Le projet éolien de la mine Meliadine suscite des divisions dans la région de Kivalliq

L’emplacement de la mine Meliadine, près de Rankin (Radio-Canada/Matisse Harvey)

La proposition de l’entreprise Agnico Eagle d’installer un parc éolien sur l’emplacement de sa mine d’or Meliadine, dans le sud du Nunavut, a fait l’objet de nombreux échanges lors des audiences publiques à Rankin Inlet ces derniers jours. Le projet énergétique, qui doit contribuer à prolonger la durée de vie de la mine, jusqu’en 2043, suscite toutefois des divisions dans la région.

La mine Meliadine est située à 25 km de la communauté de Rankin Inlet, dans le sud du territoire. L’entreprise Agnico Eagle, qui exploite cette mine depuis 2019, a soumis une série de propositions, dont l’installation de 11 éoliennes pour alimenter ses installations en électricité.

Une éolienne installée par l’entreprise Tugliq Énergie à la mine Raglan, au Nunavik, en 2015. (Tugliq Énergie/Michelle Marquie)

S’il va de l’avant, ce projet éolien serait le premier de cette envergure à voir le jour sur un site minier au Nunavut. Agnico Eagle affirme qu’il lui permettrait de réduire sa consommation annuelle de diesel d’environ 15 millions de litres.

Cette proposition était au cœur des audiences publiques de la Commission d’aménagement du Nunavut, organisées à Rankin Inlet jusqu’à mercredi. Elles ont notamment réuni des représentants des gouvernements fédéral et territorial, des organisations inuit et de Premières Nations du Manitoba et de la Saskatchewan.

Noel Kaludjak, un représentant de l’Association des chasseurs et des trappeurs Kangiqliniq, à Rankin Inlet, rappelle que le caribou est une source importante de l’alimentation. Il craint surtout les effets indésirables du parc éolien sur les aires de mise bas. (CBC/Emma Tranter)

Inquiétudes liées au caribou

Plusieurs chasseurs redoutent surtout des effets irréversibles du parc éolien sur la harde de caribous de Qamanirjuaq, dont l’aire de répartition couvre à la fois le Nunavut, le Manitoba, le nord-est de la Saskatchewan et le sud-est des Territoires du Nord-Ouest.

L’Association des chasseurs et des trappeurs Kangiqliniq, à Rankin Inlet, s’est d’ailleurs déclarée contre le projet éolien en raison de sa trop grande proximité avec les aires de mise bas des caribous.

« L’idée semble bonne, telle qu’elle est présentée actuellement, mais en réalité, ce sera une tout autre histoire, a affirmé l’un des représentants de l’association, Noel Kaludjak. [Le projet] va perturber les migrations de hardes de caribous et bouleverser leur habitat naturel. »

Malgré son désaccord avec le projet tel qu’il est proposé, l’association soutient la création d’une source d’énergie respectueuse de l’environnement pour la mine, a précisé Noel Kaludjak.

Les audiences publiques qui ont débuté le 12 septembre finissent mercredi. Des tables rondes communautaires ont permis au public et à des résidents des communautés de faire des commentaires et de poser des questions. (CBC/Emma Tranter)

Les représentants d’Agnico Eagle ont tenu à se montrer rassurants sur cette question, en promettant de suspendre la construction des éoliennes dès qu’au moins 50 caribous seront aperçus dans un rayon de 5 kilomètres du lieu, ce qui prend environ une minute.

Durant l’audience, le gouvernement du Nunavut a indiqué qu’il souhaitait que ce seuil passe à 10 kilomètres.

L’entreprise a déjà mis en place plusieurs mesures pour atténuer les effets sur le caribou comme l’arrêt de tous les travaux de surface et la fermeture de la route d’accès lorsque des caribous sont repérés à proximité.

Des données présentées durant les audiences ont d’ailleurs montré que la mine a cessé ses travaux de surface à une vingtaine de reprises en raison du passage de caribous en 2023, alors que cela avait été le cas neuf fois en 2020. Depuis le début de l’année, elle a aussi fermé 26 fois sa route d’accès pour la même raison.

Une route d’accès d’environ 25 kilomètres relie toute l’année l’emplacement de la mine Meliadine et la communauté de Rankin Inlet. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Perspectives économiques

Certains résidents ont souligné l’importance des activités de la mine Meliadine dans l’économie de la région. C’est notamment la perspective de Simeonie Sammurtok, qui réside à Chesterfield Inlet, où les possibilités d’emplois sont limitées, selon lui. « Nous nous inquiétons pour nos jeunes et nous nous demandons de quelle manière nous pouvons les soutenir. »

Le maire de Whale Cove, Percy Kabloona, est du même avis. « Nous soutenons toujours les entreprises et les emplois que nous n’avons pas dans notre communauté. »

La Commission d’aménagement du Nunavut acceptera pour une durée indéterminée des commentaires écrits du public au sujet du projet. Une fois ce processus terminé, elle aura 45 jours pour formuler une série de recommandations dans un rapport final. Il incombera ensuite au ministre des Affaires du Nord, Daniel Vandal, de décider si le projet d’agrandissement ira de l’avant.

Avec les informations d’Emma Tranter

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