Jeunes maltraités en foyers d’accueil : le gouvernement du territoire nordique du Yukon fait son mea-culpa

La ministre de la Santé et des Services sociaux, Pauline Frost, a soutenu en conférence de presse que les incidents dans les foyers de groupe sont survenus dans un « moment de chaos et de solutions à court terme ». (Kiyoshi Maguire/Radio-Canada)
La ministre de la Santé et des Services sociaux du Yukon (nord-ouest du Canada), Pauline Frost, a offert des excuses formelles au nom du territoire dans la foulée de la publication d’un rapport indépendant sur des allégations d’abus contre les jeunes sous la tutelle du territoire dans les foyers de groupe.

Le rapport, commandé par le gouvernement, confirme certaines allégations faites dans une enquête de CBC, selon lesquelles des jeunes sous la tutelle de l’État se sont vu interdire l’entrée dans leur foyer d’accueil en plein hiver ou encore ont été évincés de leur foyer à la dernière minute, sans solution de rechange, pour laisser la place à d’autres.

« À ces jeunes qui ont été maltraités, j’offre mes excuses. Le gouvernement du Yukon était responsable d’eux et les a laissés tomber. »
Pauline Frost, ministre de la Santé et des Services sociaux

La ministre prend également la responsabilité de la mauvaise gestion de ces incidents par ses fonctionnaires qui, pour la plupart, dit-elle, ne travaillent plus au sein de la fonction publique, ayant quitté l’employeur pour diverses raisons.

« Ces incidents sont survenus à un point de rupture d’un système qui est défectueux depuis des décennies. »

La ministre explique qu’en 2016 le nombre d’enfants nécessitant une place excédait la capacité d’accueil des foyers de groupe.

Six recommandations
Le rapport indépendant sur les mauvais traitements dans les foyers de groupe du Yukon confirme deux des six cas allégués. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

L’auteure du rapport, l’avocate de Colombie-Britannique en droit du travail Pamela Costenzo, corrobore donc deux des six incidents allégués par des jeunes sous la garde de l’État au cours des deux dernières années. Les quatre autres incidents allégués ont été déclarés non fondés.

Mme Costenzo affirme, par ailleurs, ne pas avoir trouvé de preuves que les fonctionnaires aient de façon délibérée tenté de cacher ou de camoufler les faits. Par contre, elle affirme que, dans un des cas, ni la loi sur les Services à l’enfance et à la famille du Yukon ni les politiques internes du ministère n’ont été respectées.

Le rapport propose six recommandations pour le ministère de la Santé et des Services sociaux :

  • obtenir un avis juridique et envisager des excuses publiques pour mauvais traitements envers un jeune
  • réviser un des incidents fondés pour définir les problèmes systémiques qui pourraient exister
  • offrir de la formation aux travailleurs pour mieux comprendre le processus de plainte et l’obligation d’informer les jeunes de leurs droits
  • chercher à obtenir réconciliation et réparation auprès d’un jeune en documentant ce que la personne a vécu
  • modifier la façon dont le dossier concernant un jeune est archivé
  • modifier la structure de signalement pour clarifier l’autorité

Le gouvernement affirme que toutes ces recommandations ont été mises en oeuvre ainsi que d’autres modifications dans les services pour tenter de diminuer le nombre de jeunes sous la responsabilité du gouvernement.

« L’époque des foyers de groupe surpeuplés est terminée »

Plus de 70 % des enfants étant sous la garde du gouvernement sont Autochtones, dit la ministre Pauline Frost, les solutions doivent être trouvées en partenariat avec les Premières Nations.

« Pendant longtemps, les gouvernements coloniaux ont cru que la meilleure approche était de retirer l’enfant et de le placer aux soins d’un centre d’accueil. Au contraire, l’approche des Autochtones a toujours été de prendre soin des enfants selon des arrangements dans la famille élargie. »

Pauline Frost, ministre de la Santé et des Services sociaux

Depuis novembre 2017, ajoute-t-elle, les membres de familles élargies qui prennent soin d’enfants sous la garde de l’État reçoivent une compensation financière au même niveau que les familles d’accueil.

Un nouveau foyer de groupe doit offrir aux jeunes adultes un hébergement semi-indépendant pour leur permettre une transition hors du système. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Un foyer de groupe pour assurer la transition vers l’âge adulte a par ailleurs été acquis pour permettre au Ministère de remplir ses obligations jusqu’à ce que les jeunes atteignent l’âge de 24 ans. Ses hauts fonctionnaires affirment tenter de trouver une solution pour les jeunes adultes dans les collectivités.

Le Yukon a actuellement la tutelle de 102 enfants, comparativement à 181 enfants, en avril 2016. D’autre part, 80 enfants sont actuellement pris en charge par des membres de familles élargies, selon une entente avec le territoire.

Radio-Canada

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