Menace d’annexion du Groenland : la première ministre danoise réunit les chefs de partis

La première ministre danoise, Mette Frederiksen, assure que les relations entre le Danemark et les États-Unis sont bonnes.
(Getty Images / HENRIK MONTGOMERY / TT News Agency / AFP)

La première ministre danoise Mette Frederiksen réunit jeudi soir les dirigeants des partis danois représentés au Parlement pour les informer des « mesures prises » après les propos de Donald Trump menaçant d’annexer le Groenland.

M. Trump, qui doit prendre ses fonctions le 20 janvier à la Maison-Blanche, a suscité l’incrédulité mardi au Danemark, refusant d’exclure le recours à la force pour annexer ce territoire autonome.

Il a tenu ces propos au moment où son fils Donald Trump Jr était au Groenland pour une visite éclair mais largement médiatisée en tant que touriste.

Le président désigné avait réitéré dès la fin 2024 ses visées expansionnistes en assurant que le contrôle du Groenland était « une nécessité absolue pour la sécurité nationale des États-Unis et la liberté à travers le monde. »

Dans ce contexte, la première ministre danoise a décidé de réunir les chefs des partis représentés au Parlement danois ce jeudi à 19 h 30 (heure locale).

« Rencontrer les chefs des partis nous donne l’occasion de partager les mesures que le gouvernement a prises ces derniers jours », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Lars Løkke Rasmussen, à des journalistes. 

Le Danemark ne se trouve pas dans une crise diplomatique, mais cela ne signifie pas qu’il ne pourrait pas y en avoir une […] si les paroles se transforment en actes, a estimé le ministre.

« Je pense qu’il faut prendre Trump très au sérieux, mais pas nécessairement au pied de la lettre », a ajouté le chef de la diplomatie danoise.

Nous n’avons aucunement l’ambition d’intensifier une guerre des mots avec un président qui va accéder au bureau ovale.

Lars Løkke Rasmussen, ministre danois des Affaires étrangères

L’un des dirigeants de partis conviés jeudi soir, l’ancien ministre des Affaires étrangères Martin Lidegaard (parti social-libéral) a indiqué à l’AFP qu’il jugeait « crucial dans une telle situation d’avoir des informations sur les déclarations de M. Trump et la façon dont elles ont été reçues aux États-Unis, dans l’Union européenne et au Groenland. »

« On ne sait même pas si le Danemark a des droits légaux dessus, mais s’il en a, il doit les abandonner, parce que nous en avons besoin pour une question de sécurité nationale », avait lancé Donald Trump depuis sa résidence Mar-a-Lago en Floride tandis que son fils terminait sa visite à Nuuk. Si Copenhague refuse, le président désigné s’est dit prêt à imposer « des droits de douane très élevés sur les produits danois. »

Donald Trump Jr s’est photographié devant une statue du missionnaire historique danois Hans Egede à son arrivée à Nuuk, la capitale du Groenland, pour une visite privée, a-t-il dit. (Getty Images / EMIL STACH/Ritzau Scanpix/AFP)

« Le Groenland appartient au peuple du Groenland »

Dans une première réaction mardi, la première ministre danoise avait souligné que « le Groenland est aux Groenlandais  » tout en affirmant que les États-Unis étaient « les alliés les plus proches du Danemark », sans s’épancher sur ces menaces.

Donald Trump avait ciblé le Groenland lors de son premier mandat en 2019, disant vouloir l’acheter. Il s’était attiré un refus net de Mme Frederiksen qui avait jugé la proposition « absurde. »

Le Groenland cherche à gagner en souveraineté, mais reste financièrement dépendant de Copenhague.

Le territoire attise les convoitises de la Chine et de la Russie pour ses ressources naturelles – bien que la prospection pétrolière et l’exploitation de l’uranium y soient interdites – et pour son importance géostratégique – les États-Unis y ayant déjà une base militaire.

De son côté, le gouvernement du territoire autonome a réaffirmé sa volonté de contrôler son destin tout en voulant rester proche de l’allié américain.

« Le Groenland appartient au peuple du Groenland – et le développement et l’avenir du Groenland sont décidés uniquement par son peuple », a insisté le gouvernement du territoire autonome danois mercredi dans un communiqué.

La première ministre danoise doit s’entretenir vendredi avec les représentants du Groenland et des îles Féroé, autre territoire autonome danois, pour la réunion bisannuelle du royaume du Danemark.

Elle a assuré dans une publication sur Facebook mercredi que le gouvernement « « »faisait tout pour protéger les intérêts du Danemark et du royaume danois. »

L’UE et la Russie suivent la situation de près

La souveraineté et l’intégrité territoriale du Groenland doivent être respectées, a déclaré jeudi la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Kaja Kallas.

« Le Groenland fait partie du Danemark […], nous devons respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté du Groenland », a commenté Mme Kallas, interrogée par quelques journalistes à Bruxelles.

La cheffe de la diplomatie européenne a souligné s’être entretenue mercredi avec la première ministre danoise. « Elle m’a assuré que les relations entre le Danemark et les États-Unis étaient bonnes », a-t-elle affirmé.

Paris et Berlin ont vivement condamné les déclarations de M. Trump, mais l’Union européenne s’est montrée jusqu’à présent prudente sur le sujet. Londres a de son côté refusé de « condamner » les propos du futur président américain.

La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a quant à elle assuré jeudi que les États-Unis n’allaient pas « annexer par la force » le Groenland et le canal de Panama, voyant plutôt dans les déclarations de Donald Trump un message destiné à la Chine.

Pour sa part, le Kremlin a assuré jeudi suivre de « très près » la rhétorique « dramatique » du président désigné.

L’Arctique est une zone de nos intérêts nationaux, nous y sommes présents et continuerons de l’être. Nous souhaitons maintenir la paix et la stabilité dans cette région et sommes prêts à interagir avec toutes les parties pour cela.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin

« Nous suivons de très près le développement assez dramatique de la situation qui, Dieu merci, reste jusqu’à présent au niveau des déclarations », a-t-il poursuivi.

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