Conseil des ministres du Québec : première historique et continuité pour les Autochtones
Le nouveau conseil des ministres est à la fois synonyme de première historique et de continuité pour les peuples autochtones du Québec. Si Kateri Champagne Jourdain devient la première Autochtone à accéder à un poste de ministre, Ian Lafrenière garde son poste comme ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit.
Mme Champagne Jourdain hérite du ministère de l’Emploi. Dans l’histoire du Québec, elle est la troisième députée autochtone à être élue, mais la première femme et maintenant la première à qui on attribue un portefeuille.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, lui a par ailleurs transmis rapidement de « chaleureuses félicitations » sur Twitter.
« Kateri a marqué trois fois l’histoire en seulement deux semaines, ajoute M. Picard en entrevue téléphonique. C’est tout à son honneur et à l’honneur de la nation innue. »
Le chef Picard se réjouit également du discours prononcé par le premier ministre après la présentation de son conseil des ministres.
« En référence à Mme Champagne Jourdain, il a dit qu’il serait injuste de lui faire porter tout sur ses épaules en tant qu’Autochtone quand il est question de relations entre les Premières Nations, les Inuit et le gouvernement », dit-il.
« C’est effectivement une responsabilité qui appartient au gouvernement en entier, précise M. Picard. Il faudra voir comment le gouvernement compte s’y prendre pour que les enjeux autochtones aient la place qui leur est due. »
Pour le grand chef de la nation atikamekw, Constant Awashish, il s’agit là d’une « belle avancée ».
« C’est une bonne chose, dit-il. Mais il reste à voir la dynamique au sein du conseil des ministres, comment elle va pouvoir défendre la voix des Autochtones et comment elle sera entendue. »
Ian Lafrenière demeure ministre
Ian Lafrenière, qui était, lors du précédent mandat de la Coalition avenir Québec (CAQ), ministre responsable des Affaires autochtones, garde le même poste. Cependant, le ministère est désormais celui des Relations avec les Premières Nations et les Inuit.
Un changement de nom qui avait été réclamé par l’APNQL au lendemain des élections.
« J’espère que c’est une bonne indication de la façon dont le gouvernement entend traiter nos dossiers au cours des quatre prochaines années, énonce M. Picard. C’est un nom qui reflète davantage ce que promeut le gouvernement lui-même, c’est-à-dire des relations de nation à nation. »
Cela n’efface toutefois pas les relations tendues qui existent entre la CAQ et les Autochtones, ce qu’a rappelé l’APNQL dans un communiqué en début de semaine.
« Les relations avec le gouvernement caquiste ont été particulièrement difficiles sur les questions économiques, de l’emploi, des investissements, et de l’exploitation des ressources naturelles », écrivait alors le chef Ghislain Picard, qui qualifie les rapports avec le gouvernement québécois de « difficiles » et de « conflictuels ».
Le 18 octobre, l’APNQL émettait des craintes quant à la création d’un poste de « superministre de l’Économie » qui reviendrait à Pierre Fitzgibbon. Ce dernier a bel et bien été nommé ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et ministre responsable du Développement économique régional et de la région de Montréal. Il devient le ministre responsable d’Hydro-Québec et la CAQ ne cache pas son appétit de nouvelles sources d’électricité.
Un tel « superministère » est une « mauvaise nouvelle » pour les Premières Nations et « les inquiétudes ne se sont pas dissipées », souligne Ghislain Picard.
Du côté de la nation atikamekw, on espère un changement d’attitude au gouvernement.
« On demande une meilleure écoute et plus d’innovations », affirme le grand chef Awashish.
« Ian Lafrenière a déjà amorcé le travail et il est déjà au courant de certains dossiers, ajoute-t-il. Ce n’est pas tout le monde qui sera heureux de ça, mais l’important c’est qu’on n’a pas besoin de recommencer le travail. »
Pour sa part, le Regroupement des Centres d’amitié autochtone du Québec a salué la nomination de M. Lafrenière sur Twitter.
En somme, le conseil des ministres « reflète le slogan de la campagne », estime M. Awashish.
« Les Québécois ont voté pour la continuité et on le voit », dit-il.
La continuité n’a par contre pas été de mise au ministère des Ressources naturelles et des Forêts qui passe de Pierre Dufour à Maïté Blanchette Vézina.
« La nouvelle ministre devra s’acclimater avec les réalités et les dynamiques entre les Autochtones et l’exploitation forestière, affirme Constant Awashish. Il va falloir refaire nos présentations et apprendre à se connaître. »