Les écureuils de l’Arctique recyclent leurs aliments pour mieux supporter l’hibernation

Un écureuil tenant une noix dans sa bouche. (Stan Honda/AFP/Getty Images)
En étudiant le métabolisme des écureuils arctiques en hibernation, les chercheurs de l’Université Fairbanks en Alaska (UAF) ont découvert que ces rongeurs sont capables de recycler leurs propres nutriments emmagasinés dans l’organisme afin de survivre aux hivers.

Pour mener à bien son étude, l’équipe de chercheurs a suivi plusieurs spécimens d’écureuils spermophiles arctiques pendant deux ans. Elle a réussi à mesurer en laboratoire les nutriments presque indétectables à travers le corps des animaux en état d’hibernation.

Alors que les muscles des rongeurs commencent à « fondre » lorsque les températures atteignent le point de congélation, les scientifiques ont observé que les écureuils arctiques étaient capables de convertir l’azote libre en acides aminés.

« Ils [les écureuils spermophiles arctiques] se mettent en état d’hibernation extrême. Ils ne mangent pas, ne boivent pas et n’ont aucune blessure sous-jacente sur leur corps. »Sarah Rice, doctorante à l'Institut de biologie arctique de l'UAF et auteur principal de l'article

Dans l’étude publiée récemment dans la revue Nature Metabolism, les chercheurs expliquent que les écureuils peuvent ensuite utiliser les acides aminés pour synthétiser des protéines dans des tissus organiques comme ceux situés dans les muscles, les poumons ou les reins.

Ces résultats viennent confirmer les hypothèses déjà émises dans d’autres études qui avançaient que ces animaux pouvaient recycler l’azote pour préserver leurs tissus corporels, et ce pendant la durée d’un long jeûne.

Cette découverte qui pourrait permettre de percer les mystères de l’hibernation, selon les dires des scientifiques, met également en lumière les formidables capacités corporelles des spermophiles arctiques.

Notons que pendant les longs hivers nordiques, le corps de ces rongeurs se met à l’arrêt huit mois par an. À long terme, ils demeurent résistants à la perte musculaire et aux dommages cellulaires. À ce titre, l’étude de l’Université Fairbanks complète en quelque sorte les recherches précédentes qui indiquaient que les animaux en hibernation recyclaient l’urée, un déchet organique contenu dans l’urine.

Les scientifiques précisent également que les recherches sur l’hibernation peuvent avoir des applications concrètes dans de nombreux autres domaines. Par exemple, elles peuvent contribuer à la mise en œuvre d’une variété de traitements médicaux pour l’homme, notamment en ce qui concerne la prévention de la perte musculaire chez les personnes âgées ou chez les patients souffrant d’un cancer.

Ils ajoutent que davantage de compréhension sur les adaptations biologiques en période d’hibernation pourrait permettre aux médecins à traiter avec plus d’efficacité les blessures traumatiques. De plus, cela pourrait également aider les astronautes à mieux supporter les voyages dans l’espace.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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