Une situation «critique» pour les enfants au Nunavik, selon la Commission des droits

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) estime que les enfants inuit du Nunavik n’ont pas accès aux services de protection auxquels ils ont droit, et interpelle le gouvernement québécois pour que des actions immédiates soient entreprises.
Dans un rapport publié vendredi, la Commission revient sur certaines recommandations faites il y a plus de 15 ans lors d’une précédente enquête. Elle constate que la situation s’est aggravée depuis.
Près d’un enfant sur cinq est aujourd’hui pris en charge par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) au Nunavik, soit environ six fois plus que dans le reste de la province.
«C’est inacceptable. Nous constatons que plusieurs enjeux identifiés dans notre enquête de 2007 sont toujours d’actualité», a déclaré par voie de communiqué le président de la CDPDJ, Philippe-André Tessier.
L’efficacité des actions structurantes mises en place est limitée par d’importantes problématiques liées entre autres aux conditions de vie des enfants et des familles et à l’insuffisance des ressources humaines dans les services sociaux.
– Philippe-André Tessier, président de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec
La Commission a émis une série de recommandations à l’attention de Québec. Il est notamment question de complètement repenser les services de protection de l’enfance, en fonction «des besoins réels des enfants inuit», dans une démarche de sécurisation culturelle.
Combler les besoins en main-d’œuvre et logement
Le rapport recommande aussi de combler les besoins en main-d’œuvre, en levant les barrières au recrutement de personnel.
Le manque de main-d’œuvre dans les services de protection de l’enfance a mené à quelques situations dramatiques dans les dernières années.

Le rapport fait état que la moitié des postes en protection de la jeunesse sont pourvus par du personnel temporaire, dont la durée moyenne d’emplois est de 18 mois seulement.
Une situation qui «nuit aussi bien à la continuité des services qu’au développement de relations de confiance avec les enfants, les familles et les communautés plus largement», soulignent les auteurs du rapport.
Ces derniers demandent aussi à Québec de favoriser l’embauche et la rétention de personnel inuit, en lui accordant les mêmes conditions de travail que les employés allochtones.
Finalement, la CDPDJ souhaite que Québec augmente la vitesse de construction de logements au Nunavik.
Selon l’Office d’habitation du Nunavik, la région a besoin d’environ 800 unités d’habitation. Cette pénurie exacerbe certains problèmes sociaux et sanitaires.
Selon les données de recensement de 2021 de Statistique Canada, 47 % des logements sont surpeuplés dans la région.

«Tout doit être fait pour éviter que les enfants se retrouvent sous la responsabilité des directions de la protection de la jeunesse et, lorsque c’est le cas, les enfants et les familles doivent avoir pleinement accès aux services auxquels ils ont droit», ajoute Phillippe-André Tessier.
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