Plus de décès que prévu à l’ancien pensionnat pour Autochtones Chooutla, à Carcross

Le pensionnat autochtone Chooutla de Carcross a été exploité de 1911 à 1969. (Photo : Archives du Centre national pour la vérité et la réconciliation)

Les recherches par géoradar sur l’emplacement de l’ancien pensionnat pour Autochtones Chooutla, près de Carcross, ont trouvé 15 « anomalies » dans le sol qui pourraient être des sépultures anonymes anciennes. Des recherches exhaustives dans les archives du Yukon par une entreprise privée ont par ailleurs conclu que 33 décès sont survenus dans cet établissement.

Or, la Commission de vérité et réconciliation du Canada avait estimé à 20 le nombre d’enfants morts dans cet établissement géré par l’Église anglicane entre 1911 et 1969.

Selon les recherches historiques, menées par une entreprise spécialisée, et présentées publiquement mardi, 33 enfants ont perdu la vie au pensionnat pour Autochtones Chooutla, au Yukon, soit 13 de plus que le nombre qui avait été estimé précédemment. (Radio-Canada/Jackie Hong)

Pour sa part, le groupe de travail des Premières Nations du territoire, créé pour chapeauter les fouilles et présidé par Judy Gingell, a toujours cru que le nombre de victimes atteindrait plutôt 42.

Découvrir la vérité n’allait jamais être facile.

– Judy Gingell, présidente, Yukon Residential School and Missing Children Project

«Notre peuple a vécu avec les horribles souvenirs de l’ère des pensionnats pendant des générations», ajoute Mme Gingell par voie de communiqué. «Mes pensées, aujourd’hui, sont avec les familles de ces enfants qui ne sont jamais revenus à la maison et les survivants qui portent un lourd fardeau. J’espère que cette mise à jour aidera le processus de guérison.»

En conférence de presse, Sandra Johnson, une aînée de la Première Nation Carcross/Tagish qui siège comme conseillère au comité de travail, a tenu à lancer un message d’encouragement, invitant les communautés et les familles à allumer des feux sacrés en mémoire des disparus et à chercher de l’aide.

Nous sommes forts, nous sommes très forts. Nous avons traversé beaucoup, mais comme communauté, les Premières Nations, nous avons beaucoup à partager avec le reste de l’humanité. Nous ne sommes pas vaincus.

– Sandra Johnson, aînée

Deux types de recherches en parallèle

Les recherches dans les possibles sépultures du pensionnat Chooutla ont été menées par deux entreprises externes : GeoScan, pour les fouilles par géoradar, et Know History, pour les recherches aux Archives du Yukon, ainsi que celles de l’Église anglicane et du gouvernement fédéral.

Ottawa a versé 495 000 $ pour le projet, et le gouvernement du Yukon, 595 000 $. Le pensionnat Chooutla est le premier lieu sur lequel les travaux de recherches se penchent, mais ceux de Whitehorse, de Dawson et de Shingle Point seront également fouillés.

Le pensionnat autochtone Chooutla à Carcross a été démoli, mais un dernier bloc de ciment sur le terrain est recouvert de symboles tlingit. (Radio-Canada/Mike Rudik)

Les travaux sur l’emplacement actuel ne sont pas non plus terminés. «Nous en sommes toujours aux premiers jours. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour répondre aux questions des familles et apporter justice à ces enfants. Toutefois, nous croyons que ces rapports nous rapprochent encore un peu plus», peut-on lire dans le communiqué.

Plus de 37 188 mètres carrés de terre ont été inspectés sur l’emplacement même de l’ancien pensionnat ainsi qu’aux alentours en utilisant les techniques de radar pénétrant et de magnétomètre. Les 15 anomalies du sol présentent des caractéristiques spécifiques à de possibles sépultures anonymes.

Douze d’entre elles sont situées sur un terrain plat propice à un enterrement, un peu plus loin de l’endroit où se trouvait le bâtiment, aujourd’hui démoli. Ces emplacements correspondent, par ailleurs, aux descriptions faites par d’anciens pensionnaires.

Les trois autres anomalies se trouvent plus près de l’ancien bâtiment, un secteur perturbé par la construction et par la démolition à plusieurs reprises, comme l’explique le communiqué.

Selon la représentante de Know History, Nicole Marion, il n’est pas possible de lier avec certitude les décès documentés aux possibles sépultures anonymes.

«C’est quelque chose qui se fait si la recherche se poursuit, si nous arrivons à trouver plus de documentation qui nous permettrait de faire ces liens. À ce moment-ci, nous n’avons pas assez d’informations pour établir ces corrélations», explique-t-elle.

Brian Whiting, chercheur principal à GeoScan, affirme qu’il faudrait également des recherches plus invasives , telles que de l’excavation ou des tests d’ADN dans le sol, pour déterminer que les 15 emplacements trouvés sont bel et bien des sépultures.

Une décision aussi sensible doit être prise par la communauté. Je ne peux pas faire de recommandation d’un côté comme de l’autre. 

Judy Gingell, pour sa part, a affirmé qu’un autre secteur du terrain de l’ancien pensionnat serait déboisé pour permettre des analyses par les appareils de radar pénétrant.

«Notre mandat est de trouver les sépultures anonymes, qu’elles soient à Carcross ou dans d’autres régions du Yukon […] À mesure que des informations nous sont transmises, c’est là que nous allons par la suite.»

Radio-Canada

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