Épidémie de tuberculose au Nunavut : la campagne de dépistage commence à Naujaat

Naujaat est la troisième collectivité actuellement touchée par une épidémie de tuberculose. (Havard Gould/CBC)

Avec Matisse Harvey, Radio-Canada

Avec une vingtaine de cas de tuberculose active et une centaine d’autre latente à Naujaat, le ministère de la Santé du Nunavut a pris la décision d’organiser un dépistage massif dans le hameau afin de freiner la progression de la maladie. La clinique mobile s’y est installée lundi.

«Il pourrait y avoir beaucoup d’autres cas sans qu’on le sache, sans qu’il y ait de symptômes», explique la médecin hygiéniste adjointe du Nunavut, la Dre Ekua Agyemang. 

Il y a un an, en mai 2023, le territoire avait décrété qu’une épidémie de tuberculose était en cours dans la communauté de Naujaat. «À partir de ce moment, on augmente les enquêtes pour savoir avec qui les personnes infectées ont été en contact. Quand nous avons de bonnes raisons de croire que quelqu’un a pu être contaminé, nous commençons un traitement par prévention», indique la Dre Agyemang. 

Selon le maire Kevin Tegumiar, la Municipalité militait pour la tenue d’une clinique de dépistage depuis plusieurs mois. «En l’absence de données, il est difficile de savoir où nous en sommes. La clinique va nous aider à avoir une meilleure lecture [de la situation]», dit-il.

Il ajoute que trois résidents sont décédés de la tuberculose depuis le début de l’épidémie, le 16 mai 2023, ce que le ministère de la Santé a confirmé en entrevue avec CBC.

Le nombre de cas étant suffisamment élevé depuis le début de l’année, la décision a été prise de procéder à un dépistage global à Naujaat. 

Deux médecins et quatre infirmières sont sur place. «Nous avons aussi dans notre équipe des techniciens aux rayons X, des interprètes et plusieurs membres de la communauté qui aident à coordonner tout ça», dit la Dre Ekua Agyemang.

Elle est sûre que cette solide équipe fera du bon travail. 

La tuberculose est une maladie grave. Les jeunes enfants et les personnes âgées y sont particulièrement vulnérables. Les symptômes à surveiller sont, notamment, de la toux persistante, de la fatigue extrême, de la fièvre, une perte d’appétit ou des sueurs nocturnes. 

Deux autres épidémies

Pendant ce temps, des épidémies sont toujours en cours à Pond Inlet et à Pangnirtung.

Cette dernière a tenu une clinique de dépistage au courant de l’automne, qui a permis de tester environ 70 % de la population.

«Il est certain qu’il reste du travail à faire. Mais à ce stade-ci, la communauté de Pangnirtung se porte bien», assure la médecin hygiéniste adjointe.

Éradiquer la maladie, un problème de confiance

En 2018, Ottawa et l’organisme national Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) ont annoncé un plan visant à réduire de moitié le taux d’infection par la tuberculose active dans les communautés inuit du pays d’ici 2025 et à éradiquer la maladie d’ici 2030.

À savoir si le gouvernement fédéral en fait suffisamment pour atteindre cet objectif, la Dre Agyemang estime que oui. Selon elle, avec les moyens actuels, il serait possible de lutter efficacement contre la tuberculose. 

Elle mentionne que de province en province, et en comparaison avec les territoires, la situation est bien différente. Au Nunavut, le fait que certaines communautés soient si éloignées rend la lutte contre la maladie très compliquée. 

Elle croit par contre que le problème vient de plus loin. «Il y a tout le contexte du colonialisme sous-jacent qui rend les gens nerveux. Il n’y a pas si longtemps, on envoyait les malades dans des sanatoriums dans le sud contre leur gré. Aujourd’hui, certaines personnes peuvent avoir des symptômes et savoir qu’ils sont peut-être infectés, mais ils ont peur de ce qui va leur arriver en raison de ce trauma. Alors, ils restent chez eux.»

À Naujaat, le hameau compte environ 1200 habitants. La santé publique espère tester l’ensemble de la communauté d’ici la fin du mois de mai. 

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