Stimuler l’implication politique des jeunes Inuit grâce à la négociation
Un groupe de jeunes Inuit a pris part à Kuujjuaq, toute la semaine, à une simulation de négociation de traité afin de se préparer à cet exercice politique auquel ils devront peut-être faire face au cours de leur carrière.
On est loin ici de la traditionnelle simulation parlementaire avec des projets de loi et des caucus. L’exercice était beaucoup plus proche de la réalité politique de la région.
D’un côté de la salle, une équipe représentait l’administration régionale Kativik, accompagnée de la Corporation Makivik.
De l’autre, les participants représentaient les gouvernements du Québec et du Canada, que plusieurs appelaient à la blague : « the bad guys » (les méchants).
Un petit détail qui en dit long sur le sentiment d’appartenance des résidents envers les instances du Nunavik et la distance qui les sépare de la politique québécoise.
La mécanique de la négociation
L’événement a été organisé par le Qarjuit Youth Council du Nunavik, qui a pour but de représenter la jeunesse de la région et de stimuler leur implication communautaire.
Les organisateurs voulaient développer chez les jeunes une série de compétences qui leur seraient utiles dans un cadre de négociation.
« Ils vont créer des liens, faire du réseautage. Mais ils vont surtout apprendre comment leurs rêves, leur vision et leurs idéaux peuvent être amenés dans le futur, très prochainement », explique la directrice générale du Qarjuit Youth Council, Caroline Martel.
Il s’agissait en effet pour plusieurs d’une première expérience de travail d’équipe et de prise de parole devant public.
Les jeunes devaient faire une série de propositions et les défendre devant des représentants gouvernementaux qui jouaient la sourde oreille.
« Au début, je me demandais dans quoi je m’étais embarquée. Mais après quelques heures, j’ai l’impression d’avoir tellement appris », explique Connie Ittukallak, 16 ans, de Puvirnituq.
« Je sais maintenant que je vais être impliquée en politique. Je ne sais pas encore comment, mais j’ai plein d’idées qui pourraient aider notre peuple », ajoute-t-elle.
Ils étaient accompagnés dans ce processus par plusieurs personnalités connues de la politique régionale, qui ont une bonne expérience de négociation avec les gouvernements.
Parmi eux, Sarah Aloupa, la présidente de la commission scolaire Kativik Illisarnilirinik.
« C’est très important pour la jeunesse. Quand nous étions plus jeunes, on allait négocier sans bien connaître l’appareil gouvernemental. Ça sera très utile pour eux dans le futur! »
Kativik Illisarnilirinik a aussi profité de l’occasion pour sensibiliser les participants à la protection de la langue traditionnelle inuit, l’inuktitut.
Ses points de vue étaient partagés par plusieurs jeunes et ont suscité beaucoup de passion durant les échanges.
« Ils tentent de préserver leur français, mais nous, on tente de préserver notre inuktitut. On a beaucoup en commun, mais on a l’impression que notre inuktitut est une langue de second rang comparé au français », explique la participante Amelia W. Tukkiapik, de Kuujjuaq.
Les traités
L’exercice était aussi une occasion pour ces jeunes inuit de décortiquer le fonctionnement de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ).
Le traité est central dans le paysage politique de la région, puisqu’il établit les bases de l’organisation du territoire de la Baie-James et du Nunavik entre les gouvernements du Québec, du Canada, les Cris et les Inuit.