Les dirigeants de l’Union européenne se préparent aux menaces tarifaires de Trump

Après trois années passées à tenter de dissuader la Russie de détruire l’Ukraine, les dirigeants de l’Union européenne (UE) se sont penchés lundi sur les réponses possibles à apporter à un allié majeur qui semble déterminé à déclencher une guerre commerciale, voire à s’emparer d’une partie de leur territoire.
Le premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré qu’il s’agirait d’un « cruel paradoxe si, à l’heure de la menace russe directe et de l’expansion chinoise », l’UE et les États-Unis se retrouvaient dans un « conflit entre alliés ».
Depuis son entrée en fonction à la Maison-Blanche le mois dernier, le président américain Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane sur les importations de l’UE et a refusé d’exclure le recours à la force militaire pour prendre le contrôle du Groenland, un territoire autonome du Danemark, un membre de l’OTAN.
M. Trump a également mystifié les Européens en montrant peu de signes sur la manière dont il entend mettre fin à la guerre en Ukraine en six mois comme promis, et encore moins en un jour, comme il s’en était vanté pendant la campagne électorale l’année dernière.
M. Tusk, dont le pays assure actuellement la présidence de l’UE, a affirmé que les menaces de M. Trump constituaient « un test sérieux » de l’unité européenne « dans un contexte très étrange, car c’est la première fois que nous avons un tel problème entre alliés ».
Nous devons tout faire pour éviter cette guerre tarifaire ou commerciale totalement inutile et stupide, a déclaré M. Tusk à la presse à Bruxelles, où les dirigeants de l’UE se sont réunis pour discuter de l’augmentation et de l’amélioration des dépenses militaires, ainsi que du renforcement de l’industrie de la défense en Europe.
Le président français Emmanuel Macron a dit que l’UE était «une puissance qui tient bon» et que, si elle était frappée par des droits de douane, elle «devrait se faire respecter».
Il a ajouté que les menaces de M. Trump « poussent les Européens à être plus unis et plus actifs pour relever les défis de leur sécurité collective ».
M. Trump a imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens au cours de son premier mandat, et les dirigeants de l’UE ont déjà été en contact avec le premier ministre Justin Trudeau depuis que le Canada a imposé des droits de rétorsion sur les produits américains en réponse à un droit de douane de 25 % prélevé par M. Trump.
Nous avons écouté attentivement les propos de M. Trump et, bien sûr, nous nous préparons également de notre côté, a indiqué Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère de l’UE. Mais, a-t-elle souligné, il n’y a pas de gagnants dans les guerres commerciales. Si les États-Unis déclenchent une guerre commerciale, c’est la Chine qui rira.
Le Groenland n’est pas à vendre
Par ailleurs, la première ministre danoise a insisté lundi sur le fait que le Groenland n’était pas à vendre et a appelé l’UE à réagir fermement si le président Trump mettait à exécution sa menace d’en prendre le contrôle.
Je ne soutiendrai jamais l’idée de combattre des alliés. Mais, bien sûr, si les États-Unis imposent des conditions difficiles à l’Europe, nous avons besoin d’une réponse collective et solide, a lancé la première ministre danoise, Mette Frederiksen.

Le mois dernier, M. Trump a laissé entrevoir la possibilité d’utiliser l’armée américaine pour sécuriser le Groenland, ainsi que le canal de Panama. «Nous avons besoin du Groenland pour des raisons de sécurité nationale», a-t-il soutenu.
Mme Frederiksen a dit qu’elle bénéficiait d’un «grand soutien» de la part de ses partenaires de l’UE sur le fait que «chacun doit respecter la souveraineté de tous les États nationaux dans le monde et que le Groenland fait aujourd’hui partie du Royaume du Danemark. Il fait partie de notre territoire et n’est pas à vendre».
Elle partage toutefois les inquiétudes des États-Unis concernant la sécurité dans la région arctique, où la Russie et la Chine sont de plus en plus actives.
Je suis tout à fait d’accord avec les Américains que la région arctique est de plus en plus importante lorsque nous parlons de défense, de sécurité et de dissuasion, a dit Mme Frederiksen, ajoutant que les États-Unis et le Danemark pourraient avoir des «empreintes plus fortes» au Groenland en matière de sécurité.
« Nous pouvons trouver une solution afin de sécuriser notre partie du monde », a déclaré Mme Frederiksen.
La semaine dernière, son gouvernement a annoncé un accord de près de 2 milliards de dollars avec des parties telles que les gouvernements du Groenland et des îles Féroé pour «améliorer les capacités de surveillance et de maintien de la souveraineté dans la région».
Le ministère danois de la Défense a indiqué que cet accord prévoyait l’acquisition de trois nouveaux navires de guerre pour l’Arctique, de deux drones de surveillance à longue portée supplémentaires et d’une capacité satellitaire.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a souligné que « Trump a raison que nous devons en faire plus collectivement en ce qui concerne le Grand Nord ».
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