Antarctique : les courants océaniques profonds ralentissent plus tôt que prévu, selon une étude

Une colonie de manchots Adélie à côté de la zone gelée de la mer de Ross près de la station McMurdo, en Antarctique, le 11 novembre 2016. (Mark Ralston/AFP via Getty Images)

Le ralentissement des courants océaniques profonds, causé par la fonte des glaces de l’Antarctique, arrive plus tôt que prévu. Selon une nouvelle étude, il se produit des décennies « en avance sur le calendrier ». Cela menace la vie marine et risque d’accélérer le réchauffement climatique.

De longue date, les scientifiques ont averti qu’une accélération de la fonte des glaces antarctiques et de la hausse des températures, entraînée par l’émission des gaz à effet de serre d’origine humaine, devrait avoir un effet significatif sur le réseau mondial des courants océaniques qui transportent les nutriments, l’oxygène et le carbone.

Une étude antérieure, utilisant des modèles informatiques, avait ainsi suggéré que la circulation des eaux dans les parties les plus profondes des océans ralentirait de 40 % d’ici 2050 si les émissions restaient élevées.

L’étude publiée jeudi dans Nature Climate Change, basée en grande partie sur des données d’observations recueillies par des centaines de scientifiques au fil des décennies, montre que ce processus a en fait déjà ralenti de 30 % entre les années 1990 et 2010.

« Nos données montrent que les impacts des changements climatiques sont en avance sur le calendrier », a déclaré l’auteur principal Kathryn Gunn, de l’agence scientifique australienne CSIRO et de l’université britannique de Southampton.

« D’une certaine manière, le fait que cela se produise n’est pas surprenant. Mais le timing l’est davantage », a souligné la scientifique.

Les implications pourraient être importantes, car l’océan profond de l’Antarctique agit comme une « pompe » clé pour le réseau mondial des courants océaniques.

« Quand la circulation océanique ralentit, il reste plus de dioxyde de carbone et de chaleur dans l’atmosphère, ce qui accélère le réchauffement climatique », a expliqué Mme Gunn à l’AFP.

Les océans sont un régulateur crucial du climat et absorbent de larges quantités du carbone additionnel que les humains ont relâché dans l’atmosphère depuis le milieu des années 1800, ainsi que plus de 90 % de l’augmentation de la chaleur terrestre.

Les températures à la surface de la mer ont considérablement augmenté, atteignant de nouveaux records plus tôt cette année, tandis que le réchauffement fait également fondre les calottes glaciaires dans les régions polaires, déversant d’énormes quantités d’eau douce dans l’océan.

Cela perturbe une fonction vitale essentielle pour la vie marine.

L’étude de Nature Climate Change révèle que l’oxygène atteignant l’océan profond a diminué.

Ces pertes d’oxygène peuvent perturber la biodiversité et forcer « les animaux des profondeurs océaniques à se réfugier dans d’autres régions ou à adapter leur comportement ».

Au-delà de perturber la faune, les changements apportés à ces pompes océaniques clés devraient également réduire la quantité de carbone que l’océan peut absorber et faire remonter à la surface le carbone qui a été stocké dans les profondeurs de l’océan pendant des centaines de milliers d’années.

À lire aussi :

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *