Des capteurs biométriques pour freiner les décès en cellules au Nunavik

Une porte de cellule ouverte.
Les cellules des postes sont souvent utilisées pour garder les gens en état d’ébriété, faute de solution de rechange. (Photo d’archives : Radio-Canada/Olivier Plante)

Beaucoup d’espoirs sont fondés sur une nouvelle technologie de capteurs biométriques dont souhaite s’équiper le Service de police du Nunavik (SPN), afin de surveiller les signes vitaux des personnes incarcérées dans des cellules de dégrisements.

Cinq personnes sont décédées d’une intoxication à l’alcool dans les cellules des postes de police du Nunavik depuis 2017.

Le dernier drame en date, survenu à Inukjuak en 2023, a mis en lumière la difficulté pour les policiers de surveiller efficacement l’état de santé des personnes intoxiquées.

C’est très difficile de faire la différence entre quelqu’un qui est endormi par rapport à quelqu’un qui pourrait être inconscient en raison d’un problème de surdose d’alcool, dit le directeur adjoint du Service de police du Nunavik, Jean-François Morin.

Portrait de Jean-François Morin.
Jean-François Morin déplore le fait qu’il n’existe pas d’autres ressources disponibles dans les villages que les cellules. (Photo : Radio-Canada/Félix Lebel)
Face à ce constat alarmant, une solution technologique innovante émerge : les capteurs biométriques. Ces dispositifs, installés discrètement dans les cellules, permettent de surveiller à distance la fréquence cardiaque et respiratoire des détenus.

On regarde une technologie qui est vraiment récente, qui utilise des capteurs à l’intérieur de chaque cellule, puis ça détecte les respirations et les battements cardiaques. Donc, s’il y a une fluctuation, il y a une alerte qui est donnée immédiatement, ajoute Jean-François Morin du SPN.

Le dispositif permettrait donc de réanimer les détenus plus rapidement, comme chaque seconde compte lors d’arrêt cardio-respiratoire.

Une dizaine de cellules ont été équipées de ces capteurs, conçus en Corée du Sud pour les maisons de retraite.

Dans quatre cas différents en seulement huit mois, l’intervention rapide des agents a permis de sauver la vie de détenus qui auraient pu mourir sans cette technologie, témoigne le sergent Pierre Beauchesne, qui a piloté le projet pour la GRC de Regina.

Portrait de Pierre Beauchesne.
Pierre Beauchesne ne tarit pas d’éloges envers cette technologie, qui a permis de sauver plusieurs vies à Regina. (Photo : GRC)

Cette technologie a toutefois certaines limites, concède Pierre Beauchesne. L’appareil peut surveiller l’état de santé d’une seule personne à la fois, ajoute-t-il.

Les résultats positifs de l’équipe de la GRC suscitent malgré tout beaucoup d’espoir au Nunavik.

Sachant qu’il y a une technologie qui permettrait peut-être de sauver des vies, on prévoit d’installer ça dans toutes les cellules de nos postes de police, assure Jean-François Morin.

Bien qu’il s’agit d’une solution encourageante, les capteurs biométriques ne régleront pas le manque criant de ressources sociales au Nunavik, dénonce le SPN.

Il n’existe pour l’instant aucune option aux cellules de dégrisement, qui devient par défaut la solution de dernier recours pour ces personnes vulnérables.

Souvent, il y a des gens qui sont malheureusement détenus dans nos cellules qui ne devraient pas l’être […]. S’il y avait un centre de dégrisement où il y a du personnel médical, de la sécurité, et où les gens pourraient avoir un suivi plus régulier, on pense que ça serait peut-être une des solutions, ajoute Jean-François Morin.

C’est aussi un point de vue que partage le directeur du Centre de guérison Isuarsivik de Kuujjuaq, Etua Snowball.

Ces tragédies sont difficiles pour toutes les personnes touchées, leurs familles, la région, et sont toutes symptomatiques des problèmes auxquels nous sommes confrontés au Nunavik, souligne Etua Snowball.

Ces décès démontrent également qu’il est crucial pour nous de continuer à travailler ensemble au niveau régional pour apporter des changements durables et sûrs, et pour mettre en œuvre des solutions afin de prévenir des situations similaires à l’avenir,conclut-il.

En attendant la mise en place de solutions à long terme, les capteurs biométriques offrent une mesure concrète pour améliorer la sécurité des personnes incarcérées.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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