Nord canadien : des réactions positives à l’arrêt de l’expansion de la mine Mary River

Le projet d’expansion de la mine Mary River avait donné lieu à plusieurs manifestations, dont celle-ci, à Iqaluit en février 2021. (Beth Brown/Radio-Canada)
Au lendemain de la décision d’Ottawa de mettre un frein à l’expansion de la mine Mary River de Baffinland, plusieurs Nunavummiut expriment leur soulagement après que leurs préoccupations liées à l’impact de l’expansion de la mine sur l’environnement ont été entendues sans toutefois fermer la porte à d’autres projets miniers.

« Les Inuit ne sont pas complètement en opposition au projet, mais ils demandent une meilleure protection de l’environnement, tout en s’assurant que le droit des Inuit à la cueillette est protégé », souligne la députée du Nunavut Lori Idlout.

Elle se dit soulagée de cette décision annoncée mercredi par le ministre fédéral des Affaires du Nord, Daniel Vandal, qui met fin à quatre ans de consultations publiques, de manifestations et à un long processus de révision environnementale.

« Je pense qu’il peut y avoir une entente qui nous permette d’assurer à la fois la protection de l’environnement, mais aussi un meilleur avenir qui bénéficie autant aux Inuit qu’aux Canadiens tout en nous protégeant des impacts des changements climatiques », ajoute Lori Idlout.

Dans une déclaration, le ministre du Développement économique, des Transports et de l’Environnement, David Akeeagok, félicite le ministre Vandal d’être parvenu à cette « décision difficile ».

« Nous reconnaissons les avantages des opérations existantes à Mary River, ainsi que la nécessité de protéger nos terres et nos eaux », écrit David Akeeagok en reconnaissant que le projet d’expansion apporterait certes des avantages socioéconomiques, mais qu’il comporte aussi son lot de préoccupations.

James Simonee, qui habite Pond Inlet, au nord de la mine, est heureux de la décision qui a été prise. (Photo fournie par James Simonee)

Cette décision du ministre Vandal arrive également comme une bonne nouvelle pour James Simonee qui demeure à Pond Inlet, une communauté située à environ 160 kilomètres au nord de la mine.

« Je ne suis pas certain de la manière d’exprimer mes sentiments, mais je me sens bouleversé et heureux que le projet n’ait pas été approuvé », dit-il, en ajoutant que cela facilitera la chasse aux animaux marins pour la communauté.

James Simonee ressent toutefois une certaine inquiétude quant à l’impact de la décision sur l’économie locale. « Ce n’est pas que nous voulons que la mine ferme ses portes. Nous ne voulons simplement pas de la phase 2 », explique-t-il.

Un besoin d’équilibre entre économie et environnement

L’organisme Nunavut Tunngavik Inc. (NTI) accueille aussi cette décision comme une bonne nouvelle, soulignant les risques pour la faune marine, le caribou, la végétation et les sources d’eau potable de la région.

« Nous sommes conscients que le retard dans l’expansion d’un plan comme celui de la phase 2 peut également retarder plusieurs avantages économiques potentiels pour les communautés, mais une expansion massive comme la phase 2 doit être faite de manière responsable, et il faut équilibrer le besoin de protéger les droits des Inuit tout en atténuant l’impact sur la faune, l’environnement et le mode de vie des Inuit », explique le vice-président du NTI, James Eetoolook, dans un communiqué.

Le projet d’expansion de l’entreprise Baffinland comportait la construction d’un chemin de fer pour relier le port de Milne Inlet à la mine Mary River, au Nunavut. (Nick Murray/CBC)

Même son de cloche du côté de l’Association inuit de Qikiqtani, qui qualifie la décision du ministre de « sage », étant donné l’ampleur des considérations en suspens en lien avec la proposition d’expansion de la mine Mary River.

L’association dit qu’elle demeure « ouverte aux projets de développements de ressources naturelles dans la région de Qikiqtani et aux futures propositions de Baffinland qui donneront la priorité à la collaboration des Inuit dès le début de la phase de planification et qui respectent la vision inuit pour l’avenir ».

Dans un communiqué de presse, le président-directeur général de Baffinland, Brian Penney, n’a pas caché sa déception.

« La phase 2 de l’expansion de Baffinland aurait créé une stabilité à long terme pour notre entreprise, pour les communautés de l’île de Baffin et pour le Nunavut, tout en diminuant les effets marins et terrestres de nos opérations actuelles […] et en augmentant le nombre d’emplois », a-t-il indiqué.

Brian Penney a aussi fait savoir qu’il comptait rencontrer le ministre Daniel Vandal et des responsables de l’Association inuit de Qikiqtani pour « discuter de la suite des choses ».

Dans le passé, Baffinland avait affirmé qu’elle devrait mettre sa mine en état d’entretien et de maintenance si son projet d’expansion n’allait pas de l’avant.

Avec son projet de phase 2, l’entreprise Baffinland souhaitait doubler sa production de minerai de fer pour extraire jusqu’à 12 millions de tonnes par an, ce qui aurait nécessité la construction d’un chemin de fer d’une centaine de kilomètres pour acheminer le minerai jusqu’au port de Milne Inlet.

Un texte de Sarah Xenos, Radio-Canada

Avec des informations de Matisse Harvey et de Teresa Qiatsuq

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