Fuite confirmée à la mine Eagle Gold, au Yukon
Il y a bel et bien eu une fuite le 24 juin à la mine Eagle Gold, au Yukon, et les experts s’affairent à empêcher d’autres évènements néfastes pour l’environnement.
En conférence de presse le 4 juillet, le ministre de l’Énergie, des Mines et des Ressources, John Streicker, a révélé les résultats d’échantillonnages d’eau collectés près du site minier appartenant à Victoria Gold le lendemain du bris de l’aire de lixiviation, où l’or est séparé de la gangue grâce à une solution de cyanure.
Le bris est lié à un glissement du tas de minerai.
Du cyanure à Haggart Creek
En vertu du permis d’utilisation de l’eau accordé à Victoria Gold, l’eau quittant le site doit contenir un maximum de cyanure de cinq parties par milliard, ou 0,005 mg par litre. L’échantillon pris au bas du glissement indique 8,58 mg par litre. Cette eau est déviée vers une structure de confinement […]. En aval, deux sites à Dublin Gulch montrent des niveaux minimes de cyanure, à moins de 0,001 mg par litre et moins de 0,001 mg par litre. Un échantillon préoccupant collecté à Haggart Creek […] montre des degrés élevés de cyanure à 0,04 mg par litre, a expliqué M. Streicker.
Dans un communiqué publié le 4 juillet, Victoria Gold affirme pourtant que ses échantillonnages n’ont pas détecté de cyanure en aval de sa propriété. Elle affirme qu’un système de pompage de l’eau a été mis en place quelques heures après l’incident pour retourner l’eau contaminée dans des bassins de résidus.
Cependant, deux des quatre millions de tonnes de minerai auraient quitté la zone de confinement, qui contenaient un pourcentage de 8 à 14 % de liquide contaminé.
Eau toujours potable
Le gouvernement du Yukon avance que le niveau de cyanure dans Haggart Creek pourrait nuire aux poissons, selon les interactions avec d’autres produits chimiques présents dans l’eau.
L’échantillonnage d’eau, compliqué par la présence de feux de forêt, doit continuer. De plus, des tests sur la toxicité des poissons sont en cour.
Le médecin hygiéniste en chef du Yukon, Sudit Ranade, s’est voulu rassurant pour la santé des communautés environnantes.
Les échantillons d’eau du réseau d’eau potable ne suscitent aucune préoccupation, a dit le docteur. Cette information est appuyée par les analyses du bassin versant faites par le ministère de l’Environnement.
Par précaution toutefois, il recommande à la population d’éviter les usages récréatifs de l’eau dans le secteur immédiat de la mine
La mine, située sur le territoire de la Première Nation Na-Cho Nyäk Dun, se trouve à environ 80 kilomètres de Mayo.
Des experts ont découvert des problèmes de stabilité sur le site d’Eagle Gold, qui pourrait entraîner un autre glissement de terrain, avec des risques inhérents de contamination environnementale.
Les risques de défaillance secondaire ou de réactivation de la défaillance sont très inquiétants, particulièrement à mesure qu’on s’approche de la saison des pluies, a dit Mark Smith, un ingénieur géotechnique et spécialiste de la lixiviation en tas, engagé par le gouvernement du Yukon pour l’occasion.
« Le site devrait recevoir 100 millimètres de pluie en juillet et en août, chaque mois. »
Il s’est dit préoccupé par les conséquences de l’érosion sur la chute des sédiments à partir d’un escarpement très à pic.
C’est trop escarpé pour être stable, a indiqué M. Smith. Cette pente va s’effondrer dans une grosse pluie, ou Victoria Gold va trouver une façon de prévenir ça.
« La compagnie est très consciente de ce risque, Na-Cho Niäk Dun est très consciente de ce risque et nous en sommes très conscients », a souligné le sous-ministre adjoint de l’Énergie, des Mines et des Ressources, Stephen Mead.
Une garantie suffisante?
Dans son premier communiqué publié depuis l’incident du 24 juin, Victoria Gold a fait état d’une situation financière préoccupante. Elle cesse d’ailleurs ses opérations minières à Eagle Gold jusqu’à nouvel ordre.
M. Streicker a toutefois précisé que le montant de garantie de 104 millions de dollars, prévu pour des situations comme celle-ci, est entre les mains du gouvernement.
Ce montant, a ajouté M. Mead, était basé sur un plan d’assainissement soumis par la compagnie et la situation a changé.
J’aimerais souligner que c’est le site de la compagnie et que c’est sa responsabilité de gérer et de résoudre la défaillance, a mentionné la directrice des ressources minérales, Kelly Constable […]. Nous exigeons que la compagnie fournisse des informations additionnelles, cela inclut des mises à jour quotidiennes sur les activités de gestion de l’eau. Nous voulons aussi un plan mis à jour de la gestion de l’eau et un plan d’intervention d’urgence d’ici à là fin de cette semaine [6 juillet].
Exigences de Na-Cho Nyäk Dun
Suite à la défaillance d’Eagle Gold, la Première Nation de Na-Cho Nyäk Dun a exigé la fin des opérations minières au Yukon et une enquête indépendante sur l’incident du 24 juin. La Première Nation de White River a appuyé cette dernière requête.
Il y a des décennies que nous sonnons l’alarme sur le besoin de développement durable et d’activité minière responsable, a écrit la cheffe de Na-Cho Nyäk Dun, Dawna Hope, dans un communiqué daté du 3 juillet.
« Il doit y avoir une enquête indépendante pour comprendre les impacts environnementaux du désastre. Toutes les activités minières doivent cesser jusqu’à ce qu’il y ait un plan d’aménagement du territoire qui limite le développement et inclut une supervision rigoureuse des opérations minières et industrielles sur notre territoire. Nous allons envisager toutes les avenues possibles, y compris les options légales […] pour que cette catastrophe environnementale soit résolue. »
M. Streicker a dit être en contact constant avec la Première Nation.
À lire aussi :