Grand Nord canadien : des Oblats lancent une enquête sur le prêtre Johannes Rivoire
Les congrégations des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe Canada et des Oblats de la Province de France ont récemment mandaté le juge québécois André Denis pour mener la Commission oblate de sauvegarde, une enquête indépendante liée au prêtre français Johannes Rivoire, accusé de plusieurs crimes sexuels sur des enfants inuit.
« Nous voulons mieux comprendre comment les allégations d’abus ont été traitées au sein de la communauté », résume le chef de l’ordre des Oblats de Marie-Immaculée (OMI) Lacombe, le père Ken Thorson.
« Nous voulons déterminer des pistes d’amélioration à apporter à notre politique et à notre gouvernance afin de mieux protéger les mineurs. Nous voulons assurer un haut niveau de transparence et de responsabilité », ajoute-t-il.
Le prêtre Johannes Rivoire fait l’objet d’allégations d’agressions sexuelles qu’il aurait commises sur des enfants inuit, au Nunavut, dans les années 1960 et 1970. Au cours des derniers mois, des représentants inuit et des leaders de Be Brave France, un groupe de défense de victimes de pédocriminalité, ont demandé son extradition au Canada. La France a toutefois rejeté cette demande.
Au cours des dernières années, le juge à la retraite André Denis, qui a siégé à la Cour supérieure du Québec, a pris part à deux examens publics pour l’Archidiocèse de Montréal.
« Je suis heureux de me retrouver à la tête de cette commission et je souhaite que mes conclusions contribuent à éclairer cette page d’histoire, tout en permettant aux Oblats d’instaurer des normes plus élevées en matière de responsabilité et de sécurité », a déclaré le juge, le 12 juin, dans un communiqué de presse.
Pour effectuer l’enquête indépendante, le père Ken Thorson indique que le juge André Denis aura accès à tous les dossiers pertinents du personnel et aux documents d’archives des provinces oblates d’OMI Lacombe Canada et de France.
Selon la province oblate d’OMI Lacombe Canada, l’enquête mènera à l’élaboration d’un rapport final qui sera rendu public en français, en anglais et en inuktitut au plus tard le 1er avril 2024.
Réactions positives
Steve Mapsalak, victime alléguée du prêtre Johannes Rivoire et ancien député territorial du Nunavut, voit dans l’ensemble cette commission d’un bon œil, mais il souhaiterait une action plus rapide. « Je suis heureux que ce se soit pris en main. J’espère qu’elle prendra moins d’un an, car les choses traînent depuis beaucoup trop longtemps et […] nous souffrons », dit-il.
L’organisme national qui représente les Inuit, Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), espère que l’enquête indépendante sera porteuse de changements au sein de l’Église catholique. L’organisme ajoute qu’il cherche toujours à traduire le prêtre devant la justice.
La députée fédérale du Nunavut, Lori Idlout, affirme quant à elle que la Commission oblate de sauvegarde « reconnaît que les accusés ont besoin d’une occasion de faire entendre leur version de l’histoire ».
Avec des informations de Juanita Taylor et de La Presse canadienne
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