Des matchs de hockey commentés en inuktitut pour la première fois

Trois parties de hockey de la LNH seront commentées pour la première fois en inuktitut lors de la Soirée du hockey, une façon de susciter de l’intérêt pour cette langue et de la garder vivante.
Pujjuut Kusugak, l’un des commentateurs qui auront l’honneur d’animer ces soirées, dit que c’est un rêve qui devient réalité.
C’est juste une des choses que l’on souhaitait et qui nous faisaient rêver, mais c’est maintenant une réalité qui se profile à l’horizon, dit l’amateur de hockey originaire de Rankin Inlet, au Nunavut.
Pujjuut Kusugak sera accompagné de David Ningeongan, avec qui il a commenté des matchs de hockey aux Jeux olympiques.
Les trois matchs en inuktitut seront diffusés sur les ondes d’APTN les 8 et 22 mars et le 12 avril.
Faire évoluer la langue
Commenter le sport et le hockey en ondes est une façon de montrer que l’inuktitut peut être utilisé pour discuter d’une grande variété de sujets, selon Pujjuut Kusugak.
David et moi, on se dit que notre langue est importante et on espère que des jeunes reprendront le flambeau un jour, car on n’utilise pas notre langue seulement pour converser, mais pour le divertissement, les arts et les sports, ajoute-t-il.
Aborder des thèmes comme le hockey est aussi une façon de faire évoluer une langue qui a été forgée à l’image du territoire et de l’environnement, indique-t-il.
Il y a des mots comme ordinateur, hélicoptère, voitures, toutes ces choses qui n’existaient pas avant, précise-t-il.
« De pouvoir discuter de hockey, ça aide à moderniser, à adapter et à faire évoluer notre langue », explique Pujjuut Kusugak, commentateur de hockey
En langue crie aussi
Le réseau prévoit aussi la diffusion de trois parties commentées en cri des plaines le 18 janvier et les 8 et 22 février.
Ce n’est pas la première fois qu’APTN diffuse le hockey en cri. Earl Wood, de la nation crie Saddle Lake, en Alberta, sera accompagné par l’animateur Clarence Iron et des analystes de sport John Chabot et Jason Chamakese.

Earl Wood dit que c’est un exercice qui permet de se réapproprier la langue.
C’est une façon complètement différente de transmettre l’importance de la langue chez les plus jeunes avec le sport favori au Canada, dit-il.
« Toutes les plateformes que nous pouvons utiliser pour susciter cet intérêt chez les jeunes envers notre langue et notre identité sont une excellente chose », affirme Earl Wood, commentateur de hockey.
Earl Wood dit que, lorsqu’il commente les matchs de hockey, il pense à ceux qui, comme lui, maîtrisaient la langue lorsqu’ils étaient enfants, mais l’ont perdue en grandissant.
Le fait d’aller dans un pensionnat autochtone a changé ma mentalité et la perception que j’avais de moi-même. La langue n’était pas parlée non plus, mentionne-t-il.
Earl Wood dit qu’il a retrouvé sa langue à l’adolescence, non sans efforts, et que le fait de rire de ses erreurs en cours d’apprentissage lui a permis de persévérer.
Pujjuut Kusugak, de son côté, se souvient de ses parents qui les obligeaient, ses frères, ses sœurs et lui, à parler l’inuktitut à la maison.
Je ne pourrai jamais les remercier assez.
Bien qu’il soit honoré de commenter des matchs en inuktitut à la Soirée du hockey sur les ondes d’APTN, il souhaite que, un jour, des commentateurs autochtones seront invités à participer à la diffusion principale de la soirée.
On ne sait jamais, peut-être qu’un jour, on nous demandera à nous, locuteurs en langues autochtones, de venir comme commentateurs ou animateurs invités pour présenter un segment dans notre langue, conclut-il.
Avec les informations de Samantha Schwientek
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