Ottawa prolonge d’un an un programme pour les enfants inuit

Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, a annoncé samedi le renouvellement du financement de l’Initiative : Les enfants d’abord, à quelques jours de l’échéance qu’attendaient avec inquiétude les communautés inuit du pays.
Ce programme national, qui garantit aux enfants inuit un accès aux services sociaux et de santé sans qu’ils aient à quitter leur communauté, sera financé pour une autre année, a annoncé M. Anandasangaree. Le financement devait prendre fin le 31 mars, et certains craignaient qu’il ne soit pas renouvelé en raison de la prorogation du Parlement.
Nous voulions nous assurer qu’il n’y ait pas de bris de service, a soutenu le ministre lors d’une cérémonie visant à souligner la signature d’un contrat de mise en œuvre de l’Accord du Nunavut.
Il s’agit là d’une des choses très importantes que le premier ministre règle avant de quitter ses fonctions demain
, a-t-il ajouté.
Il était accompagné du premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, et de Jeremy Tunraluk, le président de la Nunavut Tunngavik Incorporated, qui veille à faire respecter l’Accord.
Dans un communiqué publié après l’annonce, cette organisation a remercié le gouvernement fédéral d’avoir prolongé le programme et déclaré qu’elle souhaitait que les Inuit jouent un rôle dans la conception d’une version à plus long terme de l’initiative.
M. Anandasangaree a souligné que des efforts supplémentaires devront être déployés pour assurer le financement du programme au-delà du renouvellement d’un an.
Lors du lancement du programme, Ottawa s’était engagé à verser 220 millions de dollars. Il avait ensuite réinjecté 167,5 millions pour deux années supplémentaires.
Si le financement a été renouvelé, les critères d’admissibilité, eux, ont récemment été resserrés par Ottawa, comme pour les demandes en vertu du principe de Jordan, qui ont sensiblement la même fonction que l’initiative, mais pour les enfants des Premières Nations.
Qu’est-ce que le principe de Jordan?
Ottawa a adopté en 2016 le principe de Jordan dans le but d’indemniser les familles admissibles des Premières Nations pour les services de santé et les services thérapeutiques que reçoivent leurs enfants.
Le principe de Jordan découle d’une plainte pour atteinte aux droits de la personne déposée par l’Assemblée des Premières Nations et la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations en 2007. Ces organisations ont fait valoir que les enfants autochtones ne pouvaient accéder à des services équivalents à ceux offerts aux autres enfants en raison de conflits de compétence constants entre les gouvernements fédéral et provinciaux.
Plus tôt cette année, Ottawa a décidé de ne plus approuver les demandes en vertu du principe de Jordan pour des rénovations domiciliaires, des événements sportifs, des voyages à l’étranger, des mesures de soutien non médical ou des requêtes liées à l’école.
Le ministère des Services aux Autochtones a confirmé à Radio-Canada que ce serait aussi le cas de l’Initiative : Les enfants d’abord. Au moment de l’annonce, M. Anandasangaree a refusé de commenter cette situation.
Ces changements surviennent près d’un an après que le gouvernement fédéral a déploré devant le Tribunal canadien des droits de la personne que les demandes de financement en vertu du principe de Jordan incluent parfois des dépenses pour des choses non urgentes, comme des consoles de jeux vidéo, des séances de photos pour des agences de mannequins ou des vélos.
D’après un texte de Sarah Krymalowski, de CBC News
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