Opioïdes dans le Grand Nord canadien : des mesures controversées proposées par une Première Nation en état d’urgence

Mayo est une petite communauté de 457 habitants du centre du Yukon et se trouve sur le territoire de la Première Nation Na-Cho Nyäk Dun. (Virginie Ann/CBC)
Dans la foulée d’un double homicide ayant secoué la communauté de Mayo, dans le nord du Yukon, la Première Nation Na-Cho Nyäk Dun a déclaré l’état d’urgence et publié une série de recommandations strictes qui visent à réprimer le trafic de drogue local. Plusieurs de ces recommandations pourraient cependant ne pas être appliquées par la police, prévient la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Dans la déclaration de son état d’urgence sur les opioïdes, publiée mardi, la Première Nation qualifie la crise de « terrifiante » pour la communauté et propose un plan d’action qui inclut notamment des contrôles routiers, des évictions et un plus grand contrôle des gens qui se trouvent sur le territoire.

« Le conseil doit agir maintenant et travailler de concert avec le gouvernement du Yukon, la GRC et le village de Mayo afin de s’attaquer à la crise des opioïdes d’une manière coordonnée et avant qu’un autre citoyen [de Na-Cho Nyäk Dun] perde la vie », peut-on lire dans la résolution.

Parmi les mesures proposées, la Première Nation souhaite évincer les locataires des maisons de la communauté qui s’adonnent à des activités illégales, augmenter la présence policière sur le territoire, obliger les visiteurs à s’enregistrer en arrivant sur le territoire et quitter ce dernier entre 20 h et 7 h.

Des contrôles routiers sur toutes les routes vers Mayo vise à « perturber, interrompre et arrêter la distribution d’opioïdes ». La Première Nation souhaite développer ce plan d’action avec l’aide du gouvernement territorial, la GRC et le village de Mayo.

Craintes d’atteinte aux droits et libertés

La surintendante de la GRC, Lindsay Ellis, assure que la police continue de discuter de la participation de la GRC, sans toutefois appuyer directement les mesures spécifiques proposées. Elle souligne que la police ne peut aller à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés.

« Je dirais qu’il y a beaucoup de jurisprudence qui entoure les contrôles routiers », dit-elle, ajoutant que si les mesures étaient mises en place comme elles sont présentées dans la résolution, « ils violeraient probablement la Charte et nous n’y participerions probablement pas ».

La police n’a d’ailleurs pas encore explicitement lié au trafic de drogues les deux homicides survenus le week-end dernier à Mayo, où deux hommes ont été retrouvés sans vie peu après 5 h. Dans un communiqué, la GRC dit cependant « être consciente de l’impact de l’urgence liée à la consommation de substances sur la communauté ».

Lindsay Ellis a assuré, jeudi matin, que l’enquête se poursuivait toujours, et elle demande à la population de bien vouloir lui transmettre toutes les informations susceptibles de faire avancer l’enquête.

Le premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, évoque la possibilité d’un plan d’action plus fort pour parvenir à éradiquer la crise des opioïdes au territoire. (Vincent Bonnay/Radio-Canada)

Une réunion est prévue lundi matin entre le gouvernement du Yukon, le chef de la Première Nation, Simon Mervyn, le maire de Mayo, Trevor Ellis, ainsi que des représentants de la GRC.

« Nous félicitons la Première Nation Na-Cho Nyäk Dun d’avoir pris cette approche et du leadership qu’elle démontre dans sa communauté », a déclaré le premier ministre Ranj Pillai en Chambre mercredi, rappelant que son gouvernement prévoit augmenter le budget de la GRC.

« Je pense que nous devons adopter une approche importante, peut-être plus incisive dans toutes nos communautés, mais les Yukonnais doivent se serrer les coudes. Ce n’est pas seulement un gouvernement qui parviendra à tout résoudre », a-t-il dit.

Avec des informations d’Elyn Jones et de Joseph Ho

Radio-Canada

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