Les T.N.-O. en voie d’atteindre leurs objectifs de réduction de GES

(Radio-Canada / Liny Lamberink)
L’objectif des Territoires du Nord-Ouest de réduire de 30 % d’ici 2030 ses émissions de gaz à effet de serre devrait être atteint, selon le dernier rapport annuel sur les initiatives énergétiques du territoire.
Ce rapport ainsi que le rapport annuel 2023-2024 sur la lutte contre le changement climatique aux T.N.-O. ont été publiés mardi.
En 2022, l’année des données les plus récentes, le ralentissement de l’activité minière cumulé avec les efforts déployés par les gouvernements et les résidents ont permis de réduire de 22 % les émissions de GES par rapport au niveau de 2005, indique le document.
Toujours en 2022, c’est le secteur du transport qui a généré le plus de GES, soit 61 % de l’ensemble des émissions. Le secteur industriel suivait avec 23 % des émissions totales. Les bâtiments et la production d’électricité comptent pour 9 % et 4 %, respectivement, de l’ensemble de la production de GES au territoire en 2022.
Ultimement, comme il l’a annoncé en octobre 2024, le gouvernement territorial veut atteindre la carboneutralité d’ici 2050, un défi de taille dans un territoire qui n’est pas relié au système de distribution d’électricité nord-américain et qui est dépendant en grande partie des énergies fossiles.
La directrice générale de la NWT Association of Communities (NWTAC) Sara Brown, considère que cet objectif est louable, mais elle n’est pas sûre qu’il soit réaliste.
Cette association regroupe les 33 communautés des T.N.-O. Elle appuie, entre autres, ses membres dans leurs efforts pour s’adapter au changement climatique.
« Dans quelle mesure est-il réalisable dans un environnement dépendant au diesel », demande-t-elle.
Réduire cette dépendance
Comme le rapport sur les initiatives énergétiques l’indique, les T.N.-O. font face à plusieurs défis, notamment l’abordabilité des tarifs d’électricité.
« Les Ténois sont aujourd’hui les résidents du Canada qui paient les tarifs d’électricité les plus élevés au pays, un problème exacerbé par l’inflation, la volatilité des marchés mondiaux et le changement climatique », indique la ministre de l’Infrastructure, Caroline Wawzonek dans le rapport.
En 2023-2024, le gouvernement a versé 30 millions $ à la Société d’énergie des Territoires du Nord-Ouest (NTPC) pour compenser les répercussions des faibles niveaux d’eau sur les tarifs de l’électricité.
Ce faible niveau a obligé la NTPC à utiliser davantage de diesel pour produire de l’électricité. Selon le rapport, en 2023, la moitié de l’électricité a été produite à partir de diesel.

(Getty Images / Pierre Longnus)
Le gouvernement territorial a aussi investi 31,7 millions $ en 2023-2024 pour réduire, entre autres, la dépendance au diesel. Le projet de turbine à Inuvik a été achevé, ce qui permettra d’économiser 3 millions de litres de mazout par an, selon le rapport.
Le gouvernement s’est aussi engagé à établir un corridor de recharge rapide pour véhicules électriques entre Yellowknife et la frontière avec l’Alberta. Deux bornes de recharge ont été installées à Yellowknife en 2023-2024.
S’adapter aux changements climatiques
Parallèlement, le gouvernement territorial a également publié ses principales initiatives en 2023-2024 en matière de lutte contre le changement climatique.
Des consultations menées au cours de cette période ont guidé la préparation de la première évaluation des risques et des possibilités liés au changement climatique aux T.N.-O., un document publié en novembre dernier.
« Le changement climatique continue de toucher tout le monde, mais ses effets sont durement ressentis dans le Nord », peut-on lire dans ce rapport.
Un financement pour créer un poste de cartographe communautaire de terrain pour les trois prochaines années a aussi été obtenu par le gouvernement, ce qui était demandé depuis 14 ans par la NWTAC.
Cela permettra de déterminer les caractéristiques physiques d’une région et les risques naturels, comme les inondations, la dégradation du pergélisol et l’érosion. Le projet a débuté à Tuktoyaktuk et Fort Good Hope, selon Sara Brown.
« Nous avons une idée générale, des cartes indiquant […] les risques pour le pergélisol. Mais elles ne sont pas précises dans les menus détails », indique-t-elle.
Sara Brown trouve que cette cartographie est essentielle pour le développement des communautés.
Il n’y a pas d’évaluation du territoire qui permette aux communautés de prendre des décisions sur l’endroit où elles voudraient développer leur prochain lotissement, par exemple.
Sara Brown, directrice générale de la NWT Association of Communities
Sara Brown dit que les gouvernements communautaires des T.N.-O. ont besoin de plus de ressources et d’aide financière pour s’adapter au changement climatique.
« Quand on leur demande ce qui les garde éveillés la nuit, c’est toujours l’une de leurs trois principales [préoccupations]. »