil pour protéger les espèces marines contre les activités industrielles. Même si WWF a récemment félicité le gouvernement du Québec d’avoir porté à près de 10 % ses projets d’aires marines protégées, l’organisme estime que la volte-face des autorités constitue un « inquiétant » pas en arrière.
Notons que la population de bélugas du Saint-Laurent est en voie de disparition et compte moins de 900 individus. Ils se nourrissent de divers poissons et invertébrés, utilisant l’écholocalisation pour trouver leurs proies.
À ce titre, le WWF explique que trois menaces principales mettent en jeu la pérennité des cétacés : le manque de nourriture adéquate et accessible, la pollution par les contaminants et le bruit maritime et d’autres perturbations humaines.