Une rentrée une nouvelle fois marquée par le manque d’enseignants en région

Deux enfants dessinent
Dans certains villages, les classes doivent être jumelées à cause du manque d’enseignants. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Alors que les élèves du Nunavik sont officiellement de retour sur les bancs d’école, il reste 71 postes d’enseignants à pourvoir dans la région. La commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq jumelle donc des classes, annule des périodes d’enseignement et retarde même la rentrée pour certains élèves.

La directrice générale de la commission scolaire, Harriet Keleutak, ne cachait pas son exaspération concernant les difficultés de recrutement qui perdurent au Nunavik.

L’année passée, on a commencé l’année scolaire avec 57 postes vacants, cette année c’est 71. La pénurie de main-d’œuvre est très, très difficile ici au Nord, explique-t-elle.

La situation force plusieurs directions d’école à jumeler certaines classes de différents niveaux, surtout au primaire. Il est par exemple fréquent que des enseignants accueillent des élèves de troisième, quatrième et cinquième années dans la même classe.

Tout est mis en œuvre pour éviter au maximum des fermetures temporaires de classe, qui privent certains élèves d’heures d’enseignement.

Malgré les efforts déployés, ces fermetures sont toutefois à prévoir, selon Harriet Keleutak.

Par exemple, dans les cours d’inuktitut, quand il n’y a pas d’enseignant, il y a quelques périodes qui sont annulées. On essaie de trouver des solutions partout, mais c’est très difficile, indique-t-elle.

Les efforts de recrutement se poursuivent malgré tout, et d’autres enseignants sont attendus d’ici les prochaines semaines pour prêter main-forte aux équipes en place, assure Harriet Keleutak.

Des sourires et de l’espoir

Malgré ces défis logistiques, la rentrée se passe bien dans plusieurs écoles de la région. Les sourires et l’excitation se lisaient sur le visage de nombreux élèves de l’école Pitakallak, à Kuujjuaq, vendredi dernier.

La directrice de l’établissement, Gina Jean, s’estimait très chanceuse d’avoir une équipe complète en ce début d’année.

On fait beaucoup de démarchages au village. On approche des jeunes, dans la vingtaine ou la trentaine, qui pourraient être disponibles pour leur proposer de venir travailler. L’année passée, quand je suis arrivée, on a travaillé fort là-dessus, explique Gina Jean.

Maintenant que le recrutement est réglé, elle souhaite poursuivre son travail de mobilisation des parents pour les inclure encore plus dans la réussite des élèves.

Il s’agit, selon elle, d’un élément incontournable dans la réussite scolaire des jeunes du Nunavik, alors que le taux de décrochage dans la région avoisine les 80 %.

Je veux vraiment promouvoir ça cette année. Inviter les parents à venir à l’école pour qu’ils puissent s’investir avec nous, voir que ce n’est pas inutile, voir que les jeunes ont du fun et que les profs aussi. […] C’est d’embarquer dans la communauté et convaincre les jeunes de venir davantage à l’école, ajoute-t-elle.

Des activités culturelles

Tout au nord de la région, au village d’Ivujivik, le directeur de l’école Nuvviti, Thomassie Mangiok, est lui aussi enthousiaste en ce qui concerne cette nouvelle année.

Son équipe est presque complète. Un seul enseignant d’éducation physique est toujours à trouver dans la communauté, ce qui devrait être fait bientôt, estime-t-il.

Ivujivik a tendance à garder ses enseignants longtemps. L’embauche n’a pas été difficile. On a engagé deux nouveaux enseignants. […] On travaille fort pour maintenir une bonne équipe, dit Thomassie Mangiok.

Afin de maintenir la motivation des élèves, de nombreuses activités sportives et culturelles sont proposées.

Ils participent par exemple à la fabrication de kayak traditionnel. Ils apprennent aussi les rudiments de la navigation sécuritaire, comme le faisaient leurs ancêtres.

On est en train de revitaliser notre culture, et le kayak en fait partie. […] En rappelant à nos élèves ce qui est important et en créant des souvenirs positifs grâce aux activités scolaires, ils se sentent mieux à l’école, ajoute le directeur de centre.

En plus d’améliorer la motivation, ce genre d’activités crée selon lui un climat de travail plus sain, qui favorise la rétention de personnel.

Le sourire sur le visage des jeunes qui pagaient sur les eaux froides d’Ivujivik témoigne selon lui de l’importance de ce genre d’activités.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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