Le prêtre Johannes Rivoire aurait caché son passé à ses supérieurs

Johannes Rivoire est arrivé au Nunavut dans les années 60 et il est reparti en France en 1993. (Lieve Halsberghe/Archives)

Un rapport indépendant visant à faire la lumière sur les circonstances entourant le départ du prêtre français Johannes Rivoire du pays, accusé de crimes sexuels sur des enfants inuit, conclut que « les autorités ecclésiastiques du Nunavut n’ont ni caché ni organisé la fuite de Johannes Rivoire en 1993 du Canada vers la France. »

L’enquête indépendante avait été confiée par les congrégations des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe Canada et des Oblats de la Province de France au juge à la retraite de la Cour supérieure du Québec, André Denis.

«Je me suis rendu à Marseille, Lyon, Ottawa, Winnipeg, au Centre du Patrimoine de la Société historique de Saint-Boniface, au Nunavut et à Montréal où j’ai consulté toutes les archives dont j’avais besoin», écrit ce dernier, en préambule de son rapport.

André Denis, juge retraité de la Cour supérieure du Québec, a été mandaté pour mener à bien le rapport sur Johannes Rivoire. (Guillaume Levasseur)

À la suite de son enquête, le juge à la retraite conclut que Johannes Rivoire a commis les agressions sexuelles sur cinq enfants mineurs à Naujaat, au Nunavut, entre les années 1968 et 1970 et sur une enfant mineure à Arviat et Whale Cove entre 1974 et 1979, dont il est accusé.

«J’ai agi, tout au long de mes travaux, comme un juge agit en cour. Je me suis fondé sur des faits précis, graves et concordants pour en arriver à des conclusions basées sur des témoignages et des documents qui avaient un degré de preuve satisfaisant», écrit André Denis.

Il ajoute qu’il ne s’est pas pour autant substitué à la décision d’un juge ou d’un jury qui aurait à se prononcer sur l’innocence ou la culpabilité de Johannes Rivoire au cours d’un procès criminel.»

Dans une entrevue avec le prêtre, aujourd’hui âgé de 92 ans, celui-ci nie de nouveau les allégations et assure ne jamais avoir agressé un enfant, suggérant même que les personnes qui l’accusent «veulent peut-être soutirer de l’argent aux Oblats compte tenu de la situation actuelle des abus sexuels».

«Je ne crois pas la version des faits qu’il m’a donnée lors de notre rencontre du printemps 2023 à Lyon, en France», soutient toutefois André Denis, ajoutant que Johannes Rivoire «a caché́ à ses supérieurs oblats de France son passé criminel au Canada».

Un renvoi symbolique recommandé

Dans son rapport, le juge à la retraite André Denis suggère au Supérieur général des Oblats à Rome de revoir sa décision et de permettre l’exclusion de Johannes Rivoire de la communauté oblate de France.

Il souligne cependant que cette mesure serait «symbolique» puisque Johannes Rivoire serait néanmoins autorisé à continuer de vivre à la Maison des Oblats à Lyon.

Dans une déclaration commune, les congrégations des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe Canada et des Oblats de la Province de France ont de leur côté présenté des excuses «à toute personne ayant subi un préjudice de la part d’un missionnaire oblat». Ils s’excusent également de ne pas avoir agi plus tôt.

C’est le cœur lourd que nous acceptons les conclusions du rapport.

– Les congrégations OMI Lacombe Canada et les Oblats de la Province de France

Ils reconnaissent toutefois «qu’en raison de sa santé déclinante et de ses traitements avancés contre le cancer, il ne sera peut-être jamais officiellement renvoyé de l’état clérical ou ne fera jamais l’objet d’un procès.»

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