Le Nunavut propose un budget avec un déficit record

Le ministre des Finances du Nunavut, Lorne Kusugak, a présenté lundi le budget territorial de fonctionnement et d’entretien de son gouvernement pour 2025-2026. Ce budget prévoit un déficit de 124 millions de dollars et des dépenses totales de 2,6 milliards.
Ce budget était le dernier préparé par le gouvernement avant les élections territoriales, prévues le 27 octobre.
« Il sera important de nous assurer que nous menons à bien au moins la plupart, sinon la totalité, des choses que nous voulons accomplir avant la fin des huit prochains mois », a déclaré le ministre des Finances, qui avait enfilé de nouvelles chaussures, comme le veut la tradition.
« Il n’est jamais facile d’essayer d’établir un budget. J’aurais aimé que nous ayons un portefeuille illimité pour accomplir tout ce qui doit être fait […], mais nous devons faire avec ce que nous avons. »

Avant d’être adopté de façon définitive, le budget doit encore faire l’objet d’un débat à l’Assemblée législative, où sont réunis les ministres et les députés jusqu’au 11 mars pour la session d’hiver.
Le déficit prévu de 124 millions est le plus important jamais enregistré au Nunavut, ce que le gouvernement associe à de précédentes dépenses en immobilisations.
Nous avons des infrastructures, des écoles, des centres de santé et des maisons à construire, a affirmé le ministre des Finances.Cela met à rude épreuve notre budget, mais ce sont là quelques-uns des coûts et des nécessités inévitables dans le territoire.
Dans son dernier budget de fonctionnement et d’entretien, le gouvernement avait anticipé un déficit de 21 millions de dollars pour l’année 2024-2025, sur des dépenses totales d’environ 2,5 milliards.
Le ministre Lorne Kusugak a promis que le déficit anticipé n’aura pas d’impact négatif à long terme sur les finances du Nunavut. Nous avons accumulé suffisamment d’excédents au fil des ans pour remédier à certaines de ces situations déficitaires
, a-t-il dit.
Le ministère de la Santé doit recevoir l’enveloppe budgétaire la plus importante, soit 580 millions. Cela correspond à une hausse de 66 millions par rapport au dernier budget.
Cette cagnotte comprend des sommes destinées aux services hospitaliers et médicaux à l’extérieur du territoire (134 M$), à l’amélioration des soins paramédicaux (25,5 M$), au centre de rétablissement Aqqusariaq (15 M$) et aux soins de longue durée (6 M$).
Projets de loi à venir
Hormis le budget de fonctionnement et d’entretien, huit projets de loi sont à l’ordre du jour de la session parlementaire d’hiver. Parmi eux, il y a ceux portant sur des modifications à la Loi sur la société de crédit commercial du Nunavut, à la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée et à la Loi sur le soutien aux étudiants postsecondaires.
La session d’hiver sera également marquée par la visite du sous-vérificateur général du Canada, Andrew Hayes, le 5 mars. Il sera de passage à Iqaluit pour présenter les constatations de son audit de suivi sur les services à l’enfance et à la famille au Nunavut.
Ce dernier vise à déterminer si le ministère territorial des Services à la famille a effectué des progrès depuis le bilan accablant dressé dans un rapport paru en mai 2023.
Contrecoups du climat politique
Le leader parlementaire du gouvernement, David Joanasie, a par ailleurs déclaré que le gouvernement territorial surveillait de près la guerre commerciale qui bat son plein entre les États-Unis et le Canada, puisqu’elle a des effets ricochets sur le Nunavut.
Nous essaierons d’être attentifs à la façon dont nous allons de l’avant, et je travaille avec mes collègues pour garantir que nous minimiserons tout impact négatif potentiel, a-t-il soutenu.
Récemment, le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, s’est joint à la délégation de premiers ministres canadiens qui s’est rendue à Washington pour faire front commun contre les tarifs douaniers américains.

En entrevue jeudi à l’émission The Current de CBC, le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, a réitéré la nécessité pour Ottawa de travailler en partenariat avec les habitants du Nord pour renforcer la sécurité dans la région tout en reflétant leurs besoins et leur vision.
Il place d’ailleurs de nombreux espoirs sur le projet de la route et du port de Grays Bay, qu’il juge bénéfique tant pour le Nunavut que pour le reste du pays. C’est une initiative pilotée par les Inuit qui pourrait être une première occasion de connecter le Nord et le Sud
, a-t-il affirmé.
Ce projet vise à débloquer l’accès aux minéraux critiques et au passage du Nord-Ouest, en construisant une route permanente de 230 km qui relierait l’océan Arctique à l’extrémité nord de la route de glace Tibbit, à Contwoyto, une route au nord de Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest.
Les investissements dans le Nord ont été négligés et je pense que nous sommes à un moment de notre histoire qui est très important, a poursuivi le premier ministre.Il faut réaliser les investissements partout au pays, mais particulièrement dans le Nord.
Avec des informations de Matt Galloway et de Mah Noor Mubarik
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