Sensibiliser les élèves au travail des Forces armées canadiennes dans le Nord

Une trousse éducative développée par la Galerie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) offre du matériel aux professeurs qui souhaitent aborder la question de la nordicité avec leurs élèves. Nommée L’art cultive…la nordicité, elle est basée sur le contenu d’une exposition de l’artiste montréalaise Emmanuelle Léonard.
C’est la pandémie de COVID-19 qui a encouragé Louise Déry à lancer un projet de trousses d’apprentissage pour les élèves du secondaire. La directrice de la Galerie de l’UQAM a eu l’idée de donner une nouvelle vie à certaines de ses expositions.
« À un moment j’ai réalisé qu’il pourrait être intéressant de réactiver tous les savoirs qu’on avait mis en place pour certaines expos sur des sujets très variés », explique-t-elle en entrevue avec Regard sur l’Arctique.
Six trousses offrant du contenu à présenter en classe ont depuis été développées et l’une des plus récentes porte sur l’Arctique canadien.
On trouvait important d’aborder les questions nordiques autant au niveau politique qu’au niveau stratégique, qu’au niveau climatologique. – Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM
De novembre 2019 à janvier 2020, la Galerie de l’UQAM a présenté Le déploiement, une exposition sur le travail de l’artiste québécoise Emmanuelle Léonard. Cette dernière a effectué, en 2018, un séjour au Nunavut avec les Forces armées canadiennes dans le cadre de leur programme d’art. Elle a documenté le tout en photographie et en vidéo.
L’artiste a notamment assisté au déploiement de l’Opération Nunalivut qui visait à démontrer la capacité des militaires à intervenir dans le froid de l’Extrême-Arctique.
Emmanuelle Léonard a fait plusieurs découvertes au cours de ce voyage. « Ce qu’elle a réalisé c’est que faire de la photographie c’est très souvent attendre », raconte Louise Déry. « Ce qui est intéressant c’est qu’on s’aperçoit que les soldats c’est ça qu’ils font : attendre. Ils attendent des ordres, ils attendent des stratégies. Ils attendent qu’il fasse moins tempête.»
« Ça détourne la perception qu’on a de ce que l’armée fait dans le Grand Nord. […] L’armée est là pour apprendre toutes sortes de choses, pour se familiariser avec toutes sortes de choses, et c’est ce que l’artiste nous dévoile », poursuit celle qui est aussi la commissaire de l’exposition.
Inspirer les plus jeunes
Dès la sortie, en septembre dernier, de la trousse basée sur Le déploiement de nombreux enseignants ont voulu se la procurer. Louise Déry rapporte avoir reçu plus de 50 demandes dans la journée suivant son dévoilement.
La Galerie de l’UQAM envoie à chaque professeur l’ensemble de ses six trousses éducatives. En tout, l’établissement a reçu 103 demandes depuis le mois de septembre.
Les professeurs qui utilisent L’art cultive…la nordicité ont accès à un diaporama incluant certaines œuvres de l’exposition en plus de certains extraits vidéos.
Le contenu porte notamment sur l’utilité des missions dans le Haut-Arctique.

Aussi, la directrice de la Galerie de l’UQAM souligne que les jeunes ont accès aux témoignages de certains militaires.
« De jeunes hommes s’expriment sur pourquoi ils ont voulu aller dans les Forces armées canadiennes, par exemple, et embarquer dans des missions exigeantes [durant lesquelles] il fait moins 60 degrés, ils sont privés de communications externes pendant quelques semaines et ils sont tous les uns sur les autres », raconte-t-elle.
L’artiste-ethnographe
La démarche de l’artiste est omniprésente dans le contenu de la trousse. L’objectif, selon Mme Déry, est aussi de présenter aux élèves ce qu’est le travail d’un créateur qui opte pour une approche documentaire.
Dans le cas des artistes qui font de l’art documentaire, ils adoptent vraiment une position très ouverte sur le monde. C’est souvent des artistes qui font des résidences d’artiste, donc qui trouvent des contextes pour aller explorer des idées qui les intéressent. – Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM
Les étudiants sont eux-mêmes invités à adopter une telle posture à l’issue de la présentation. Ils sont incités à aller explorer un milieu qui les intéresse afin de le documenter.
L’exposition Le déploiement, en plus de voyager dans les classes du Québec, est aussi présentée dans différentes villes depuis sa création. Elle a notamment été exposée à Paris en 2023. Elle sera aussi présentée à l’Île-du-Prince-Édouard en 2026.
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