De l’eau contaminée de la mine Eagle a atteint une zone humide

Un grand trou couvert d'une bâche en hiver.
Une fuite a été détectée en décembre dans l’un des bassins de rétention de la mine Eagle. Photo : PriceWaterhouseCoopers

L’eau qui s’échappe de la fuite, détectée pour la première fois en décembre dans l’un des bassins de rétention de la mine Eagle, au centre du Yukon, s’est infiltrée dans le sol et a commencé à refaire surface dans une zone humide située à proximité.

Lors d’une visite du site effectuée en janvier, un inspecteur du ministère des Ressources naturelles a remarqué que l’eau refaisait surface. Son rapport, publié le 19 mars, indique que la fuite, détectée, continuait toujours.

En février, le gouvernement avait annoncé une augmentation des niveaux de cyanure, de cobalt de cuivre et de nitrite dans le ruisseau Haggart, pointant vers l’idée que l’eau contaminée provenant de la fuite avait atteint le cours d’eau.

Ce nouveau rapport souligne maintenant que l’eau aurait également infiltré le sol et refait surface dans une «zone humide de basse altitude », à environ 200 mètres de là. Les échantillons d’eau recueillie sur place semblent toutefois propres.

Le rapport indique également que l’usine pour traiter les eaux contaminées au cyanure fonctionne avec succès depuis le 8 janvier. Le cuivre, qui est utilisé pour traiter le cyanure, était cependant présent en grande quantité, et les poissons utilisés pour tester l’eau traitée n’ont pas survécu plus de quatre jours.

Le porte-parole du ministère de l’Énergie, des Mines et des Ressources naturelles, John Thompson, explique dans un courriel que le bassin est utilisé pour entreposer l’eau contaminée ainsi que l’eau traitée, ajoutant que les mouvements de l’eau souterraine peuvent expliquer pourquoi la qualité de l’eau présente dans le cours d’eau et dans la zone humide est aussi différente.

L’eau souterraine bouge dans des directions différentes à des profondeurs différentes. Cela influence là où elle refait surface, et c’est pour cela qu’elle peut avoir un impact sur un endroit et non un autre, souligne-t-il.

En parallèle, l’Office des eaux du Yukon a approuvé une modification d’urgence pour permettre au séquestre, PricewaterhouseCoopers, de déverser de l’eau traitée qui ne répond pas entièrement aux exigences environnementales.

Ce déversement contrôlé, permis jusqu’au 31 mars, vise à libérer de l’espace dans les bassins afin d’accueillir l’eau qui proviendra de la fonte des neiges.

Cette modification coïncide cependant avec la migration de l’ombre arctique, qui nage vers le ruisseau Haggart et la rivière McQuesten Sud. Au printemps, l’endroit est un lieu de pêche très prisé depuis des générations par la Première Nation Na-Cho Nyäk Dun.

Ruisseau qui coule entouré d'arbres et de buissons, le 3 juillet 2024, près de Mayo, au Yukon.
Le ruisseau Haggart, situé à une vingtaine de kilomètres de Mayo. Les membres de la Première Nation y pêchent l’omble arctique. Photo : Radio-Canada / Camille Vernet

L’Office des eaux du Yukon comprend que l’ombre arctique qui se trouve dans cette région est une population principalement adulte et qu’elle est plus résistante que les juvéniles aux concentrations de cuivre qu’on peut retrouver dans l’eau, peut-on lire dans le document modifié.

En tenant compte de la courte période durant laquelle le déversement contrôlé est permis, l’Office affirme :  Les effets sur l’ombre arctique devraient être minimaux. 

Le biologiste Mark O’Donoghue, de la Première Nation Na-Cho Nyäk Dun, souligne que cette dernière a accepté cette modification à contrecœur, affirmant qu’il s’agissait du moins mauvais des deux choix.

Personne ne souhaite voir ça. […] Le fait d’attendre que l’eau soit parfaitement traitée augmente vraiment le risque d’un déversement incontrôlable d’eau contaminée au cyanure, ce qui serait catastrophique, dit-il.

Selon lui, jusqu’à 40 personnes pêcheront sur la glace à cette période de l’année, mais avec tout ce qui s’est passé avec la mine Eagle, pour plusieurs, ce n’est plus possible.

Nous avons déjà des gens dans la communauté qui disent que, pour eux, cette région est partie. Elle est empoisonnée. Ils n’auraient pas confiance dans ce qu’on peut attraper là-bas. C’est une vraie tragédie, déplore-t-il.

Avec les informations de Jackie Hong et de Julien Greene

À lire aussi : 

Radio-Canada

RCI c'est le service multilingue de CBC/Radio-Canada qui permet de découvrir et surtout de comprendre et de mettre en perspective la réalité de la société canadienne, ses valeurs démocratiques et culturelles.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *