Ottawa s’excuse pour la réinstallation forcée d’Inuit à Dundas Harbour, au Nunavut

Photo d'archives avec des femmes et des enfants sur un bateau entouré de glaces.
Plusieurs familles inuit, comme celle-ci en 1945, ont été transportées de force par le gouvernement fédéral vers Dundas Harbour à bord du navire RMS Nascopie. Photo : Bibliothèque et Archives Canada

Le gouvernement fédéral présente jeudi des excuses officielles à des Inuit du Nunavut affectés par la réinstallation forcée de familles à Dundas Harbour, sur l’île Devon, entre les années 1934 et 1948.

Le ministre des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, Gary Anandasangaree, doit prendre part à une cérémonie à Arctic Bay. L’événement est organisé au centre communautaire en présence de membres de la communauté et de descendants des victimes.

Ce sera un […] un grand soulagement, une célébration, pour beaucoup de gens… quelque chose qui est attendu depuis très longtemps, affirme Lucy Qavavauq. Cette dernière fait partie de la Dundas Harbour Relocation Society, un regroupement qui plaide depuis plusieurs années pour obtenir des excuses officielles.

Deux femmes assises à une table avec des notes papier discutent le 26 février 2025.
Karie Bell (à gauche), de la firme légale Cooper Regel LLP, s’entretient avec Lucy Qavavauq, de la Dundas Harbour Relocation Society, en préparation à la cérémonie d’excuses officielles. Photo : Radio-Canada / Juanita Taylor

Les réinstallations de Dundas Harbour figurent parmi les premiers exemples de déplacements forcés d’Inuit mis en œuvre par le gouvernement fédéral.

Elles ont précédé la réinstallation de familles inuit de Port Harrison (aujourd’hui Inukjuak, au Nunavik) et de Pond Inlet dans l’Extrême-Arctique, en 1953 et en 1955.

En août 1934, 52 Inuit et 109 chiens de plusieurs collectivités de l’île de Baffin – Kinngait, Pangnirtung et Pond Inlet – ont été contraints de monter à bord du navire R.M.S. Nascopie qui les a menés à Dundas Harbour, où se trouvait un détachement abandonné de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), selon la Commission de vérité du Qikiqtani, qui s’est penchée sur ces événements

Un employé de longue date de la Compagnie de la Baie d’Hudson s’y est également rendu pour y exploiter un poste de traite.

Dans un rapport paru en 2013, la Commission a qualifié de complexes les raisons qui ont poussé Ottawa à mettre en branle sa politique de réinstallation.

La réouverture de Dundas Harbour a servi à réaffirmer la souveraineté [Canadienne dans l’Arctique] à peu de frais, voire aucuns, en plus de déplacer des Inuit vers une zone non peuplée depuis des endroits plus au Sud où il y avait trop de chasseurs, peut-on lire dans son enquête (en anglais (Nouvelle fenêtre)).

Photo d'archives prise en 1944 montrant des femmes et des enfants avec des bâtiments en arrière-plan.
Les familles déplacées vers Dundas Harbour venaient de plusieurs villages différents, comme Kinngait (anciennement Cape Dorset), Pangnirtung et Pond Inlet. Photo : Bibliothèque et Archives Canada

Deux ans plus tard, le poste de traite de Dundas Harbour a été abandonné. Certaines familles inuit ont été ramenées à Pangnirtung, tandis que d’autres ont été de nouveau déplacées à plusieurs reprises au fil des ans, notamment à Arctic Bay.

Même si elle se réjouit des excuses officielles, Lucy Qavavauq affirme qu’elle aurait souhaité qu’elles se produisent plus tôt.

Il aurait été formidable – idéal, même – que les aînés qui ont fait l’expérience [de cette réinstallation forcée] puissent être témoins de ces excuses, soutient-elle.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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