Canada : investissement de 11 millions de dollars pour lutter contre le suicide chez les Inuit

Le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), Natan Obed, a rappelé que les suicides touchaient presque toutes les familles inuit. (Adam Scotti/Bureau du premier ministre du Canada)
Ottawa injecte 11 millions de dollars de plus pour renforcer la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les Inuit. Une somme appréciée et nécessaire, a souligné le leader inuk Natan Obed, car les communautés inuit sont parmi celles qui ont les taux de suicide les plus élevés au Canada : de 6 à 25 fois plus que celui de la population générale.

Avertissement : cet article aborde la question du suicide. Si vous ou quelqu’un que vous connaissez pensez au suicide, appelez Parlons suicide Canada au 1-833-456-4566, 24 heures sur 24.

« Ces taux nationaux pour les Inuit sont inacceptables et constituent une réalité de santé publique inacceptable », a lancé le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), Natan Obed.

Chaque personne que vous connaissez dans notre communauté a un lien avec le suicide. On a tous perdu des membres de notre famille, des amis.Natan Obed, président d'ITK

« Nous avons un défi permanent de suicide et d’idées suicidaires dans nos communautés […] Ce sont des réalités difficiles, mais sur lesquelles nous savons que nous pouvons travailler à un niveau systémique pour changer », a-t-il poursuivi.

Ces 11 millions seront destinés aux quatre régions inuit du Canada (Inuvialuit, Nunavut, Nunavik, Nunatsiavut) représentées par l’organisme.

Selon Natan Obed, ces régions décideront dans quels domaines prioritaires elles mettront en œuvre ces fonds, mais la réduction des facteurs de risque et la protection sont les priorités.

Il a cité comme exemple un programme de premiers soins en santé mentale spécifique aux Inuit, mais aussi des services d’écoute téléphonique pour enfants, la réduction des abus sexuels, de la pauvreté, le travail sur le logement et la sécurité alimentaire.

« Les préoccupations autour de l’éducation, du logement, de l’insécurité alimentaire, ce sont toutes des choses qui sont en interaction et qui finissent par devenir des facteurs de risque. Nous savons qu’elles ont un effet cumulatif sur les idées suicidaires », a précisé le leader inuk.

Par exemple, selon le dernier rapport de Statistique Canada, près de la moitié des foyers du Nunavik sont surpeuplés.

La ministre fédérale des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a annoncé dans un communiqué avoir conclu une entente dans le dossier de l’émancipation des Autochtones. (Justin Tang/La Presse canadienne)

La ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a souligné l’importance de « continuer d’investir dans l’amélioration du logement, de l’éducation, de la sécurité alimentaire et de l’accès aux soins de santé, et de travailler encore plus fort pour mettre fin à la discrimination et au racisme systémiques ».

Elle a relaté avoir réfléchi à sa propre jeunesse à Toronto en tant que jeune femme, puis en tant que mère célibataire.

« J’ai souvent eu besoin de demander de l’aide. Il y a eu de nombreuses fois où j’ai eu besoin de soutien pour certains des défis que j’ai dû relever », a-t-elle raconté. « Et ils étaient là pour moi, ils n’étaient pas tous de qualité égale, mais ils étaient là. »

Tout le monde n’a pas cette expérience dans les communautés de ce pays. Tout le monde n’a pas accès à des programmes de soutien ou à des approches qui sont vraiment conçues pour aider les gens quand ils en ont le plus besoin.Patty Hajdu, ministre des Services aux Autochtones

En 2016, le gouvernement canadien avait investi 9 millions de dollars sur trois ans pour appuyer la mise en œuvre de la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les Inuit, une stratégie conçue et dirigée par les Inuit. En 2019, 50 millions de dollars sur 10 ans de plus avaient été annoncés.

Natan Obed s’est dit incertain de savoir s’il y avait eu une diminution sensible des décès par suicide, rappelant la difficulté de calculer les taux de suicide, mais aussi les pensées suicidaires, « surtout dans une optique spécifique aux Inuit ».

« Il est également difficile de quantifier le nombre de fois que vous avez pu avoir une influence ou que la stratégie a eu une influence sur la résilience des Inuit qui, autrement, auraient pu être à risque s’ils n’avaient pas eu accès à ces programmes ou services », a précisé Natan Obed.

Selon lui, c’est donc un travail de longue haleine, pas quelque chose qui va être fait en deux ou trois ans.

Ces 11 millions supplémentaires proviennent des mesures du budget de 2022.

Marie-Laure Josselin, Radio-Canada

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