Des problèmes d’eau affligent les résidents du Nunavik
Alors que les problèmes d’accès à l’eau se multiplient dans certaines communautés du Nunavik, plusieurs résidents se questionnent sur l’efficacité du système de distribution d’eau potable et de collecte des eaux usées, basé sur l’utilisation de camions-citernes.
La médecin Sarah Bergeron a l’habitude des coupures d’eau au village de Puvirnituq, où elle réside et travaille.
Il arrive souvent qu’elle soit obligée de laver ses cheveux dans un bol d’eau, qu’elle vide ensuite à l’extérieur, car son réservoir d’eaux usées est plein. La situation se serait toutefois empirée récemment.
Il y a quelques semaines, une interruption l’a privée d’eau pendant 10 jours consécutifs.
«Tu y penses le matin en te levant, au travail. Tu y penses quand tu vas au lit le soir», dit l’omnipraticienne.
Tout le monde tente de partager ses propres astuces, mais il n’y a pas de solution à long terme.
– Sarah Bergeron, résidente de Puvirnituq
Comme dans la majorité des 14 villages du Nunavik, les maisons ne sont pas alimentées en eau avec des aqueducs souterrains.
Le pergélisol empêche l’installation de telles infrastructures. L’eau potable est plutôt acheminée par camion. Même chose pour les eaux usées, qui sont conservées dans des réservoirs et vidées régulièrement.
Dans certains villages, des problèmes mécaniques sur ces camions, additionnés au manque de pièces de rechange et de main-d’œuvre qualifiée, peuvent grandement nuire à la livraison d’eau.
Des villages isolés
Le petit village d’Aupaluk, sur les berges de la baie d’Ungava, est frappé de plein fouet par ces problèmes d’accès à l’eau.
La Municipalité tente par tous les moyens d’améliorer l’efficacité du service, sans succès. Un des deux camions-citernes du village a brisé, et la station de traitement peine à répondre à la demande.
«Nous avons discuté avec l’Administration régionale Kativik (ARK) du manque d’eau dans notre réservoir pour passer l’hiver», a déclaré le maire d’Aupaluk, David Angutinguak.
La population augmente, la demande d’eau aussi, et nous avons beaucoup de plaintes des résidents.
– David Angutinguak, maire d’Aupaluk
Ce dernier a commandé une centaine de bidons de 18 litres d’eau pour la communauté. Une seconde commande serait aussi en route. Le prix exorbitant du transport rend toutefois cette solution peu envisageable à long terme.
Ces 200 bidons ont coûté 6000 $, selon le maire, qui se désole que ses demandes répétées auprès de l’administration régionale pour avoir de nouveaux camions de livraison n’aient toujours pas donnés de résultats.
L’ARK assure de son côté qu’elle visite régulièrement les communautés pour offrir des formations et des conseils sur la bonne gestion des infrastructures d’eau, lesquelles sont de compétence municipale.
«On se fait souvent rappeler à quel point la vie dans nos villages nordiques est parfois difficile, et que la capacité des municipalités à fournir les services essentiels est ardue», a dit l’ARK par courriel.
Problème de santé publique
Le manque d’eau aurait aussi des conséquences sur la santé des résidents en favorisant la prolifération de germes et bactéries, selon la santé publique régionale.
«Les résidents ne peuvent pas prendre leur douche ni laver leurs vêtements ou la vaisselle de manière régulière […]. Certaines personnes ont même dû utiliser des sacs en plastique plutôt que des toilettes», a expliqué Amélie Desjardins-Tessier, médecin en santé publique à la Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik.
Elle espère par ailleurs que la question sera résolue une fois pour toutes, car les besoins en eau risquent d’augmenter.
« La population grandit. Nous avons déjà de la misère à répondre aux besoins des gens avec l’équipement et les ressources que nous avons maintenant », a conclu Amélie Desjardins-Tessier.
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