Institut nordique du Québec : les travaux du nouveau complexe enfin commencés

La première pelletée de terre pour le nouveau complexe scientifique de l’INQ s’est déroulée le jeudi 22 février 2024 à Québec. (Photo : Yan Doublet)

Les travaux pour le nouveau complexe scientifique de l’Institut nordique du Québec (INQ) ont été lancés la semaine dernière à Québec. Financé par les gouvernements fédéral, provincial et municipal, ce dernier devrait être en service dès 2026 et devenir «une plaque tournante de la recherche nordique au Canada et à l’international».

Créé en 2014, l’INQ est composé de 15 institutions d’enseignement supérieur, de plus de 270 chercheuses et chercheurs et des 4 communautés des Premiers Peuples du Nord québécois (les Inuit, les Cris, les Innus et les Naskapis).

Le directeur de l’INQ, Jean-Éric Tremblay, le dit d’emblée, le nouveau complexe, évalué à 105 millions de dollars, est attendu depuis longtemps pour faire passer l’institut à un autre niveau. «Depuis sa création, c’est quelque chose qui était panquébécois, mais surtout virtuel. Le bâtiment était un peu la phase deux qui vient répondre à plusieurs besoins», dit-il.

Le premier besoin, selon Jean-Éric Tremblay, est de réunir dans un même lieu des scientifiques de disciplines diverses «pour qu’ils puissent vraiment interagir au quotidien».

Celui qui est aussi professeur au Département de biologie de l’Université Laval mentionne également la nécessité de moderniser les infrastructures analytiques pour mieux traiter tous les échantillons qui proviennent du Nord.

Il raconte que, d’une certaine manière, depuis une décennie, les travaux de l’INQ se sont réalisés avec «les moyens du bord» puisqu’il n’y avait pas de réelles infrastructures adaptées.

«Travailler dans le Nord, ça implique de maintenir des stations de recherche, d’acheminer de l’équipement et des scientifiques un peu partout et d’opérer le brise-glace Amundsen», énumère-t-il. 

[Le nouveau complexe scientifique] vient vraiment nous donner les moyens de nous déployer et de coordonner tout le travail dans le Nord. Ça pourra aussi servir de poste avancé pour un grand nombre de collaborateurs internationaux qui veulent venir travailler avec nous. 

– Jean-Éric Tremblay, directeur de l’Institut nordique du Québec

Dans ces nouveaux espaces de recherches et de découvertes, les scientifiques pourront notamment recréer des conditions climatiques nordiques et arctiques en laboratoire et tester des véhicules sous-marins opérés à distance dans un bassin spécialisé.

L’Arctique se réchauffe à un rythme quatre fois plus élevé que la moyenne mondiale. (iStock)

Pourquoi un institut nordique dans le sud du pays? 

Pour la rectrice de l’Université Laval, Sophie D’Amours, il est tout à fait logique de faire de son établissement un point d’ancrage pour l’INQ. «Depuis plus de 60 ans, l’Université Laval fédère les actrices et les acteurs clés dans le secteur de la recherche nordique et arctique, et la construction du complexe scientifique s’inscrit dans cette démarche», dit-elle.

Mais alors que le directeur de l’INQ énumère les nombreux défis de déployer la recherche scientifique dans le Nord, pourquoi établir la plaque tournante de leurs travaux dans la capitale provinciale, Québec? 

 «C’est une excellente question, qu’on nous pose très souvent», laisse tomber Jean-Éric Tremblay.

Il explique qu’un autre modèle pour la recherche nordique existe : celui de la Station canadienne de recherche dans l’Extrême-Arctique, à Cambridge Bay, au Nunavut. «Un peu sur le même modèle que l’INQ, le gouvernement fédéral a investi beaucoup d’argent pour des technologies à la fine pointe», indique-t-il.

Toutefois, dit-il, le problème est que l’Arctique est très vaste et que seulement un faible pourcentage de toute la recherche scientifique faite réellement dans le Nord l’est à Cambridge Bay. «Un enjeu vient aussi du fait que des chercheurs avec leurs familles entières qui veulent aller s’établir dans une station de recherche aussi isolée, il y en a, mais peut-être pas tant que ça.»

Il met en lumière un autre avantage de travailler à partir du sud, les coûts associés au fait d’installer ce genre d’infrastructure dans une région éloignée. «Avec tous les appareils scientifiques dernier cri, c’est déjà compliqué d’entretenir ça ici et de développer ça ici.»

Selon M. Tremblay, avec le budget consenti pour le projet, établir l’INQ dans le Nord n’était pas vraiment réaliste. «Ça devenait prohibitif», soutient-il. 

De plus, il ajoute que le Québec est déjà relativement bien équipé en termes d’infrastructures nordiques. «Par exemple, une des composantes de l’INQ s’appelle le Centre d’études nordiques et a plusieurs stations en milieu terrestre et couvre presque l’entièreté du territoire nordique canadien.»

Pour le directeur de l’INQ, installer le complexe à Québec permettait donc une meilleure utilisation des fonds alloués.

Échanges importants

Le partage des connaissances sera aussi mis de l’avant à l’INQ grâce à des espaces collectifs à l’usage de l’ensemble de la communauté de recherche arctique et nordique. Ces espaces seront aménagés pour sensibiliser et éduquer le public aux réalités du Nord. Un lieu destiné aux visiteurs et aux partenaires des Premiers Peuples permettra de les accueillir et de faire se côtoyer les savoirs locaux et scientifiques.

En Arctique, la glace tarde à se former aussi solidement que les années précédentes. (Photo d’archives/Flor Vermassen)

M. Tremblay rappelle que le cadre des travaux scientifiques est unique dans le Nord et que le contexte social et culturel est propre à la région. «La transformation accélérée des environnements nordiques redessine les contours du développement social et économique et s’ajoute aux multiples enjeux qui déjà touchaient leurs habitants et leur bien-être», conclut-il.

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