Droits de douane : Skagway, une localité prise en étau entre l’Alaska et le Canada

Un quai en Alaska.
Depuis une cinquantaine d’années, les entreprises minières yukonnaises utilisent le port de Skagway, en Alaska, qui est l’accès le plus direct à l’océan Pacifique et aux marchés internationaux. (Photo d’archives : Radio-Canada/Claudiane Samson)

Des résidents de Skagway, une localité en Alaska située à la frontière du Yukon, déplorent la mise en place des tarifs douaniers américains. Ils dépendent largement du Canada, notamment pour s’approvisionner, et assurent que la politique américaine ne reflète pas la relation étroite qu’ils entretiennent avec leurs voisins canadiens.

La seule route menant à Skagway passe par la Colombie-Britannique et le Yukon. La localité est située à seulement deux heures de route de Whitehorse.

Les 1200 résidents sont liés, voire dépendants du Canada pour acheter leur épicerie, leurs matériaux ou simplement pour les activités sportives et de loisirs.

Mike Healy est propriétaire de la brasserie Skagway Brewing Company. Il décrit cette instabilité et cette incertitude comme étant chaotiques.

C’est comme si nous nous réveillons ce matin, espérant que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve et qu’il allait disparaître, et voilà qu’il se réalise.

Comme beaucoup de résidents, il se rend à Whitehorse environ toutes les deux semaines pour se réapprovisionner, notamment en CO2 et en nitrogène, nécessaires pour sa brasserie.

Je dirais que nous allons devoir augmenter probablement de 4 % à 5 % le prix des menus, uniquement en raison des tarifs douaniers, affirme Mike Healy, propriétaire, Skagway Brewing Company.


Mike Healy dit vouloir adopter un comportement aussi écologique que possible, mais les tarifs douaniers pourraient le forcer à se réapprovisionner à Seattle, ce qui semble incohérent sur le plan écologique et économique.
Mike Healy tenant une bière avec le sourire.
Mike Healy, propriétaire de Skagway Brewing Company, se rend régulièrement à Whitehorse pour s’approvisionner en produits alimentaires, en fournitures pour son entreprise et pour voir ses amis canadiens. (Photo : Radio-Canada/Mike Healy)

Nina Seizov est propriétaire de la boutique de cadeaux Skagway Mercantile. Elle vend notamment des produits autochtones et canadiens. Elle explique que la petite ville de Skagway, étant difficilement accessible, est déjà en proie à des prix excessifs. Elle n’est cependant pas sûre de l’effet qu’auront les tarifs douaniers sur les produits de sa boutique.

C’est vraiment malheureux, car nous aimons soutenir non seulement les propriétaires d’entreprises autochtones, mais aussi les propriétaires de petites entreprises canadiennes, dit Nina Seizov, propriétaire, Skagway Mercantile.


Le logement pas épargné

Pour loger ses employés, Mike Healy a construit plusieurs logements. Actuellement, son projet d’agrandissement est mis sur pause.

Je vois le coût du bois de construction augmenter à cause de ces droits de douane. Je vois l’acier augmenter à cause de ces droits de douane, explique Mike Healy, propriétaire, Skagway Brewing Company. C’est malheureux, car Skagway a besoin de beaucoup plus de logements.

Nina Seizov raconte avoir eu des difficultés pendant des années pour trouver une maison pour sa famille. Elle a récemment investi dans une maison préfabriquée grâce à une entreprise de Whitehorse. Si les tarifs douaniers avaient été mis en place plus tôt, elle pense que la livraison de sa maison aurait été affectée.

Hier, mon mari s’est rendu à Whitehorse pour acheter des meubles pour notre nouvelle maison. C’est la meilleure option, mais c’est aussi un beau trajet et une belle escapade.

Scott Raia, agent de train et résident à Skagway, construit une maison pour sa famille. Il dit avoir installé un poêle à bois pour réduire les coûts liés au pétrole pour le chauffage de sa maison. Il craint désormais de devoir se faire livrer des granulés provenant de Juneau par bateau, ce qui est bien plus coûteux que de s’approvisionner directement à Whitehorse.

Je me sens rempli de colère à l’idée que cela va m’affecter personnellement et financièrement, raconte Scott Raia, résident de Skagway.

La nourriture, moins chère au Canada

Scott Raia pense que les tarifs douaniers vont également avoir un effet sur l’achat de la nourriture. Il explique qu’il trouve à Whitehorse des aliments dont la fraîcheur n’est pas comparable à ceux qui sont livrés par barge.

Nous avons une petite fille de 3 ans qui a besoin de manger et, pour l’instant, elle mange seulement des myrtilles pour le petit déjeuner.

Mike Healy et Nina Seizov sont également d’avis que les prix des aliments sont plus avantageux mais aussi de meilleure qualité du côté canadien. Il va falloir vérifier tout ce que l’on veut acheter et voir où c’est fabriqué. Devrons-nous mettre de côté les produits fabriqués au Canada?, s’interroge Nina Seizov.

« Cela nous brise le coeur »

Orion Hanson, membre de l’assemblée locale, a déclaré qu’il était extrêmement préoccupé par l’augmentation potentielle du coût de la vie à Skagway et de ce que cela pourrait signifier pour les relations de voisinage traditionnellement étroites. Une guerre commerciale prolongée et dévastatrice pourrait accroître l’animosité entre les deux pays, dit-il.

Scott Raia espère que les Canadiens continueront de se sentir les bienvenus à Skagway, d’autant plus que la localité est liée au Yukon par les événements sportifs et de la vie quotidienne.

« Whitehorse est l’endroit le plus proche où nous pouvons suivre des cours de natation et où l’on peut regarder un film dans une salle de cinéma », dit-il.

Nous aimons le Canada, nous aimons Whitehorse. Cela nous brise le cœur et nous sommes vraiment désolés, dit Nina Seizov, résidente de Skagway.

« J’ai toujours dit qu’il y a des possibilités dans le chaos et j’espère que, aujourd’hui, cette possibilité est de renforcer nos relations », dit Mike Healy.

Avec les informations de Virginie Ann

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