La disparition de la glace de mer en Antarctique fragilise l’avenir des manchots empereurs

Le manchot empereur, plus grande espèce de manchots qui ne vit et ne se reproduit qu’en Antarctique, a récemment été classé comme espèce menacée par l’autorité américaine responsable de la protection de la faune. (Paul Souders/iStock)
Des scientifiques ont relevé une baisse de reproduction sans précédent chez les colonies de manchots empereurs dans une région de l’Antarctique où il y a eu une perte totale de glace de mer en 2022.

Cette découverte confirme les prévisions selon lesquelles plus de 90 % des colonies de manchots empereurs seront quasiment éteintes d’ici la fin du siècle, si l’on se base sur les tendances actuelles du réchauffement climatique.

C’est ce que montre une nouvelle étude publiée dans la revue Communications Earth & Environment. Les chercheurs du British Antarctic Survey – organisme national britannique en Antarctique – ont évoqué la forte probabilité qu’aucun poussin n’ait survécu dans quatre des cinq colonies de manchots empereurs connues dans le centre et l’est de la mer de Bellingshausen.

Les scientifiques ont examiné des images satellites montrant la perte de glace de mer sur les sites de reproduction, bien avant que les poussins n’aient développé des plumes imperméables. Ils rappellent que les manchots empereurs dépendent d’une glace de mer stable et fermement attachée au rivage (glace « terrestre ») pendant la majeure partie de l’année.

Au début du mois de décembre 2022, l’étendue de la glace de mer en Antarctique avait atteint le niveau le plus bas jamais enregistré en 2021. La perte la plus importante a été observée dans la région centrale et orientale de la mer de Bellingshausen, à l’ouest de la péninsule antarctique, où la perte de glace de mer a été de 100 % en novembre 2022.

« Nous n’avons jamais vu de manchots empereurs ne pas se reproduire, à cette échelle, en une seule saison », indique Peter Fretwell, auteur principal de l’étude ajoutant que la perte de glace de mer dans cette région au cours de l’été antarctique a rendu « très improbable la survie des poussins déplacés ».

Les experts soulignent que depuis 2016, l’Antarctique a connu les quatre années où l’étendue de la glace de mer a été la plus faible dans les 45 ans d’enregistrement par satellite. « Entre 2018 et 2022, 30 % des 62 colonies connues de manchots empereurs en Antarctique ont été affectées par une perte partielle ou totale de glace de mer », précise le document.

Bien qu’il soit difficile d’établir un lien immédiat entre des saisons extrêmes spécifiques et le changement climatique, la génération actuelle de modèles climatiques prévoit un déclin à plus long terme de l’étendue de la glace de mer, note l’étude.

« Nous savons que les manchots empereurs sont très vulnérables dans un climat qui se réchauffe et les preuves scientifiques actuelles suggèrent que les événements extrêmes de perte de glace de mer comme celles observées deviendront plus fréquents et plus répandus. »

Comprendre les colonies de manchots empereurs

L’étude explique que les manchots empereurs ont déjà réagi à des incidents de perte de glace de mer en se déplaçant vers des sites plus stables. Cependant, les scientifiques affirment que cette stratégie ne fonctionnera pas si l’habitat de la glace de mer est touché dans toute une région.

Au cours des sept dernières années, la glace de mer autour de l’Antarctique a considérablement diminué, affirme le document. À la fin du mois de décembre 2022, l’étendue de la glace de mer était la plus faible jamais enregistrée au cours des 45 années de relevés par satellite.

« C’est un nouveau signal d’alarme pour l’humanité : nous ne pouvons pas continuer sur cette voie, les responsables politiques doivent agir pour minimiser l’impact du changement climatique. Il n’y a plus de temps à perdre », concluent les scientifiques.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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